Pierre Arcand

Passer du public au privé, est-ce possible?

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Pierre Arcand

2012-11-05 08:30:00

Un avocat qui agit pour le compte de la fonction publique, souhaiterait intégrer la pratique privée. Pierre Arcand lui répond sur la faisabilité de son projet et ses chances d'y parvenir.
Question

Je suis un barreau 2008. J'ai effectué mon stage ainsi qu'une année supplémentaire à la magistrature, soit à la Cour d'appel du Québec. Depuis, je suis au Contentieux du Gouvernement du Québec. Parallèlement à mon travail, je complète une maîtrise en droit. J'aimerais tenter ma chance dans un cabinet de pratique privée de moyenne ou grande taille. Conscient que je n'ai pas d'expérience avec l'aspect de facturation et de "réseautage", je suis prêt à commencer au bas de l'échelle avec le salaire d'un avocat de première année.
Puis-je être un candidat intéressant pour des cabinets privés ? Est-il déjà trop tard ?

Réponse

Cher lecteur,

Me Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Me Pierre Arcand, recruteur juridique, répond à vos questions
Non, il n’est pas trop tard mais plus vous attendrez, plus la transition sera difficile. Pour ce qui est des notions de facturation et de réseautage, il ne s’agit pas d’aspects qui inquiéteront les employeurs éventuels. Ces derniers se questionneront beaucoup plus sur votre capacité de travail et la pertinence de votre expérience dans le cadre de leurs champs de pratique.
Votre expérience à la Cour d’appel est clairement un plus si vous désirez intégrer une équipe de litige, ce qui est d’ailleurs votre meilleure chance de succès. Car une transition vers le droit transactionnel ou le droit des affaires pourrait s’avérer plus difficile. Il est clair que deux années à côtoyer la magistrature et à approfondir des concepts juridiques dans la rédaction de projets de jugements, vous préparent à exercer à titre de plaideur. Les employeurs seront probablement intéressés à vous inclure dans leur équipe de litige.

Par contre, ils s’interrogeront sur votre capacité à atteindre les objectifs d’heures facturables et à fonctionner dans un milieu plus stressant. Deux années à travailler pour le gouvernement est une expérience qui peut être perçue négativement, en fonction de ses deux aspects de la pratique privée. Il est possible d’écarter cette difficulté. Mais cela dépend beaucoup du contentieux gouvernemental dans lequel vous évoluez. Certains souffrent d’un préjugé défavorable, alors que d’autres sont mieux perçus.

L’identification du contentieux est aussi très importante s'agissant de la pertinence de votre expérience. Si vous travaillez à la SAAQ et que vous souhaitez intégrer un cabinet qui œuvre en droit des transports, c’est positif. Même chose si vous êtes employé au ministère du revenu et que vous vous dirigez vers le litige fiscal. Ne sachant pas dans quel secteur vous travaillez, il m’est difficile de me prononcer. Cependant pour chaque contentieux, il existe une pratique privée qui touche le même type de droit. C’est cette pratique que vous devriez viser pour votre transition vers la pratique privée. Dans le fond il s’agit de tabler sur les forces qui vous distinguent des autres candidats.

En ce qui concerne votre maitrise, si vous la faites dans un domaine connexe à votre pratique en contentieux, cela vous aidera sans aucun doute : elle fera de vous un réel spécialiste de ce type de droit. Un spécialiste qui connait la théorie, l’administratif et la magistrature, saura sans aucun doute susciter la curiosité des employeurs. Il vous restera à les convaincre que vous pouvez y mettre les heures.

Si votre maitrise touche un autre domaine du droit, je me questionne sur sa pertinence, à moins que vous ne souhaitiez faire un virage à 180 degrés par rapport à votre pratique actuelle. Si c’est le cas, la transition vers un cabinet privé sera possible seulement si vous bénéficiez de conditions gagnantes telles que des résultats académiques clairement au-dessus de la moyenne et un réseau de contacts pouvant vous ouvrir des portes et surtout des oreilles.

En conclusion, afin de maximiser vos chances de succès, je vous suggère de partir de votre pratique actuelle, et de voir avec quels cabinets vous êtes en contact dans votre quotidien. Ce sont ces cabinets qui ont le plus de chances d’être intéressés par votre candidature. De plus, ils vous connaissent et vous ont probablement vu travailler, ce qui devrait être positif. Dans le cas contraire, vous avez deux prises contre vous.

J’espère vous avoir aidé dans votre démarche et je vous souhaite une bonne semaine.

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.

Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
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