Pierre Arcand

Comment demander une augmentation de salaire

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Pierre Arcand

2023-09-11 14:15:00

Le moment de demander une augmentation de rémunération est toujours délicat. Un top recruteur vous dit comment maximiser vos chances…
Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions.
Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions.
Le moment de demander une augmentation de rémunération est toujours délicat. Surtout si vous n’êtes pas dans une entreprise qui possède des échelles, des critères et une structure claire indiquant comment la rémunération est déterminée, vous entrez bien souvent dans une zone grise.

Pour des avocats en pratique privée, on peut facilement utiliser les différentes données telles que les heures facturées, les honoraires payés, le revenu généré, valeur de la clientèle, etc…

Mais comment déterminer les ratios applicables ? Comment évaluer le risque pris par l’employeur et le bénéfice qu’il en retire ? Si la zone est moins grise en pratique privée, beaucoup d’incertitude demeurent.

En entreprise, le supérieur est souvent lié par un budget, il doit répartir les augmentations afin de satisfaire tout son monde. Ce n’est pas toujours un exercice facile à réaliser. Dans d’autres entreprises, si celui qui décide est l’unique propriétaire, tout ce que vous lui demandez vient directement affecter ses revenus personnels. Du moins il risque de le voir comme cela, consciemment ou non.

Dans toutes ces situations, l’employé est en situation d’un demandeur ayant peu ou pas de pouvoir décisionnel à part celui de quitter l’entreprise si on n’obtient pas ce que l’un veut. Il s’agit là de la bombe atomique de la négociation, mieux vaut éviter la menace. Au pire vous appliquer la sanction (quitter) après l’échec des négociations.

Comment négocier?

Vous vous dites surement : de quelles négociations il parle… j’y viens.

Habituellement les gens savent ce qu’ils veulent, par exemple un salaire de 150k. Alors ils vont aller dans le bureau de leur supérieur en étant déterminés à demander et obtenir ce salaire. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, mais la démarche est souvent maladroite. Les gens se présente en disant je suis sous payé, je devrais avoir 150k$ et ils énoncent les raison A, B, C, etc..

Ils mettent leur gestionnaire dans une situation où il doit dire oui ou non. Sans le vouloir, ils démarrent une confrontation dans laquelle aucune des parties n’en sortira gagnante. Le gestionnaire se sentira coincé entre le fait de justifier sa décision initiale et la satisfaction de son employé. L’employé, quant à lui, obtiendra possiblement ce qu’il désire, mais si c’est le cas il risque de voir le comportement de son gestionnaire changer. Ce dernier sera peut-être moins conciliant ou plus exigeant vu l’augmentation consentie.

La clé? La patience?

Pour ma part, j’aime beaucoup mieux l’approche constructive qui requiert un peu plus de patience, mais qui favorise le maintient de la relation gestionnaire/employé dans le respect et la collaboration.

L’approche constructive débute de la même façon, c’est-à-dire que l’employé veut obtenir un salaire de 150k$ et il va rencontrer son supérieur pour discuter.
Cependant, plutôt que de tenter de lui démontrer pourquoi il mérite ce salaire, l’employé lui dit qu’il s’attendait à recevoir ce salaire et demande ce qu’il doit accomplir pour faire en sorte qu’il puisse l’obtenir. Il ne place pas son gestionnaire dans une situation de oui ou non mais l’invite à participer à l’atteinte de l’objectif. Que ce soit en identifiant des cibles à atteindre, en allant chercher des formations supplémentaires ou en améliorant l’efficacité, le gestionnaire et l’employé sont amenés à établir un plan d’action ayant un but commun, l’atteinte de l’objectif.

Ce ne sera pas toujours possible d’atteindre l’objectif compte tenu des réalités de chaque employeur, mais une amélioration pourrait être apportée et surtout, l’employé aura fait passer son message sans nuire à sa relation avec son gestionnaire. De plus, le gestionnaire mettra certainement une bonne note au cahier de l’employé en le trouvant constructif, flexible et orienté vers les résultats.

L’employé pourrait constater que, suite à cette discussion, son gestionnaire lui confie plus de responsabilités, lui fait plus confiance et même qu’il voit en lui un gestionnaire potentiel vu sa façon d’aborder un problème spécifique. Ses changements par eux-mêmes pourraient augmenter les chances que l’employé atteigne son objectif de rémunération. Cette expérience de négociation aura donc un effet positif sur les deux parties en plus de favoriser l’avancement de l’employé.

Je sais que les gestionnaires / patrons ne sont pas tous des superstars et que cette démarche risque à l’occasion de frapper un mur. Mais honnêtement, si votre gestionnaire n’est pas ouvert à cette approche, je ne pense pas que la confrontation standard aurait généré plus de résultats. Si vous vous retrouvez dans cette situation, soit vous renoncez à l’objectif, soit vous quitter pour d’autres cieux, mais vous le ferrez en ayant donné le maximum de chances à votre gestionnaire de vous rendre heureux.

Il faut comprendre qu’une négociation n’est pas nécessairement une confrontation, mais pour ce faire, il faut avoir en tête un objectif réalisable à court ou moyen et non l’obtention de l’objectif dès la fin de la négociation.

Ceci dit, chaque situation est particulière et il est recommandé de bien se documenter avant de fixer l’objectif de rémunération visé. Un objectif trop ambitieux, voir démesuré, pourrait avoir un effet négatif peu importe la stratégie employée.

J’espère que ce texte pourra vous être utile et bonne rentrée à tous!

Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.

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2 commentaires
  1. YB
    La patience ?
    Je ne suis pas certain. Dans bien des cas, la patience pourrait être utilisée pour faire "patienter" un excellent avocat salarié, qui pourrait pourtant, s'il ne patientait pas, obtenir exactement ce qu'il veut ailleurs.

    De mon expérience au Québec, le mouvement latéral demeure la meilleure manière d'augmenter son salaire dans l'industrie. Certains de mes collègues en début de carrière sont allés cherchés parfois des augmentations de près de 50% en un seul changement d'employeur.

    C'est aux gestionnaires, aux employeurs de sortir le chèquier. Un talent qui en vaut la peine trouvera toujours chaussure à son pied.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a un an
    Sors le chéquier
    Je suis gestionnaire et je sais ce que valent mes employés. Je prend en compte le coût d'opportunité qu'ils m'apportent et la perte d'opportunité de les perdre. Ils ne m'ont jamais demandé d'augmentation, mais je le fais périodiquement, à leur grand bonheur.

    Avant d'être gestionnaire, on m'a fait "bretter" des années dans un cabinet. Dans le cadre d'un mouvement latéral, j'ai pratiquement doublé mon salaire. Jamais je n'aurais pu espérer un tel saut là où j'étais, malgré les représentations qu'on m'a faites. Ensuite, je me suis lancé à mon compte et j'ai quadruplé mon dernier salaire.

    Je garde en tête que je n'y arriverais pas seul et comme dirait YB, je sors le chéquier quand je vois nos chiffres à la fin de l'année.

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