"Je n’ai jamais eu de passe droit!"
Céline Gobert
2012-02-07 15:00:00
« J’ai fait mon droit à l’Université Sherbrooke en 84, je siège au conseil depuis 2 ans, la confiance que l’on me porte aujourd’hui me fait vraiment plaisir », confie la nouvelle Présidente du conseil d’administration de l’Université.
« Présider le conseil d’administration, c’est comme être chef d’orchestre. Nous tentons de répondre aux questions, de faire le tour des problèmes, de faire avancer les choses », ajoute Me Durand.
Cerise sur le gâteau : elle est la première femme à accéder à cette fonction : une preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que la sphère professionnelle québécoise s’ouvre de plus en plus aux femmes.
« J’ai toujours travaillé, j’ai toujours voulu faire carrière, et je n’ai jamais eu de passe droit. Pour la féministe et l’humaniste que je suis, il est fondamental et « normal » que les femmes accèdent à tous les postes. Ce que je souhaite c’est que les hommes et les femmes se retrouvent sur un pied d’égalité », affirme Me Durand.
Aujourd’hui, elle se réjouit que les universités, ainsi que les compagnies, réservent des places de choix aux femmes. Des femmes, qui « viennent participer à l’effort collectif », dit-elle.
« Je ne vais rien inventer, parce que l’Université Sherbrooke brille déjà par ses nombreuses innovations, mais je compte bien continuer cette tradition-là, toutes ces belles choses entreprises », dit-elle.
Parmi elles, elle cite le premier MBA offert en français, une première dans le monde, mais également : une maîtrise en fiscalité (une première au Canada), des découvertes scientifiques majeures, comme celle du Dr André Carpentier (sur la graisse brune), professeur à l’Université Sherbrooke.
Flash back
En plus de cette nouvelle fonction, Me Lynda Durand est présidente et copropriétaire de la firme « Productions Ostar.Inc », depuis 1997, dans laquelle elle a produit des vidéos corporatives, des séries et des documentaires pour la télévision.
Actuellement, elle offre des formations en ligne pour le Barreau du Québec à destination des avocats.
Une femme aux multiples casquettes, investie dans ses diverses missions, qui a arrêté de plaider au début des années 90 pour occuper le poste de Vice-présidente aux services à la Commission de la santé et de la sécurité au travail du gouvernement du Québec.
Elle est alors responsable de quatre directions : les Services juridiques, la Direction des communications, le Service des ressources humaines et le Service des ressources matérielles.
« Je voyais le droit de l’autre côté de la lorgnette : réglementations, causes institutionnelles, etc. Lorsque je suis arrivée, la CSST vivait une période difficile », explique Me Lynda Durand, à l’origine du rapport Durand et de la création de la Commission des lésions professionnelles, le tribunal d'appel en matière d'accidents du travail.
« Quelle belle aventure ! », se souvient l’ancienne présidente du comité de déjudiciarisation, « notre mandat se traduisait par la révision de tout le processus juridique, nous devions proposer au gouvernement des solutions législatives pour diminuer les coûts, réduire le temps important des étapes décisionnelles. Présenter cela devant un tribunal, en tant qu’avocate, ce n’est pas rien ».
Aussi, de 1986 à 1990, elle se consacre également à un autre domaine et enseigne la négociation à l'École du Barreau du Québec. Quelques heures par semaine qui lui ont énormément appris.
« J’aimais cette curiosité, ce dynamisme, cette façon de ne rien prendre pour acquis et de se poser des questions. Je retrouve d’ailleurs tout cela encore aujourd’hui chez les représentants d’étudiants du Conseil », dit-elle.
Également membre du Conseil des gouverneurs de la Croix-Rouge canadienne et du conseil d'administration de la Société des loteries du Québec (Loto-Québec), Me Lynda Durand voit son avenir à l’Université Sherbrooke avec enthousiasme.
« C’est une institution forte, avec des assises en excellence dans de nombreux domaines, culturels, scientifiques, politiques. Mon mandat va être d’essayer de faire connaître cette fantastique université », conclut-elle.