Le temps des cotisations

Amélia Salehabadi
2008-03-10 09:32:00
Il ne manquerait plus que cela. Bonjour déprime.
En fait, si on n’y pense bien à part le premier avril, il n’y a pas d’autres fenêtres possibles pour les cotisations du Barreau.
Bon, janvier pas possible, tout le monde est malade d’avoir trop travaillé en décembre. C’est bien évidement la faute des clients qui ont tous un truc ultra-urgent à régler avant le 31 décembre.
Février, le cas a été réglé ci haut.
Mars, c’est la Saint Patrick, et comme tout le monde sait, les avocats du Québec sont tous d’origine irlandaise. Enfin, c’est ce que j’avais cru comprendre à la fac de droit avec les laws games et la bière.
Le mois de mai, le Barreau nous invite déjà à participer au congrès annuel des avocats de toute la province. Faut pas pousser.
Arrive Juin avec la Saint-Jean et les camps de vacances des enfants.
Et on ne touche pas à Juillet qui est sacré avec les vacances et les tournois de golf.
Août, encore les tournois de golf (mais pour la Bonne cause) et le festival juste pour rire.
Débarquent ensuite septembre et octobre, ultra chargés avec la rentrée des tribunaux. Donc on bosse intense.
En novembre, c’est la déprime de la feuille morte.
Décembre, tout le monde le sait : les parties de noël des bureaux sévissent et nous vicent la forme.
Reste donc avril.
Et pourquoi le 1er avril? Parce que, entre nous, les avocats, on a bien le droit de se faire une petite blague, non? Tout le reste de l’année tout le monde se moque bien ad nauseam des avocats avec leur blagues même pas drôles , alors le premier avril, notre poisson d’avril, on se le garde pour nous!
Donc je disais génial le temps des cotisations est arrivé.
Ce week-end, dans mon chalet, bien installée devant la cheminée avec un bon verre de vin, je contemple la très belle tempête de mois de mars. Enfin, elle est féerique vue et entendue à l’intérieur d’un chalet. Et, je regarde tranquillement mes dossiers administratifs du bureau. Cette année, belle surprise, la déclaration annuelle et autres formulaires du Barreau peuvent être envoyés par internet. Bravo pour l’initiative. L’environnement c’est mon dada.
Personnellement lorsque je reçois des fax ou des envois postaux, cela m’ennuie toujours. La profession d’avocat, que ce soit ici, aux États-unis ou en Europe est beaucoup trop friande en consommation inutile de papier.
C’est même notre caricature. Dès que l’on voit un avocat dans un film par exemple, il est soit affublé d’un très porte-document remplie de papiers ou il est suivi par des stagiaires croulants sous des boites de cartons remplis de dossiers. Nous sommes, hors de tout doute raisonnable, les champions du monde en matière de gaspillage de papier.
Je reviens à mon histoire. Donc devant la cheminée, je pianote l’adresse du site du Barreau sur mon ordinateur pour me familiariser avec la nouvelle méthode de déclaration et cotisation annuelle. Et ma foi, c’est plutôt bien fait.
Surtout la liste des questions/réponses. Pas du genre idiot qui prend les « utilisateurs » pour des parfaits imbéciles. Mais un style qui répond bien à toutes les questions pragmatiques, aussi bien pour le jeune avocat surdoué en informatique que pour la soussignée canonique qui rendait ses travaux universitaires dactylographiés.
Enthousiasmée de faire partie d’une corporation professionnelle aussi dynamique, je me lâche et clique sur tout. Et une petite réponse à la question anodine à quoi servent les cotisations retient soudain mon attention.
Voilà la réponse :
"Le Barreau perçoit des cotisations pour lui-même ainsi que pour d'autres entités : Barreaux de section, PAMBA, CAIJ, Office des professions, etc. En moyenne, chaque année, près de 45 % des sommes versées en cotisations au Barreau du Québec sont redirigées vers d'autres organisations. Du total des sommes qui demeurent au Barreau du Québec, plus de 49 % sont affectées aux quatre services (Inspection professionnelle, Syndic, Greffes et registrariat, Recherche et législation) dédiés directement à la protection du public qui est la mission première du Barreau du Québec."
Et je me souviens.
Mon fils Léo est né en mars 2005. Il a été un des premiers bébés qui a bénéficié du Bébé Bonus du Barreau. Bébé Bonus est financé à partir de nos cotisations annuelles. Et dans le cas de Léo, c’était d’autant plus apprécié, puisque mon petit bout de canard a été bien malade de sa naissance jusqu’à ses dix-huit mois. Maître Maman a beaucoup apprécié ce coup de main du Barreau. À Dix-huit mois, Dr Vobecky (un ange) et sa superbe équipe de chirurgie pédiatrique à Sainte Justine, ont opéré Léo à cœur ouvert. Depuis, je touche du bois, il pète le feu. Voilà comment le Barreau dépense, inter alia, nos sous, ces fameuses cotisations.
J’avais oublié de vous dire à tous :MERCI.