Nouveau processus pour les actions collectives à Montréal

Delphine Jung
2018-04-24 14:50:00

Désormais, dix juges seront spécialement habilités pour entendre toutes les demandes d’actions collectives. Jusqu’alors, les demandes d’autorisation d’action collective étaient au-delà de la charge normale d’un juge.
Le groupe de 10 juges assumera donc collectivement la gestion de toutes les actions collectives entreprises à Montréal. Ils prendront chacun entre 15 ou 16 dossiers par an en moyenne. Ils auront 26 jours par année judiciaire pour s'en charger.
Si elle est autorisée, la gestion du recours sera transférée à un autre juge, ne faisant pas partie du groupe de 10 juges chargés de l’autorisation.

Il faut dire que depuis la mise en place du nouveau Code de procédure civile, le nombre d’actions collectives a augmenté. Selon les données de la Cour supérieure, 65 nouvelles actions collectives ont été entreprises en 2017, portant à 338 le nombre d’actions collectives ouvertes à la Cour, qu’elles soient au stade de l’autorisation, du mérite ou de leur liquidation.
« Le nombre et la complexité croissants des dossiers transfrontaliers et multijuridictionnels font en sorte que la jurisprudence évolue constamment », affirme Me Jean Saint-Onge, avocat chez BLG cité par The Canadian lawyer magazine.
« Nous avons besoin de juges avec une image globale et à jour des actions collectives et qui connaissent les joueurs », ajoute-t-il.

« C’est une très bonne nouvelle. Cette réorganisation est très bien accueillie par tous les avocats du domaine. Nous allons être privilégiés, d’être entendus par des juges spécialisés en actions collectives », dit Me Marie Audren du cabinet Audren Rolland.
Des juges experts en la matière

« La nouvelle a été accueillie de façon positive par les avocats qui font de l’action collective. Cela va faciliter le suivi et apporter de la prévisibilité au dossier pour permettre des planifications sur le long terme », ajoute Me de L’Étoile.
Pour Me Zukran, cela pourra peut-être créer un nouvel environnement dans lequel « les parties vont plus sur préparer pour contester le fond, surtout les avocats en défense qui à ce jour, tendent à mettre beaucoup d’effort à contester l’autorisation elle-même ».
« Les avocats vont devoir aiguiser leurs patins et être prêts, car ils seront face à un auditoire bien au fait de la jurisprudence en la matière. On va aller aux enjeux de la cause plus rapidement, car nous allons tous parler le même langage », dit Me Audren.
Dans le Canadian lawyer, Me de L’Étoile disait de son côté qu’il y avait un risque qu’à long terme, les dix juges développement une jurisprudence rigoureuse qui pourrait faire disparaître les complexités juridiques et formuler une approche qui ne sera pas forcément applicable à tous les dossiers.