L’ancien ministre libéral fédéral Marc Lalonde est décédé
Radio -canada
2023-05-10 10:15:00
« De toute évidence, mon père avait beaucoup de respect pour lui et, quand j'ai vieilli un peu et j'ai appris à le connaître, c'était la même chose pour moi », a témoigné le premier ministre Justin Trudeau dimanche soir sur Twitter.
« Et je sais que bien des gens au pays avaient le même sentiment, parce qu’on ne saurait trop insister sur l’influence que Marc a eue sur le Canada », a-t-il ajouté, tout en soulignant son « vaste » héritage.
Avocat de formation, Marc Lalonde a été directeur de cabinet de Pierre Elliott Trudeau de 1968 à 1972. Il a été pendant ces années l'homme de main du premier ministre, imposant la discipline et décidant qui avait accès ou non au chef libéral.
Il a été aux premières loges de la réponse d'Ottawa à la crise d'Octobre en 1970, lors de laquelle le gouvernement Trudeau a déployé l'armée dans les rues de Montréal et décrété les mesures de guerre. Il assurait alors la liaison avec le gouvernement québécois de Robert Bourassa.
Marc Lalonde s’est lancé en politique en vue des élections fédérales de 1972 en briguant la circonscription d’Outremont sous la bannière libérale. Élu député, il est resté en poste jusqu’en 1984.
S'il n'hésitait pas à affronter Trudeau lorsqu'il divergeait d'opinion, ce francophone originaire de L'Île-Perrot a toujours été au diapason de son chef sur la façon de voir le Québec au sein de la fédération canadienne.
Postes clés
Tout au long du règne de Trudeau père, Marc Lalonde sera un ami du premier ministre et un bras droit essentiel. Il se verra ainsi confier plusieurs portefeuilles importants.
Après son entrée à la Chambre des communes en 1972, il devient ministre de la Santé, un poste qu'il conservera jusqu'en 1977. À l'arrivée du gouvernement de René Lévesque à Québec, Pierre Elliott Trudeau le charge aussi des Relations fédérales-provinciales.
En 1978, il hérite du portefeuille de la Justice. En parallèle, le ministre continue à exercer son influence sur le caucus libéral québécois afin de faire taire ceux qui voudraient remettre en question le leadership du chef.
En 1980, alors qu'il est ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources, Marc Lalonde est le maître d'œuvre du Programme énergétique national, qui vise à l'autosuffisance pétrolière et gazière. Le train de mesures prévues suscite une importante levée de boucliers en Alberta, où le prix des redevances du pétrole s’effondre.
Le programme a été démantelé en 1985.
En 1982, Marc Lalonde prend les rênes du ministère des Finances. Il sera à cette époque un témoin privilégié du rapatriement de la Constitution canadienne, qui se fait sans le Québec.
En 1984, lorsque le premier ministre Trudeau annonce son départ de la vie politique, rares sont ceux qui croient que M. Lalonde restera à Ottawa. Au moment où John Turner est choisi par les militants libéraux pour devenir le prochain chef, il ne fait plus aucun doute que le poids de Marc Lalonde s'est rétréci comme peau de chagrin.
Toujours ministre des Finances, il se lance sans le cacher dans une campagne pour obtenir le poste de secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Il échoue, ce qui sera pour lui une défaite publique au goût amer.
Marc Lalonde quitte la politique en 1984, ayant choisi de ne pas briguer un nouveau mandat. Il retourne alors à la pratique du droit, notamment comme associé au sein du cabinet Stikeman Elliott.
En 1989, il a été admis comme membre de l’Ordre du Canada. Il a également été juge ad hoc à la Cour internationale de justice dans les années 1990.
En 2005, il effectue un retour sur la scène politique. Il accepte alors de coprésider la campagne électorale des libéraux du premier ministre Paul Martin, au Québec.
Il est de nouveau propulsé dans l'actualité en 2008, en lien avec l'affaire des versements de milliers de dollars du marchand d'armes Karlheinz Schreiber à l'ancien premier ministre Brian Mulroney. M. Lalonde avait agi comme avocat et lobbyiste pour le projet de M. Schreiber.
Une carrière saluée par ses successeurs
L'annonce de son décès dimanche a suscité plusieurs réactions dans la classe politique canadienne.
« M. Lalonde a consacré sa vie à améliorer la vie des Canadiens en défendant les droits des minorités et renforçant notre système de santé public », a commenté le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, offrant ses condoléances à la famille du défunt. « Merci pour tout ce que vous avez fait pour notre pays. »
« Un des meilleurs députés d’Outremont, un des meilleurs ministres de la Justice et avocats en droit international (…) Merci cher Marc Lalonde pour tout ce que tu as fait pour notre communauté et notre pays », a écrit pour sa part, dans un gazouillis, l'actuelle députée fédérale d'Outremont, Rachel Bendayan.
« Marc Lalonde nous a quittés. Il incarnait la parfaite définition du lieutenant politique dans un gouvernement », a souligné l'ancien ministre fédéral libéral et ex-maire de Montréal, Denis Coderre.
« Marc Lalonde était un leader de haute qualité avec une vision d’équité pour tous les citoyens. Il était un modèle d’un gentilhomme politique », a témoigné quant à elle l'ex-ministre Sheila Copps, qui a été députée libérale de 1984 à 2004.