La réceptionniste contredit Martin Dumont en partie

La Presse Canadienne
2013-01-21 13:00:00
Interrogé une seconde fois devant la Commission Charbonneau, M. Dumont a été invité à expliquer les contradictions entre son premier témoignage des 29, 30 et 31 octobre derniers devant la commission et celui de Mme Pion lundi matin.
Mme Pion a confirmé que l'ancien responsable du financement d'Union Montréal, Bernard Trépanier, lui avait demandé de compter de l'argent, de séparer des billets de 20 $ et de 50 $, ce qu'elle a refusé de faire, puisqu'elle avait été embauchée comme réceptionniste.

Mme Pion a cependant soutenu qu'elle ne s'est jamais plainte à M. Dumont du fait que M. Trépanier lui avait demandé de compter de l'argent, comme celui-ci l'avait affirmé devant la commission.
M. Dumont avait soutenu qu'elle lui avait même demandé d'aller dans un café en face de la permanence du parti pour lui faire part de son malaise et qu'elle lui avait demandé de dire à M. Trépanier de cesser de lui faire compter de l'argent.
Lundi, M. Dumont n'était plus aussi certain que ce soit Mme Pion qui lui ait fait part de son malaise devant le fait que M. Trépanier lui ait demandé de compter de l'argent. "J'ai nommé ce nom-là, mais je n'aurais pas dû le nommer, parce que ce n'était pas sûr à cent pour cent", a-t-il laissé tomber, devant l'insistance du procureur de la commission, Me Denis Gallant.
Il a évoqué deux noms d'autres collègues de travail de Mme Pion, dont l'une est aujourd'hui son épouse. "Le doute s'est installé" dans son esprit, a-t-il dit, après qu'il en ait parlé à sa femme en octobre dernier. Il a admis qu'il a pu "mélanger deux histoires" et qu'il lui est arrivé d'aller prendre un café avec d'autres collègues du bureau.
Ému, la gorge nouée, M. Dumont a plaidé la bonne foi. "J'ai voulu répondre au meilleur de ma connaissance", a-t-il rétorqué au procureur de la commission.
"On me demande qui (m'a dit ça), là je n'en ai aucune idée", a-t-il fini par laisser tomber.
Mme Pion a tout de même admis avoir parlé de la demande de décompte d'argent à une amie du bureau et à des membres de son entourage.
Mais Mme Pion assure n'avoir jamais évoqué une somme de 850 000 $, comme l'a affirmé M. Dumont.
Ces contradictions entre le premier témoignage de M. Dumont et celui de Mme Pion ont fait grincer des dents Me Gallant. "Je vous suggère que toute cette histoire-là est fausse", a dit l'avocat au témoin Dumont. Mais celui-ci a répliqué avoir répondu "au meilleur de mon souvenir".
Me Gallant a laissé entendre que les deux premières fois que M. Dumont a été interrogé par les enquêteurs de la commission, il avait donné une version différente des événements, et la troisième fois aussi. Au moment de l'ajournement des audiences pour le lunch, il a annoncé qu'il voulait en faire la démonstration.
Par ailleurs, Mme Pion a confirmé l'existence d'un coffre-fort dans le bureau de M. Trépanier et d'un second coffre-fort dans le bureau d'un comptable du parti. M. Dumont avait témoigné du fait que M. Trépanier avait même dû acheter un second coffre-fort, plus gros, parce que le premier ne fermait plus, tant l'argent débordait.
Elle n'a pu être précise quant aux dimensions de ces coffres-forts, sept ans plus tard. Elle n'a pu non plus dire si le coffre-fort avait été changé ou si une machine à compter de l'argent avait dû être achetée _ ce qu'avait soutenu M. Dumont.
Quant à la présence d'entrepreneurs en construction ou de représentants de firmes de génie-conseil à la permanence du parti, Mme Pion n'a pu non plus confirmer ou infirmer les dires de M. Dumont, expliquant que ces visiteurs ne lui disaient pas nécessairement leur métier.