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La situation en Afghanistan vue par les juristes

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Audrey Bonaque

2021-08-25 12:00:00

Plusieurs associations juridiques ont réagi à la suite de la situation conflictuelle en Afghanistan et le sort de ses habitants…
Mes Bradley D. Regehr, Catherine Claveau et Stéphanie Valois. Photos : LinkedIn et site web du Barreau du Québec
Mes Bradley D. Regehr, Catherine Claveau et Stéphanie Valois. Photos : LinkedIn et site web du Barreau du Québec
L’Association du Barreau Canadien (ABC) est la première association juridique canadienne à réagir face à la situation en Afghanistan avec la prise du pouvoir par les talibans.

Me Bradley D. Regehr, président de l’ABC, se dit préoccupé par la « détérioration rapide de la situation ». Il souligne son appui envers toute la population afghane et particulièrement les femmes, filles et membres de la communauté LGBTIQ + dont les droits sont en danger.

« L’ABC craint que les femmes juges et les avocates en droits de la personne soient en danger en raison de leur genre et de la nature de leur travail. Les juges peuvent être ciblées à cause de leurs décisions passées alors que les criminels qu’elles avaient condamnés à la prison sont libérés.

Nous exhortons le gouvernement canadien à agir immédiatement pour évacuer les Afghans vulnérables, incluant les femmes leaders, les juges et celles et ceux qui défendent les droits humains. Bien que nous accueillions l’annonce récente du rapatriement de quelque 20 000 réfugiées et réfugiés Afghans, une action plus rapide est nécessaire » est-il écrit dans la déclaration publiée le 17 août dernier.

Le Barreau du Québec soutient ces propos et continue à suivre l’évolution des événements avec attention.

« En tant que femme, autant qu’à titre de bâtonnière du Québec, je partage les préoccupations de l’Association du Barreau canadien concernant le sort incertain des magistrates et des avocates de ce pays ainsi que celui de l’ensemble des citoyens. Nous sommes de tout cœur avec la population afghane qui vit actuellement beaucoup d’inquiétude et de désarroi. » a déclaré Me Catherine Claveau, la bâtonnière du Québec.

De même du côté de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration, les avocats sont prêts à recevoir les dossiers mais n’ont pas reçu de formulaires spécifiques. Ils sont en attente ainsi plus de détails concernant les directives gouvernementales.

« On salue l'initiative du gouvernement d'accueillir plus de 20 000 réfugiés afghans. On comprend que la situation en Afghanistan est vraiment dramatique qu’il y a plusieurs groupes vulnérables qui risquent ou qui sont déjà en danger comme les femmes en général, les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes, les juristes, les juges et les membres de la communauté LBGTQ+. On demande au gouvernement d'agir rapidement parce qu'on voit qu'il y a une « fenêtre d’opportunité » pour quitter le pays qui semble se rétrécir de jour en jour », précise Me Stéphanie Valois, présidente de l’AQAADI.

Selon la présidente de l’AQAADI, le gouvernement a déjà émis des mesures pour faire quitter le plus rapidement possible les personnes qui ont travaillé avec les autorités canadiennes ou qui sont déjà en attente d'une décision dans leur dossier de parrainage ou de résidente permanente à titre de personne protégée.

« Quitte à ce que l'étude du dossier se fasse au Canada. Le Canada a le pouvoir d'émettre des permis de séjour temporaires et ça serait une solution. On demande l'émission d'un permis de séjour temporaire pour les faire sortir du pays et finaliser leur dossier une fois arrivées au Canada », explique-t-elle.

Habituellement, les demandes de parrainages ou de résidence à titre de réfugié sont longues à monter et à traiter. En effet, les demandeurs doivent détenir un passeport valide et démontrer qu’ils n’ont pas de casiers judiciaires. Ce qui rendra la tâche plus difficile pour les afghans.

« En temps normal, ces dossiers peuvent prendre déjà des années. Mais dans les circonstances qu'on connaît maintenant, on peut comprendre que ça devient vraiment difficile et peut-être même voire impossible pour ces personnes d'obtenir ces documents. (...) Une fois que les personnes seront au Canada, cela va peut-être être plus facile de soumettre des demandes et ils seront en sécurité. », souligne Me Valois.

Voyant l’urgence de la situation en Afghanistan, l’AQAADI se dit « préoccupé » concernant les délais de traitement des demandes.

« Cette question nous préoccupe particulièrement en Afghanistan. Parce que qu’il y a une certaine crainte et des rumeurs que si tous les étrangers quittent les frontières, celles-ci pourraient se fermer et cela va compliquer le départ des personnes ciblées. Je ne veux pas l'annoncer mais il serait peut-être même trop tard pour eux », prévient la présidente de l’AQAADI.

Du côté du Barreau de Montréal, l’association n’a pas souhaité faire de commentaires.
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