Un cours de traditions juridiques autochtones obligatoire à McGill
Radio -Canada
2017-01-12 09:55:00
Du 4 au 10 janvier, les 185 étudiants de première année à la Faculté de droit ont suivi un cours d’introduction sur les traditions et les coutumes qui permettent aux communautés autochtones de s’organiser. L’université avait invité deux expertes en la matière, Val Napoleon de l’Université Victoria et Hadley Friedland de l’Université de l’Alberta.
« On retrouve le droit autochtone dans les récits, les contes et les histoires, a indiqué Robert Leckey, doyen de la Faculté de droit de l'Université McGill. Le droit autochtone est assez différent du droit européen. Le droit ne se trouve pas nécessairement dans les lois écrites, comme dans le Code civil, mais c’est plutôt coutumier », explique le doyen de la Faculté de droit, Robert Leckey.
Cette initiative est un succès auprès des étudiants, car le cours leur a permis de voir le droit différemment. « C’est beaucoup plus créatif. Des solutions plutôt que des punitions », déclare Emma Rose Bienvenu, étudiante en droit. « Leurs objectifs, c’est vraiment de responsabiliser, de réparer et de guérir ceux qui sont affectés par un crime ou un délit, plutôt que de simplement punir la personne qui l'a commis. »
« Cela nous permet de réfléchir de différentes façons. C’est un ajout intéressant pour n’importe quel juriste », ajoute Laurent Crépeau.
La réconciliation
L’Université McGill emboîte ainsi le pas à d’autres universités canadiennes qui ont aussi décidé d’offrir une plus vaste sélection de cours sur les Autochtones.
Selon le doyen Robert Leckey, ce cours sur la façon de gouverner des communautés autochtones est par contre une première au sein d’une faculté de droit. « D’autres facultés de droit offrent des cours sur le droit autochtone, mais ils ne sont pas obligatoires ».
Il spécifie que l’ajout de ce cours s’inscrivait déjà dans la réforme du programme de droit. « Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation nous a poussés un peu à accélérer le processus », affirme-t-il.
« On s’est toujours dit qu’on enseigne le droit comme un sujet académique qui dépasse une juridiction particulière, dit-il. On s’intéresse au droit comme une forme de réglementation sociale et rien n'empêche d’inclure d’autres traditions ».
En plus de ce cours intensif, la Faculté intègre dans d'autres cours des notions sur les traditions autochtones. « Je pense que pour mieux comprendre les enjeux de la réconciliation, c’est important de faire une place pour les traditions juridiques des Autochtones », ajoute le doyen.
« C’est super, c’est fantastique pour moi parce que c’est un pas plus loin et on peut apprendre de ça », a dit Allan Vicaire, étudiant autochtone et conseiller en éducation autochtone.
Il espère que d’autres universités québécoises vont inclure une perspective autochtone dans leurs programmes. « C’est bon de voir le succès de ce cours, de voir ce qui fonctionne, et comment on peut faire quelque chose de similaire dans tous les programmes, pour parler de nos valeurs et de notre histoire. J’espère que ça va inspirer d’autres facultés et d’autres université », soutient-il.