Sentence de Vincent Lacroix : Gomery fustige la ministre Jérôme-Forget

L'équipe Droit-Inc
2007-12-17 13:37:00
Convaincu que le juge Leblond saura faire fi des pressions extérieures dans son jugement, John Gomery trouve néanmoins les propos de Mme Jérôme-Forget déplacés.
«Les apparences sont importantes à préserver, et les politiciens doivent éviter toute apparence de tentative d'influencer les juges», soutient-il, toujours au quotidien montréalais.
Rappelons-le, vendredi dernier, Mme Jérôme-Forget s'était exprimée en chambre sur le genre de sentence que le juge Claude Leblond devrait imposer à Vincent Lacroix.
«On attend une sentence. Nous souhaitons vivement que cette sentence reflète l'indignation que nous avons tous, ici, dans cette Assemblée, à l'endroit de ce qui est arrivé aux épargnants», avait-elle déclaré.
Il faut dire que de la part d'un politicien, une telle adresse à l'intention d'un juge en délibération est peu commune et, selon plusieurs observateurs, une entorse manifeste à la séparation du pouvoir politique et judiciaire.
«C'est mal foutu comme déclaration. Elle a fait une erreur, surtout en ajoutant «dans cette Assemblée». C'est aller contre la séparation des pouvoirs», déclarait samedi dans La Presse le Spécialiste de ces questions, le constitutionnaliste et sénateur à la retraite, Gérald Beaudoin.
L'ex-juge Andrée Ruffo affirme que les propos de la ministre sont «effrayants» et «inacceptables».
D'autant plus que la bévue de la ministre pourrait donner des munitions à Vincent Lacroix s'il s'estime lésé, estime-t-elle.
«Si j'étais l'avocate de Vincent Lacroix, je taperais des mains en voyant ça», déclare Mme Ruffo au Journal de Montréal.