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Les plaignantes doivent avoir des attentes réalistes, dit la juge McLachlin

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Julien Vailles

2017-10-30 13:45:00

La juge en chef de la Cour suprême rappelle l’importance de protéger les droits fondamentaux de l’accusé lors d’infractions de nature sexuelle...
La juge en chef de la Cour suprême Beverley McLachlin
La juge en chef de la Cour suprême Beverley McLachlin
La juge en chef de la Cour suprême Beverley McLachlin se prononce publiquement – fait rare – concernant la vague de dénonciations et les critiques envers le système de justice. Elle tempère ainsi les attentes des plaignants, leur rappelant qu’on doit avoir des attentes réalistes envers la machine judiciaire, écrit le Globe and Mail.

« Les plaignants et les témoins doivent comprendre ce qu’on attend d’eux dans un procès, et ce qu’ils doivent raisonnablement en attendre » [traduction libre], a-t-elle déclaré à Toronto samedi, devant près de 200 juristes, alors qu’elle acceptait la remise de la G. Arthur Martin Medal par la Criminal Lawyers’ Association. Ce regroupement, le plus gros du genre au Canada, compte environ 1 350 avocats de la défense à travers le pays.

« Personne n’a droit à un verdict prédéterminé, mais bien à un procès équitable basé sur la preuve », a ajouté la magistrate, qui prend sa retraite le mois prochain.

La Très Honorable juge a ensuite insisté sur l’importance de protéger les droits fondamentaux de l’accusé. « Les possibilités d’une fausse condamnation doivent toujours peser dans la balance », a-t-elle rappelé.

En somme, elle appelle à ne pas s’attendre à des condamnations systématiques pour les accusés d’agressions sexuelles, parce que c’est impossible.

Une intervention critiquée

La professeure Isabel Grant
La professeure Isabel Grant
Cette prise de parole n’a pas fait que des heureux. La professeure Isabel Grant, de l’Allard School of Law de l’Université de la Colombie-Britannique, se spécialise en matière de droit criminel et de violences faites aux femmes. Elle argue que l’intervention de la juge crée une fausse dichotomie entre les droits individuels de l’accusé et les attentes des plaignants. « Cette manière de présenter les choses fait comme si les plaignants n’étaient pas protégés, eux aussi, par la Charte », a-t-elle déclaré au Globe and Mail.

Hilla Kerner, porte-parole du Vancouver Rape Relief and Crisis Centre, s’est elle aussi déclarée contrariée par ces propos. « Trop souvent, les plaignants s’attendent eux aussi à un procès équitable, et ne l’ont pas », souligne-t-elle.

D’autres ont au contraire appuyé les propos de Mme McLachlin. Breese Davies, avocat torontois et vice-président de la Criminal Lawyers’ Association, est de ceux-là. Pour lui, ces commentaires constituent un rappel important qu’un procès doit rester absolument impartial et ne pas céder aux pressions sociales et médiatiques qui l’entourent.
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