Me Guy Paquette, le guerrier patient
Agence Qmi
2014-08-25 15:00:00
«Quelqu’un qui a une réclamation de 500$ ne pourrait pas se battre tout seul contre une grande entreprise. Un ensemble de gens, qui lancent un recours collectif, peuvent le faire», dit l’avocat qui s’est associé à John A. Gadler, en 1992 et dont la devise est : «Nous sommes des adversaires coriaces et des partenaires loyaux».
On sent que l’avocat, de nature chaleureuse, vit plusieurs passions à la fois. Il est éperdument épris de justice sociale, amoureux des arts et de politique. Les murs de pierres de son cabinet, Place Youville, dans le Vieux-Montréal, sont couverts d’œuvres d’art et d’affiches de grand format, représentant des guerriers en plein champs de bataille, des œuvres célèbres de Delacroix et de Raphaël.
«On est ici depuis 20 ans. C’est un endroit plus personnalisé, plus près des gens. Dès que je descends, je suis sur la rue en vingt secondes. Dans un grand building, ça me prendrait dix minutes pour arriver dans le hall d’entrée et les bureaux sont tous identiques», déclare l’avocat qui ne cache pas son attachement profond au patrimoine bâti.
On le sent batailleur, comme le Saint-Georges attaquant le dragon qui domine à l’entrée de son bureau. Il a choisi d’être un leader dans la défense des droits humains et c’est avec fierté qu’il assume que ses actions sont inspirés de son expérience antérieure comme avocat en droit des affaires acquise chez Stikeman Elliott et Roberson, Shepard,Turner.
«Ça m’a permis d’apprendre comment se concluent les transactions et les acquisitions. J’ai pu mixer mes expériences et mieux défendre les actionnaires qui sont pris avec de grands cabinets d’avocats», dit Guy Paquette.
C’est d’ailleurs à la suite d’une décision de la Cour Suprême en 2008, en faveur de BCE contre des investisseurs minoritaires, qu’il a compris que la voie de l’avenir pour les petits actionnaires était le recours collectif.
«C’est un véhicule social extraordinaire. Les frais d’un recours individuel sont souvent trop dispendieux pour ce qu’il rapporte et le défenseur pourrait mal agir contre un individu mal préparé», ajoute-t-il.
Il souligne que dans un recours collectif, c’est le cabinet d’avocats qui prend les risques, même s’il retiendra 25 à 30% des revenus d’une victoire. C’est lui qui investit pendant des années dans une équipe de recherche et qui surveille les décisions dans les cours québécoises, canadiennes, américaines et européennes.
L’âge d’or des recours collectifs s’en vient
Guy Paquette est convaincu que l’âge d’or des recours collectifs est à nos portes.
«Même si on a le meilleur système judiciaire au monde, nos organismes réglementaires sont les enfants pauvres des lois canadiennes. L’Autorité des marchés financiers, le Bureau de la concurrence, l’Office de protection des consommateurs n’ont pas les ressources nécessaires pour se battre contre les grands cabinets d’avocats», souligne Guy Paquette.
Il donne en exemple ce qui se passe dans les sociétés de télécommunications, dont il relate les abus, le regard perçant.
«Aucun consommateur ne peut s’attaquer à une compagnie de télécom qui charge 42,58% en intérêt sur un compte. Ça prend du temps et un avocat d’une organisation mal outillée, mal payé en comparaison à un autre soutenu par un cabinet qui met une armée de recherchistes à son service, ne fait pas le poids», défend-il.
À la défense de l’environnement
Guy Paquette est d’avis que les environnementalistes auraient aussi tout avantage à choisir le recours collectif pour défendre les territoires qu’ils veulent protéger.
«Ce sont des OBNL (ndlr : organismes sans but lucratif) sans argent qui s’étouffent financièrement à vouloir réclamer des injonctions sur des projets qu’ils perdent bien souvent. Le recours collectif leur donnerait du souffle, car ce serait moins dispendieux pour eux», croit-il.
Les citoyens touchés par le projet de pipeline TransCanada Énergie Est, qui traverse le Québec d’ouest en est, devraient-ils alors suivre cette voie ? Guy Paquette hésite, la question demande réflexion, mais il finit par ajouter : «je pense que oui, il y aurait matière à recours collectif».
L’homme ne cache pas qu’il est un indépendantiste convaincu. Et il s’emballe dès qu’on le questionne sur la gestion actuelle du Québec.
Q. Comment travailleriez-vous à assainir les finances publiques ?
R. J’abolirais les commissions scolaires, tout comme les Régies de la santé et des services sociaux. Je pense qu’il faut rapprocher la haute fonction publique des citoyens. Je suis socialement à gauche, mais quand il est question d’économie, je suis plutôt à droite. Il y a encore énormément de gaspillage dans la fonction publique.
Q. Que feriez-vous si vous aviez l’occasion d’occuper un poste de ministre?
R. J’investirais dans les Archives nationales pour la mise en place d’un immense site web qui aurait la mission de numériser les documents des familles, leurs photos, leurs écrits, un peu comme le font de grandes compagnies américaines. On vit actuellement de grandes pertes, ce serait une immense banque de données sur le Québec, si c’était bien fait.