L’avocat qui veut œuvrer à la décolonisation du droit
Radio -Canada
2021-06-23 12:00:00
Alexis Wawanoloath a prêté serment mercredi pour officiellement accéder au titre d’avocat. Il rejoint le cabinet Neashish et Champoux, où il a effectué son stage.
« Mon patron m’a dit que mon militantisme amène une certaine énergie et une certaine perspective dans les dossiers. Et mon cabinet est bien au fait qu’il embauche un militant », précise Alexis Wawanoloath en entrevue.
Fils de l’artiste multidisciplinaire Christine Sioui Wawanoloath, l’homme de 39 ans possède une feuille de route bien garnie en engagement communautaire.
Avant de devenir, en 2007, le premier Autochtone à siéger à l’Assemblée nationale du Québec depuis l’obtention du droit de vote par les Premières Nations en 1969, il a notamment été élu président du Conseil des jeunes autochtones de l’Association nationale des centres d’amitié.
Mais la « politique n’est jamais quelque chose d’assuré », rappelle avec philosophie aujourd’hui celui qui a été défait un an après son entrée en poste dans la circonscription d’Abitibi-Est. « Peu importe la somme de ton travail, tu peux perdre ton poste suite à des choses hors de notre contrôle. »
« En droit, personne ne va pouvoir m’enlever mon baccalauréat ni mon barreau. C’est la somme de mon travail et cela va me permettre d’avoir plus d’outils pour œuvrer à la décolonisation de la société », de déclarer Me Wawanoloath.
Encore peu d'Autochtones dans la profession
Titulaire d’un baccalauréat en droit et d’un diplôme d'études supérieures spécialisées de 2e cycle en common law (Juris Doctor) de l’Université de Sherbrooke, Alexis Wawanoloath a réorienté sa carrière avec une idée en tête bien précise : utiliser le droit en tant qu’outil de décolonisation.
Il s’agit pour lui d’une suite logique au travail déjà entamé, puisqu’il a déjà, en 2017, contribué à fonder un comité étudiant en droits autochtones à l’Université de Sherbrooke. La création de ce comité faisait suite aux modifications à la politique d’admission en droit, annoncées au début 2017.
C'est « un bel effort d’accueillir des étudiants autochtones en droit que font plusieurs facultés », salue Alexis Wawanoloath. Or, selon lui, il faut aller plus loin.
« Elles (les facultés de droit) doivent avoir un regard introspectif pour décoloniser ce qu’elles enseignent, car j’ai trouvé l'approche de certains professeurs très coloniale », dit-il.
Il avance l’idée d'offrir des formations au barreau et des programmes de préparation à la faculté de droit.
Selon le Barreau du Québec, 0,48 % de ses membres se déclarent Autochtones. Le nouvel avocat espère donc que son accession à la profession dans un cabinet tel que Neashish et Champoux pourra inspirer d’autres jeunes.
Parallèlement, Alexis Wawanoloath entend continuer de commenter l’actualité dans les médias. Alors qu’il vient tout juste d’avoir un nouveau bébé, il souhaite trouver un équilibre, car « la fatigue du militant, l’investissement que ça demande de militer, des fois on s’oublie dans cette balance. »