Un étudiant en droit se lance en politique pour une meilleure justice
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Delphine Jung
2017-10-31 15:00:00

À entendre cet étudiant en droit à l’Université du Québec à Montréal, elle ne se prive pas de rappeler son jeune âge comme d’un handicap. Lui, assure qu’il l’attaque sur « son incompétence » en retour. « C’est de bonne guerre », dit-il.
Il préfère utiliser son jeune âge comme un atout. « C’est peut-être parce que je suis jeune et donc insouciant que j’ai le goût de foncer », poursuit-il.
Le droit comme atout
« Lorsque tu te présentes aux gens comme un candidat encore aux études, ça ne rassure jamais. Mais quand tu précises que c’est en droit, ça balance un peu », témoigne-t-il le sourire en coin.
Il faut dire que Rafik Bentabbel a dans sa poche une foule d’arguments sortis de ses cours à l’UQAM. « Je suis capable de dire à mes détracteurs lorsqu’une de leur proposition n’est pas réalisable, car pas conforme aux lois », dit-il.
Le goût de la politique
Son engagement en politique date de l’année dernière. « Je suis allé en droit par souci d’équité et de justice, mais j’ai rapidement déchanté. Je me suis rendu compte que c’était plus compliqué que ça. Je pense qu’en s’engageant en politique, on peut mieux remettre en question l’accès à la justice », explique le jeune homme.
Il a aussi été sensibilisé par l’affaire entourant Uber et les taxis montréalais. « Mon père est chauffeur de taxi… Je me suis rendu compte que même s’il existait des lois encadrant la pratique des chauffeurs de taxi, le gouvernement s’était clairement assis dessus pour laisser Uber s’installer au Québec », dit-il.
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Encore fallait-il trouver un bord politique auquel se rattacher. Presque naturellement, c’est vers Valérie Plante que le jeune homme s’est tourné. « Elle est dans mon cadre de valeurs », détaille-t-il.
Les enjeux de l’arrondissement
Désigné candidat pour Projet Montréal, Rafik arbore depuis le petit macaron au logo du parti de Mme Plante. Son visage est aussi placardé sur les poteaux de son district. « Je n’ai pas de problème à parler avec les gens, mais lorsqu’ils m’abordent en me disant « ha ! c’est toi sur la pancarte », je trouve ça très gênant. J’ai plus le goût de parler des enjeux de l’arrondissement que de moi », affirme-t-il.
C’est ainsi qu’entre deux examens, il fait du porte-à-porte. « C’est l’fun, mais c’est aussi difficile, Une personne sur trois nous dit qu’elle n’est pas intéressée, c’est parfois un peu démoralisant », raconte-t-il.
Pas de quoi lui faire perdre son entrain pour autant. « J’ai rencontré des gens que je n’aurais jamais rencontrés dans un autre contexte. J’ai aussi pu me rendre compte que beaucoup de gens souffrent de solitude. Certains restent à me parler 45 minutes… »
Que leur vend-il alors, à tous ces potentiels électeurs ? « L’accès à un transport en commun efficace et abordable, un vrai réseau de pistes cyclables sécuritaires pour tous et des logements décents et abordables », résume-t-il.
Sur ce dernier point, Rafik Bentabbel est incollable. Il a travaillé au Comité logement d’Ahuntsic Cartierville ainsi que pour l’Association des consommateurs pour la qualité dans la construction.
Jeudi soir, Rafik n’était pas au débat organisé entre Denis Coderre et Valérie Plante. Il a plutôt passé sa soirée à faire du porte-à-porte. À voix basse il confesse : « les études de droit ont fait de moi quelqu’un de zélé… »