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« Trop peu trop tard », les CHSLD privés appelés à se préparer le 12 mars 2020

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Radio -Canada

2021-12-02 12:45:00

La coroner, avocate de formation, s'étonne des propos d’une sous-ministre, qui témoigne d’un important délai dans la transmission des directives aux CHSLD…
La sous-ministre adjointe responsable des Aînés au ministère de la Santé et des Services sociaux, Natalie Rosebush, se prépare à témoigner devant la coroner, le 1er décembre 2021. Source: Radio-Canada
La sous-ministre adjointe responsable des Aînés au ministère de la Santé et des Services sociaux, Natalie Rosebush, se prépare à témoigner devant la coroner, le 1er décembre 2021. Source: Radio-Canada
La centaine de CHSLD privés conventionnés et non conventionnés du Québec ont été prévenus de se préparer à l'arrivée du coronavirus le 12 mars 2020, a révélé la sous-ministre adjointe aux Aînés Natalie Rosebush, lors de son second témoignage durant l'enquête de la coroner. L'ancienne ministre de la Santé Danielle McCann avait affirmé avoir demandé aux PDG des CISSS et de CIUSSS de se préparer dès la fin janvier.

Interrogée pour savoir à quel moment les 40 CHSLD privés conventionnés et les 59 non conventionnés ont reçu la directive de se préparer à une éclosion de COVID-19, Natalie Rosebush a répondu : « On avait transmis le guide pour l'adaptation des CHSLD le 12 mars. »

Elle a ajouté qu'elle a eu des conférences téléphoniques avec ces établissements ce jour-là.

La coroner s'est montrée étonnée de la date, car le premier cas de COVID-19 signalée dans un CHSLD du Québec date du 2 mars. « Il y a 10 jours entre les deux », a dit Géhane Kamel.

« Je suis convaincue que les gens ont été à pied d'œuvre pour éviter une catastrophe, mais que c'est arrivé trop peu trop tard », une citation de la coroner Géhane Kamel.

À quel moment Natalie Rosebush a-t-elle su que les personnes aînées étaient les plus vulnérables face au coronavirus? « Fin janvier-début février, il y avait des indications que les personnes aînées pouvaient être les plus vulnérables au coronavirus », a-t-elle répondu.

La coroner se demande « si la voix des aînés » a été entendue entre fin janvier et début mars.

Lors de son témoignage devant la coroner, l'ex-ministre de la Santé Danielle McCann a affirmé que son ministère a demandé aux PDG des établissements de santé de « se mettre en action » dès le 28 janvier 2020. Ces établissements incluent les CHSLD, a-t-elle rappelé lors d'une conférence de presse dans les jours suivants.

Le 18 novembre dernier, lors de son témoignage, Mme McCann avait jugé qu'il incombait aux PDG de « mettre en branle le plan » au sein des établissements, dont les CHSLD.

Rappelons que la lettre envoyée aux directions des CIUSSS et des CISSS ne nommait pas précisément les CHSLD.

« La correspondance n'a pas nécessairement été comprise comme étant un pied d'alerte pour les CHSLD », selon la coroner Géhane Kamel.

Mardi, la version de l'ex-ministre a déjà été nuancée par le PDG du CIUSSS de la Mauricie-Centre-du-Québec Carol Filion. Dans la fameuse lettre du 28 janvier 2020, « je ne vois pas là des actions proactives en lien avec la situation dans ce que j’ai lu », a-t-il dit à la coroner.

« Qu’est-ce que c’est qui s’est passé entre janvier et mars? » a redemandé Géhane Kamel, rappelant que le virus a touché des foyers de personnes âgées dans l'ouest du Canada avant de toucher le Québec. « Avez-vous eu des discussions avec vos homologues de la Colombie-Britannique? »

« Il y avait une vigie, une préoccupation », a expliqué Natalie Rosebush, qui affirme avoir participé à des rencontres de la sécurité civile « plusieurs fois par semaine », à la fin janvier.

En février, elle explique que les préoccupations étaient principalement l'approvisionnement en équipements de protection, la préparation de la ligne Info-Santé et le protocole pour le retour des voyageurs.

« Je vais rester inquiète », a dit la coroner, mentionnant que le premier ministre François Legault n'a été informé de la vulnérabilité des CHSLD que le 9 mars 2020.

Les inspecteurs mémorisaient leurs observations, sans les noter

Natalie Rosebush a expliqué que les inspecteurs qui visitaient les CHSLD durant la première vague se contentaient de mémoriser les informations qu'ils glanaient, car ils ne pouvaient pas toujours entrer du papier et un crayon dans ces milieux de vie parfois en éclosion.

Les grilles de trois pages et 17 catégories de questions n'étaient qu'un « aide-mémoire », selon elle.

« L'inspecteur retournait dans sa voiture pour consigner les réponses dans l'outil informatique commun », une citation de Natalie Rosebush, sous-ministre adjointe

L'outil commun était un fichier Excel partagé par tous les évaluateurs. Aucune copie de la grille papier ne devait être remise, a dit la haute fonctionnaire. La coroner s'est demandé si certaines informations ont pu ne pas être transposées sur ce fichier.

C'est ce fichier Excel que le gouvernement a remis à la coroner en restreignant les données aux six CHSLD visés par l'enquête. Ceci explique pourquoi le document déposé a été créé en date du 16 novembre 2021, ce qui avait inquiété les partis d'opposition.

Le ministère s'est finalement engagé à remettre l'ensemble du fichier pour tous les CHSLD évalués durant la première vague, soit environ 1200 visites.

Des inspecteurs n'ont pas eu accès aux zones chaudes

Le nouveau témoignage de Natalie Rosebush a permis d'apprendre que certains inspecteurs n'ont pas eu le droit de rentrer dans des zones chaudes durant leurs visites dans les CHSLD en éclosions.


La coroner convoque un nouveau témoin

Géhane Kamel demande à l'ex-sous-ministre adjoint du MSSS Pierre Lafleur, qui chapeautait la sécurité civile, de venir témoigner en janvier.

Il était le supérieur de Martin Simard, chargé de veiller à l'application des directives envoyées au réseau dans la fameuse lettre du 28 janvier.

La coroner veut être certaine de n'oublier personne dans la chaîne de commandement. « L'organigramme du ministère (de la Santé) me donne des petites migraines », a dit Géhane Kamel.
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