Un avocat au gré du vent …
Nicholas Teasdale
2010-08-23 14:15:00
« Je l’ai vue dans tous ses états étant jeune. Maintenant, j’ai l’impression d’avoir de l’eau salée dans les veines », dit-il.
Même s’il n’est pas devenu gardien de phare, il a veillé à ne jamais s’éloigner trop et trop longtemps de Rimouski.
Devenu avocat à 40 ans, après une carrière comme conseiller auprès de la Fondation pour l'aide aux travailleuses et aux travailleurs accidentés (FATA) et des études en droit complétées à Montréal, il est revenu pratiqué le droit dans cette ville.
Au même moment, il renouait avec sa passion pour la voile.
La mer comme soupape
Prendre le large lui est en effet vite apparu être le meilleur moyen d’échapper au stress de la pratique juridique.
Aujourd'hui à l’affût du moindre courant, il prend la mer dès qu’il le peut, un privilège que lui permet sa pratique autonome du droit.
Sur son bateau, il se trouve dans « un autre monde », dit-il, dès qu’il dépasse l’Île Barnabé, située à un mile de la rive de Rimouski.
Depuis l’achat de son premier bateau, en 1998, il s’est aussi impliqué dans son sport au point de devenir président du conseil d’administration du Club de voile de Rimouski.
L’avocat est aussi devenu juge à ses heures … arbitrant les régates du club.
Questionné quant à son plus haut fait d’armes en mer, il s’esclaffe : « C’est probablement d’avoir gagné la première course à laquelle j’ai pris part. Depuis, j’en ai perdu beaucoup ! ».
Un sport de patience et d’endurance
Le temps se vit différemment en mer que dans un cabinet d’avocat.
« C’est un sport où il faut apprendre à prendre son temps et vivre avec les éléments », explique Réjean Dubé.
En voile, le trajet Rimouski-Tadoussac peut prendre 12 heures, à raison d’un maximum de 5 km/h.
Le Grand triangle, une régate qui partait de Rimouski pour atteindre Matane et Baie-Comeau pour revenir au point de départ, amenait ses participants à passer plus de trente cinq heures en mer.
« Ce n’est pas un sport extrême, mais c’est un sport qui peut être épuisant », commente l’avocat.
Dans une régate, les moteurs sont interdits.
Il faut porter une très grande attention aux vents, aux courants et aux marées et sans cesse vérifier les vents à l’aide d’une girouette.
Tout cela demande un leadership quasi militaire, pour ajuster les voiles et redresser la barre.
Le skipper doit avoir le contrôle sur son bateau et s’assurer de suivre le trajet qu’il s'est fixé, comme un avocat qui guide son client dans les méandres des procédures juridiques.
S'il se retrouve généralement à la barre lorsqu'il navigue en équipe, Réjean Dubé évite de comparer le droit et la navigation, sinon pour dire que c'est le droit qui l'a aidé à progresser en voile - il est devenu président du conseil d'administration du club de voile de Rimouski - et non l'inverse.
Même si Réjean Dubé admire les coureurs océaniques comme Gerry Roofs, un avocat québécois disparu au large des côtes chiliennes lors du Vendée Globe de 1996, l’envie ne lui a jamais vraiment pris de s’aventurer en haute mer.
« Les vagues les plus hautes que je peux affronter sans que cela ne soit vraiment dangereux font deux mètres et ce n’est pas reposant. Les coureurs océaniques rencontrent des vagues de 10 à 20 mètres. Avoir commencé jeune, j’aurais aimé essayer, mais plus maintenant», indique le vétéran marin.