Un avocat dans le pétrin à cause de son fils

L'avocat Roch Jolicoeur, de Saint-Georges, a fermé les yeux sur les affaires douteuses de son fils. Cela lui a valu d’être déclaré coupable, en octobre 2016, de trois chefs d'accusation, dont d'aliénation de biens dans l'intention de frauder des investisseurs, rapporte Beauce Média.

L’ex-procureur de la couronne, âgé de 79 ans, a entendu mardi les représentations sur sentence au Palais de Justice de Saint-Joseph, en Beauce. Il connaîtra sa peine le 1er mai prochain.

Son fils, Pierre Jolicoeur, a reçu une peine de six ans et demi de pénitencier en 2013 pour avoir extorqué plus de 12 millions de dollars à une soixantaine d'investisseurs de la Beauce. Il a déjà été libéré de sa maison de transition.

« Il est venu me voir en pleurant »

Toute cette histoire a commencé en juillet 2010, raconte Beauce Média, lorsque Pierre Jolicoeur a demandé l’aide de son père alors qu’il était touché par une ordonnance de blocage de l'Autorité des marchés financiers (AMF). « Il est venu me voir en pleurant, raconte Me Jolicoeur. Il avait besoin de 25 000 dollars pour sécuriser de l'argent des investisseurs placé aux États-Unis. L'AMF avait bloqué son compte. Je lui ai prêté. »

Malgré l'ordonnance de l’AMF, Pierre Jolicoeur a vendu son chalet, un an plus tard, et les deux chèques, totalisant 83 500 dollars, ont été émis au nom de Roch Jolicoeur… « L'argent liquide, c'est pratique, pour ne pas que l'AMF mette la main dessus », a dit en cour la procureure de la couronne Nathalie Chouinard. Questionné là-dessus par la juge Johanne Roy, Roch Jolicoeur a dit qu'il voulait aider la famille de son fils et qu'il n'a pas pensé aux investisseurs à ce moment.

« Comme tout avocat, vous avez développé un sentiment de méfiance envers tout ce que votre client vous dit. Comment vous expliquez que vous êtes resté aveuglé? », a demandé la juge Roy. « Quand le client c'est ton fils, la différence est énorme. C'est moi qui a été assez fou de le croire. J'aurais dû être plus prudent », a dit Me Jolicoeur, qui a depuis renié et déshérité son fils. « Je l'aime encore comme un père aime son fils, mais je ne peux plus le sentir. Il m'a trahi, il m'a ruiné, il m'a humilié… Il n'y a rien qu'il n'a pas fait. Je termine en disgrâce après 50 ans de carrière.»