Mladic condamné: quelle est la suite pour la justice pénale internationale?
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Radio -Canada
2017-11-23 07:00:00

Ce jugement marque la fin des travaux de ce tribunal mis sur pied en 1993 par le Conseil de sécurité des Nations unies pour juger les responsables de crimes de guerre commis pendant le conflit qui a déchiré l’ancienne république socialiste.
Établi à La Haye, aux Pays-Bas, le TPIY était l’un des deux tribunaux ad hoc créés par l’ONU au terme de la guerre froide, en vertu du chapitre VII de sa Charte, qui prévoit des mesures pouvant être prises en cas de « menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression ».

Installé à Arusha, en Tanzanie, le TPIR a fermé ses portes le 31 décembre 2015, après avoir inculpé 93 personnes, dont une majorité ont été reconnues coupables; 85 d’entre elles ont été jugées définitivement.
Le rôle du Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux
Toutes les fonctions assumées par le TPIR ont ensuite été transférées au Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux (MTPI), un organisme créé par l’ONU en décembre 2010, qui dispose d’un bureau à Arusha.
Le MTPI jouera maintenant le même rôle pour le TPIY à compter du 31 décembre prochain, à partir d’un second bureau ouvert à La Haye. Il fonctionne de facto en parallèle avec le TPIY depuis plus de quatre ans.
Le MTPI a notamment comme mandat de retrouver et d’arrêter des personnes inculpées par les deux tribunaux, mais toujours en fuite. Il y en a huit pour la tragédie survenue au Rwanda, mais aucune pour celle de l’ex-Yougoslavie.
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Dans le cas du Rwanda, par exemple, le MTPI est appelé à juger trois des huit fugitifs recherchés; les cinq autres doivent plutôt être remis à la justice rwandaise.
Dans le cas de l’ex-Yougoslavie, le MTPI entend, depuis le 13 juillet dernier, le nouveau procès de Jovica Stanisic et de Franko Simatovic, qui ont respectivement été chef et chef adjoint du service de sûreté de l’État de la Serbie.
Les deux hommes ont été acquittés de divers chefs d’accusation portés contre eux, le 30 mai 2013. La décision a été portée en appel par la poursuite, et le MTPI lui a donné raison en décembre 2015.
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Le Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux entend aussi l’appel déposé par la poursuite dans le dossier de l’ancien député serbe Vojislav Seselj. Ce dernier a été acquitté en mars 2016 de trois chefs de crimes contre l’humanité portés contre lui.
Il sera aussi chargé d’entendre l’appel que Ratko Mladic a l’intention de déposer, selon son avocat.
Une autre approche depuis l'ex-Yougoslavie et le Rwanda
Après avoir créé le TPIY et le TPIR, les Nations unies ont modifié leur approche. Ils ont par exemple créé un tribunal de juridiction mixte pour juger les responsables de la guerre civile en Sierra Leone, qui a été dissous en 2013.

La justice pénale internationale relève maintenant essentiellement de la Cour pénale internationale (CPI), un tribunal permanent qui a vu le jour en 2002 afin de juger les individus responsables de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
La CPI ne peut toutefois se pencher que sur des crimes commis par les ressortissants de pays qui reconnaissent sa compétence, ce qui exclut notamment les États-Unis, la Russie, Israël, l’Égypte, le Soudan et l’Iran.