Faites confiance aux jeunes avocats !
Céline Gobert
2012-09-24 15:00:00
Voilà peut-être ce qui explique la dévotion totale de Me Adèle Pilote-Babin, assermentée depuis janvier 2012, pour son métier d’avocate.
« Lorsque j’étais au Barreau, je me levais à 5 heures du matin, je donnais un cours d’aérobic de 6h à 7h, de 8h à midi j’étais au Barreau, l’après-midi j’étudiais, le soir à 9h30 j’étais au lit ! C’est vraiment une passion », confie cette diplômée de l’Université de Sherbrooke.
Également titulaire d’une maîtrise en droit transnational, d’un master en droit du commerce international, d’un Bac obtenu en Erasmus à Lyon avec une spécialisation en droit international, Me Pilote-Babin est hyperactive.
À 21 ans, elle part en France. En 2011, elle voyage jusqu’à La Haye au Pays-Bas où elle effectue son stage du Barreau à l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques.
En 2012, elle est en Afrique, au sein d’une équipe de la défense au Tribunal pénal international pour le Rwanda en Tanzanie. Puis, au Tribunal pénal international pour l’ex Yougoslavie.
Entre temps, elle trouve le moyen de grimper le Kilimandjaro, de dévorer quelques œuvres d’auteurs québécois, de travailler comme avocate en droit commercial chez Juripop, de devenir membre de l’IMAQ, l’Institut de Médiation et d’Arbitrage du Québec.
« À la base, ma passion juridique est le droit international, dit-elle. J’avais envie de grandes choses : faire négocier deux états ensemble, sauver l’universel et la guerre, appliquer du droit humanitaire. »
Boucherville
Puis elle se rend compte qu’elle peut tout aussi bien accomplir de grandes choses, ici, au Québec.
Elle se retrouve alors à Boucherville à lancer à 25 ans son cabinet solo, aux côtés de Me Alexandre Morin, conjoint de l’une de ses professeurs universitaires, Geneviève Dufour, et avocat en pratique privée générale dans la ville d’origine de Me Pilote-Babin.
« Je me suis assise avec Me Morin qui m’a fait une proposition : il était prêt à me déléguer certains de ses dossiers et il cherchait quelqu’un avec un esprit entrepreneurial », dit-elle.
Parfait pour celle qui souhaite avoir des clients en commercial, familial, criminel, civil, une rentrée d’argent régulière, une flexibilité, et un espace pour continuer à explorer le droit.
Déjà trois et ans et demi qu’elle partait, revenait, partait, puis revenait. Il était temps de se poser des questions, confie-t-elle à Droit-Inc.
« Le droit est très linéaire, explique-telle, au national si quelqu’un fait du droit de la famille pendant cinq ans, puis ensuite décide de faire du droit commercial, cela va être difficile. C’est la même chose pour le droit international »
Elle se demande alors : « qu’est ce qui va m’ouvrir le plus de portes à l’avenir ? »
« Si je continuais encore même un an, le national, mon droit, me serait fermé. Car pourquoi engagerait-on une avocate de 25 ans qui est supposée avoir trois ans d’expérience sur le marché avec nos codes, nos tribunaux, et qui ne les a pas ? »
Cogner aux portes
Lorsqu’elle revient à Montréal en février dernier, tout lui est ouvert. Et pourtant.
« J’ai eu énormément de difficultés à me trouver quelque chose ici. Alors je suis allée cogner à plein de portes. Il y a des gens qui m’ont aidée, qui m’ont reçu, guidé, conseillé. »
Des avocats de grands cabinets notamment, qui lui donnent des noms de petits et moyens cabinets, des « personnes-clés », des « personnes-ressources », dit-elle, qui ont fait preuve d’une « générosité inouïe ».
« Un réseau juridique ou non, c’est tellement important et primordial ! Dans une journée parfois, j’allais rencontrer cinq personnes, c’était la frénésie, je cherchais à savoir, je cherchais des pistes. »
Pas si compliqué pour une jeune femme élevée dans le milieu des communications, avec une mère, Marcia Pilote, animatrice de ''C’est ça la vie à Radio-Canada'', et auteure des livres ''La vie comme je l’aime''.
« J’ai un bagage familial et de vie précieux qui me rend le contact avec les gens plus facile, qui rend cette recherche plus amusante, plus stimulante pour moi. J’ai des copines qui me disent : comment faire ? »
Selon elle, les clés de la réussite résident en trois choses très simples : être proactif, rester positif, trouver un équilibre.
« Je suis née sous une bonne étoile mais je me donne les moyens d’y rester et de continuer ma belle vie. »
Pour l’heure, son agenda est chargé. Depuis juin, elle travaille sur des mandats en droit civil, matrimonial. La semaine prochaine, elle lunche avec le Maire de Boucherville.
« Lorsque mes contacts m’écrivent un courriel pour me féliciter, les mots « courage », « risque » et « persévérance » reviennent. Je leur réponds que oui, c’est courageux, mais je suis persuadée que j’ai le contexte idéal pour pouvoir faire mon nom et intensifier ma pratique. »
Et si elle avait un message à faire passer aujourd’hui à la communauté juridique, ce serait celui-ci : faire confiance aux jeunes avocats, des « ressources incroyables, actuelles et futures, pour le monde juridique. »
« Les travailleurs autonomes, que ce soit dans une pratique particulière ou générale, sont des gens passionnés, investis, énergiques, lancés corps et âme dans l’aventure juridique », dit-elle.
D’ailleurs, elle s’adresse, en vidéo, à ceux qui pourraient en douter…