Et les gagnants des Oscars des conseillers juridiques sont…
Daphnée Hacker-B.
2016-11-08 15:00:00
À son habitude, la vice-présidente de la firme de recrutement ZSA, Dominique Tardif, s’est emparée du micro en début de soirée pour féliciter les nombreux finalistes. « Je suis toujours aussi heureuse de la popularité grandissante de cet événement, c’est rendu une tradition dans la communauté juridique », a-t-elle déclaré en entrevue avec Droit-inc.
Maître de cérémonie pour une deuxième fois, Me Michel Lalande a fait une entrée en scène assez colorée... Le premier vice-président et chef du service juridique de Bell Canada était déguisé en Cookie Monster! Il a justifié ce drôle de choix en expliquant que 1. « C’est mon anniversaire, faut bien s’amuser! », 2. « C’est fatigant d’animer une telle soirée, donc je diminue mes chances d’être encore sollicité pour la prochaine édition », 3. « Je voulais souligner cette méchante année de clowns! » (faisant allusion aux divers scandales politiques, à Donald Trump et à l’infestation de cônes oranges dans la métropole). Sur un ton plus sérieux, mais la tête toujours prise dans la peluche bleue, l’animateur a félicité ses confrères et consoeurs pour leur dur labeur et a vite laissé la place aux lauréats.
Et les gagnants sont…
La première lauréate annoncée a été Me Julie Laurence, conseillère juridique principale de Rogers Communications, qui a raflé le prix Litige et gestion de risques. Celle qui dirige une vingtaine de juristes s’est dit plus que privilégiée de travailler dans une industrie aussi innovante, où les questions de droit sont stimulantes et diversifiées, en plus de l’amener parfois en Cour suprême. « Je remercie les gens que je côtoie au quotidien, je suis privilégiée de vous avoir », a-t-elle dit la voix empreinte d’émotion.
Dans la catégorie Conseiller juridique d’avenir, c’est Me Jean-François Laroche, chef adjoint du Service juridique - développement entreprise et fusions et acquisitions de Bell Canada qui a gagné le prix. Il est monté sur scène avec une énergie débordante, serrant dans ses bras son supérieur Michel Lalande (qui avait entre-temps retrouvé son apparence humaine!). Celui qui se spécialise en F & A s’est dit très stimulé par son poste, où avec sa petite équipe, il conclut parfois des « deals » allant jusqu’à 1 milliard de dollars.
Avec une humilité marquée, Me Patrick Sartore a décroché le prix Conseiller juridique, service juridique de petite ou moyenne entreprise. Celui qui est chef des affaires juridiques et secrétaire corporatif de la firme ProMetic Life Sciences a fait une brève allocution, indiquant qu’il avait de la chance de pouvoir faire une différence grâce à son travail. « Je me penche sur des dossiers passionnants, avec des gens passionnants, qui font avancer la science afin de trouver de nouveaux remèdes pour soigner les enfants malades », a-t-il déclaré.
Le président et chef de la direction de Via Rail Canada, Me Yves Desjardins-Siciliano, a remporté le prix Accomplissement stratégie d’affaires. Celui qui a joint l’entreprise ferroviaire en 2010 s’est dit heureux que les conseillers juridiques prennent le temps d’une soirée pour souligner leurs bons coups respectifs. Pour sa part, « son bon coup », qui lui a notamment valu ce prix axé sur la stratégie, est la concrétisation prochaine d’un projet de chemin de fer réservé aux passagers entre Québec et Toronto, afin d’augmenter la fréquence et la vitesse du service.
