Les vignerons des vieux pays sont nombreux à partir à l’aventure dans le Nouveau-monde, désireux qu’ils sont tous de défricher LA nouvelle région prometteuse de la planète vin. Notre chroniqueur vin a fait une belle découverte...
Et évidemment, il y a une règle à laquelle peu d’entre eux échappent. Les Bourguignons seront souvent en quête de terroirs propices au pinot noir et au chardonnay. Les Bordelais seront en quête du meilleur endroit où faire pousser leurs cépages. Et ainsi de suite.
Au rang des exceptions confirmant la règle : Piero Incisa della Rocchetta et sa Bodega Chacra en Patagonie, en Argentine.
Au fait, qui est-il?
Rien d’autre qu’un des membres de l’illustre famille propriétaire de la Tenuta San Guido en Toscane, qui produit Sassicaia, un des plus grands vins d’Italie, et du monde.
À des années lumières de cet illustre nectar concocté avec les cabernets sauvignon et franc, l’Italien produit en Argentine du pinot noir. Cépage tout en délicatesse aux antipodes du costaud cabernet. Il en a acheté trois parcelles remontant jusqu’à 1932, et qui sont cultivées selon les principes de la biodynamie.
Et le fou de pinot noir que je suis avoue être rarement séduit par ceux du Nouveau-monde. Souvent trop lourds, trop confits.
Mais celui de la Bodega Chacra disponible chez nous, soit la cuvée d’entrée de gamme de la maison essentiellement tirée des plus jeunes vignes de la bodega, est bien loin de cette caricature de pinot.
Il faut dire que la Patagonie, région aride, fraîche et très ensoleillée à plus de 1000 kilomètres au sud de Buenos Aires, produit de plus en plus de vins fins, équilibrés, originaux.
Celui-ci est d’une belle couleur rouge clair, très limpide, loin de l’allure de sirop de fraise de bien des pinots sud-américains! Il sent bon les petits fruits des champs acidulés, avec une touche épicée. Même un côté floral, pétale de rose, qui m’a rappelé certains très bons crus du Beaujolais. C’est dire à quel point on est loin du Nouveau-monde dans le style.
Le fruit se fait un brin plus mur, sans être confit, en bouche. On y décèle toujours une pointe épicée, du poivre rose, et l’ensemble s’avère d’une grande fraîcheur. La bouteille indique un petit taux d’alcool de 12 %. À la bonne heure, en cette ère des vins inutilement maquillés par des teneurs alcooliques trop élevées. Le pinot semble avoir trouvé une identité qui lui est propre en cette contrée.
Un bon achat pour ce prix. À boire sur des viandes délicates, simple poulet rôti ou mijoté de veau. Ou seul, pour se détendre et méditer sur la vie, ou sur une cause insoluble!
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