L’avocat de Magnotta : qui est-il ?

Céline Gobert
2012-06-20 15:00:00

Pour le moment, Magnotta fait face à cinq chefs d'accusation, dont ceux de meurtre prémédité et de publication de matériel obscène.
À l’ouverture du procès, Me Panaccio parlait pour lui. Il a affirmé que son client renonçait à la lecture de ses accusations et plaidait non coupable.
Deux solutions
Dans ce type de causes, l’avocat criminaliste se retrouve face à plusieurs questions, explique Me Richard Dubé, avocat criminaliste chevronné qui a occupé en défense dans plusieurs procès pour meurtres, fraudes, trafics de stupéfiants et autres crimes graves.

« Et cela, quel que soit l’accusé », ajoute-t-il.
Dans un contexte tel que l’affaire Magnotta, il semble qu’il y ait deux solutions, selon lui, la première étant de plaider l’intoxication par drogues, la seconde étant la défense de folie.
« Tout est possible, même dans ces contextes », dit-il. L’affaire Turcotte d’ailleurs en est une parfaite illustration.
Dossier médiatisé
Ce n’est pas la première fois que Me Panaccio se trouve impliqué dans de gros dossiers médiatisés.

Lui, y représentait le directeur général adjoint, Serge Beugré.
D’ordinaire, il défend les acteurs du crime organisé.
On se souvient aussi du procès des membres des Hells Angels, en 2004.
« C’est un avocat que l’on a surtout vu régulièrement dans des dossiers de motards, au point où il avait la réputation d'être un peu trop près de certains clients », écrit La Presse.
En outre, il a été obligé de se retirer d'un super procès en 2010 pour ces raisons-là, apprend-t-on.
« Je connais très bien Me Panaccio, dit Me Richard Dubé, c’est un avocat qui défend ses clients avec beaucoup d’intensité. »
Face à lui
Les deux procureurs de la Couronne au dossier, Louis Bouthillier et Hélène Di Salvo seront chargés d’étudier la preuve du meurtre de l’étudiant chinois Jun Lin, soit une vidéo où l’on y voit les agissements du tueur.
Ces deux habitués de procès de meurtres en Cour supérieure désirent se montrer présents pour soutenir la famille de la victime.
« Nous ferons de notre mieux pour les rassurer », ont-ils déclaré, bien conscients que le fait de ne pas avoir encore trouvé la tête du cadavre de l’étudiant n’aidait pas au processus de deuil.
En 2001, Me Di Salvo avait poursuivi avec succès l'ancien champion du monde de boxe Dave Hilton pour violences répétées à l’encontre de ses filles.

En 2009, il s’agira du cas du boucher Michel Côté, qui, à l’aide d’une amie toxicomane, a infligé 57 coups de marteau à un trafiquant de drogue avant de démembrer son corps pour le jeter dans des sacs à ordures.
Autant dire qu’elle n’est pas une débutante côté sordide.
La part de glauque
À ses côtés, on trouve Louis Bouthillier, avec ses quinze années d’expérience avec la couronne.
Lui aussi est un procureur chevronné qui a eu sa part de glauque.
En 2009, l’affaire Ellis. Une cinquantaine de membres d’un gang de rue poignarde un jeune homme.
Me Bouthillier connaît une certaine controverse par ailleurs, accusé d’avoir cherché à gagner du temps pour permettre à des agents d’infiltration de piéger le témoin au centre de détention, alors que son contre-interrogatoire n’était pas commencé.
La défense avait ensuite exigé la suspension définitive des procédures.
Le Juge Sophie Bourque leur avait alors donné raison.
« La poursuite, écrit-elle, a utilisé une preuve alors qu’elle a en sa possession de l’information la contredisant ou à tout le moins qui en affecte fortement la valeur probante, preuve qu’elle savait, au moment de son utilisation, ne pouvoir divulguer à la Défense en raison du privilège de l’informateur.»
En 2010, il y a eu l’affaire ''R.'' c. ''Rondeau'' où Estelle Lauzon, avait trouvé la mort après avoir reçu plusieurs coups à la tête, au cou et au thorax, portés par l’accusé Martin Rondeau.
Me Louis Bouthillier, procureur de la couronne, avait porté des accusations de meurtre contre ce dernier, finalement reconnu non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.
La même année, autre affaire de meurtre, où la dispute d’un couple homosexuel qui tourne mal se termine par la mort de l’un des deux hommes. Son meurtrier a caché le corps dans une valise.
En 2011, il déclare : « on est très content que Jérémy ait été vengé cet après-midi», suite à la condamnation de Stéphanie Meunier reconnue coupable du meurtre barbare d’un petit garçon de 4 ans.»
Tous, en 2012, se retrouvent face à un cas qui mêle meurtre de sang-froid, cannibalisme et nécrophilie.
Il leur faudra avoir le cœur bien accroché.