La sécurité de l'emploi, ça existe en droit?

Pierre Arcand
2012-10-29 08:30:00
Bonjour,
Je suis présentement en 3ème année à la faculté de droit. J’entends plein de commentaires sur des avocats qui n’ont pas de job. Je ne voudrais pas que cela m’arrive. Y a-t-il des domaines de pratique dans lesquels l’on peut atteindre la sécurité d’emploi ?
Réponse
Cher lecteur,
Votre question est intéressante mais il faut d’abord définir ce que vous entendez par sécurité de l’emploi. Si vous visez un poste ou vous pourrez vous reposer sur vos lauriers et vous la couler douce pendant 20 ou 30 ans, je ne crois pas que cela existe de nos jours. Si vous cherchez un poste ou vous aurez un salaire garanti et un fond de pension à 55 ans, vous avez peu de chances d’y arriver, mais c’est quant même possible.

Il faut aujourd’hui plus de patience qu’autrefois afin d’obtenir ladite permanence, mais c’est encore possible après plusieurs renouvellement de contrat et le bénéfice d’un bon timing. Pour ce qui est du domaine de pratique, comme je le mentionnais dans mon texte de la semaine dernière, vous pouvez pratiquer dans plusieurs domaines au sein de la fonction publique alors ne choisissez pas votre spécialisation seulement en fonction de l’objectif « sécurité d’emploi ». Avoir la sécurité dans un poste qu’on n’aime pas, ne vous rendra pas très heureux.
Outre la fonction publique, la sécurité d’emploi existe-t-elle ? Oui elle existe, mais si j’exclus les grandes entreprises qui offrent des conditions similaires à celles offertes par l’État, je ne vois que la pratique en cabinet pour vous offrir cette sécurité. Je vous vois sursauter à l’idée que la pratique privée soit plus stable que celle de conseiller juridique en entreprise. Pourtant c’est bien vrai, à une condition ; avoir développé sa propre clientèle.
En effet, si vous êtes à l’emploi d’une entreprise, vous êtes à la merci de fusion, de coupures de postes ou de rationalisation des dépenses et ce, même si vous êtes le plus compétent des juristes. Oui, cela requiert des conditions particulières pour que vous perdiez votre poste, pourtant le risque existe. Si vous pratiquez en cabinet et n’avez pas de clientèle, vous courez les mêmes risques en plus du fait qu'un avocat plus jeune et coutant moins cher, pourra rendre les mêmes services aux clients du cabinet un jour. À moins de devenir une sommité dans votre domaine, on vous demandera de laisser votre place à du sang neuf.
Par contre, si vous développez votre propre clientèle, vous atteindrez un certain niveau de sécurité ou de stabilité. Comment est-ce possible dans la mesure où être à son compte est souvent considéré comme la position la plus précaire qui soit ? Parce qu’il est peu probable que du jour au lendemain vous vous retrouviez sans client. À moins d’avoir mis tous vos œufs dans le même panier avec un seul gros client, ce qui est déconseillé aux juristes en pratique privée. Oui, vos revenus annuels risquent de fluctuer comme des actions en bourse, mais si vous soignez vos clients, vous aurez toujours suffisamment d’argent pour bien vivre. Si en plus vous budgétez vos dépenses en fonction des moins bonnes années, vous ne saurez jamais pris au dépourvu.
Par contre, vous ne serez pas heureux si vous n’aimez pas remplir une feuille de temps, faire la facturation, l’administration et la collection. Cela fait partie de la pratique privée, c’est incontournable. Je vous rappelle que la sécurité ou la stabilité ne vous rendront pas heureux si vous n’aimez pas ce que vous faites.
En conclusion, je vous dirais de ne pas trop vous inquiéter, bien qu’il soit impossible, au stade ou vous êtes, de vous garantir que vous ne serez jamais sans emploi dans le futur. La pratique du droit est quand même un domaine assez stable financièrement. Et si vous passez au travers des 3 à 5 premières années et que vous gérez bien votre carrière, vous devriez être en mesure de mettre du pain sur la table de façon quotidienne.
Un dernier conseil, travailler fort pour gagner le respect des gens qui vous entourent, est probablement le meilleur gage de stabilité qui puisse exister. Vous ne verrez peut-être pas les résultats à court terme, mais sur une longue période vous y gagnerez.
Bonne semaine.
La Question au Recruteur
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Sur l'auteur
Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.