Le jury a remis le prix Réalisation exceptionnelle à Me Monique Mercier, de Telus, qui occupe le poste de vice-présidente à la direction, Affaires corporatives, chef des services juridiques et secrétaire générale. Celle qui accumule des expériences de travail diversifiées (de Stikeman à Bell en passant par Emergis) a livré une longue allocution, profitant de son passage en ville. « J’aime vivre à Vancouver, mais il n’y a rien comme Montréal! », a-t-elle lancé à la foule qui a applaudit. Durant son discours, elle a déclaré que la nature de son métier a fondamentalement changé, qu’aujourd’hui il faut penser à la réputation de l’entreprise avant de trancher et qu’il ne s’agit plus de donner des conseils légaux, mais plutôt des conseils d’affaires et d’éthique. Elle a conclu en disant que la parité hommes-femmes et la vraie diversité de la main d’œuvre sont encore loin d’être atteints. « En tant que dirigeants, on doit tout faire pour accélérer ça, il faut offrir toutes les occasions d’augmenter cette diversité, car au final c’est la productivité de tous qui va en sortir gagnante. »
Dernier récipiendaire mais non le moindre, Me Bruno-Étienne Duguay a décroché le prix du Chef des affaires juridiques de l’année. Il est à la tête du département légal chez Novacap, l’une des plus importantes firmes canadiennes d’investissement dans le domaine du placement privé. Expliquant que son équipe est petite mais très productive, Me Duguay s’est dit honoré de travailler avec des si bons juristes, tant à l’interne qu’avec ceux en cabinet. Il a aussi reconnu que les décisions doivent être prises de plus en plus vite, et que le rôle du conseiller juridique est parfois de ralentir ce processus pour s’assurer que les bons choix sont faits.
L’avis de membres du jury…
Avec d’épais dossiers entre les mains, le jury, composé en majorité d’associés et d’associés-directeurs de grands cabinets, a eu du fil à retordre cette année. Voici le témoignage de trois d’entre eux.
« C’était ma première expérience sur le comité consultatif et j’avoue que de devoir trancher à travers toutes ces candidatures a été un travail ardu. Il y avait de grands avocats, des juristes d’expérience, qui méritent tous en fait que leur travail soit souligné. »
-Me Mylany David, associée spécialisée en droit commercial et immobilier chez Langlois avocats
« Ce que j’aime le plus d’être dans le jury, c’est à chaque fois de pouvoir découvrir les jeunes talents dans la catégorie Conseiller juridique d’avenir. Tous ceux qui se retrouvent nominés ont ainsi l’occasion de rayonner à travers la communauté, c’est fantastique. »
-Me Pierre-André Themens, associé-directeur du cabinet Davies
« Notre métier est difficile, les gens ne viennent pas nous voir quand ça va bien. Il n’y a rien de mieux qu’une soirée comme celle-ci, qui permet de prendre le temps de se taper dans le dos et de souligner dans la joie notre travail et surtout, ceux qui se démarquent. »
-Me Charles Chevrette, associé-directeur du bureau de Montréal de McMillan
Parmi les 27 nominés, plus de 20 ont déjà travaillé en cabinet privé. De quels cabinets ceux-ci sont-ils majoritairement issus?
Stikeman Elliott remporte la palme : quatre des six lauréats y ont déjà travaillé! Au total, Stikeman a compté dans ses rangs sept des nominés : les lauréats Mes Jean-François Laroche, Yves Desjardins-Siciliano, Monique Mercier et Bruno-Étienne Duguay, ainsi que Mes Mireille Bergeron, Lana Rabinovitch et Nicolas Beugnot.
Le bureau déchu Desjardins Ducharme a déjà embauché trois des nominés : Mes Julie Demers, Jean Mayer et Nathalie Rolland.
Mes Nicholas Cerminaro et Sandro Cellucci ont déjà travaillé chez Norton Rose.
Lavery a pu compter sur Mes Dina Raphaël et Jean-Michel Fournier.
Me Patrick Sartore, lauréat, a auparavant été engagé par le cabinet Robic.
Une ancienne avocate de Fasken Martineau comptait parmi les nominés : Me Miranda Melfi.
Me Pierre-Alexandre Viau a déjà travaillé chez Woods.
La firme McMillan a elle aussi pu compter sur les services de Me Nicolas Beugnot.
En début de carrière, Me Pierre-Luc Desgagné a œuvré chez Grondin Poudrier Bernier (aujourd'hui Poudrier Bradet).
Me Denis Lavoie, directeur des risques, assurances et réclamations chez Via Rail Canada, a travaillé chez McCarthy Tétrault.
Bélanger Sauvé a compté Me Carolina Rinfret dans ses rangs pendant deux ans.