Après les seins de Me Goldwater... les chiens!
Daphnée Hacker-B.
2015-04-24 15:00:00
« Les chiens se donnent corps et âmes à leur propriétaire, nous avons l’obligation de veiller à leur bien-être, et ça devrait être écrit dans la loi! » lance-t-elle en frottant la petite tête noire de son chiot, Stella.
Me Goldwater a fait les manchettes cette semaine, à la suite d’une plainte d’un confrère qui lui reprochait d’avoir exhibé sa généreuse poitrine lors d’un interrogatoire. Mais l’avocate n’a pas que ses seins à défendre; elle soutient aussi la cause des animaux et des chiens en particulier.
Il y a deux semaines, la célèbre juriste est devenue porte-parole de la Fondation MIRA, l’organisme qui forme notamment des chiens-guides d’aveugles. « C’est important pour moi d’utiliser toutes les tribunes possibles pour faire avancer le droit des animaux », explique Me Goldwater. À son avis, il est grand temps que se tienne un débat public sur la réforme du statut juridique des animaux, encore considérés dans le Code civil du Québec comme un bien meuble.
« Il y aurait moyen d’ajouter une disposition au code afin de donner aux animaux une classe spéciale », croit-elle. Sans régler tous les cas de maltraitance des animaux de compagnie et d’élevage, un tel changement juridique faciliterait la défense de ces « êtres dotés de capacité cognitive et d’une sensibilité émotive », avance l’avocate. Les codes civils autrichien, allemand et suisse contiennent d’ailleurs une disposition édictant que les animaux sont des êtres vivants et doivent être protégés par des lois spéciales. En France, au mois de janvier, le Parlement a aussi reconnu aux animaux la qualité symbolique «d'êtres vivants doués de sensibilité» dans un projet de loi.
La télé plutôt que les tribunaux
Bien qu’elle se décrive comme une amoureuse des animaux, Me Goldwater admet que sa lutte pour les droits des enfants restera toujours plus importante. « Ça fait des années que je me bats, avec mon équipe, pour faire comprendre aux tribunaux que les barèmes de pension alimentaire au Québec sont préjudiciables et moins généreux que les barèmes fédéraux, cette lutte n’est pas encore complètement gagnée », admet-elle.
La spécialiste du droit matrimonial n’entend donc pas porter la cause des animaux – pour l’instant- devant les tribunaux, mais compte se servir d’une arme redoutable : la télévision. « Le pouvoir des médias est très fort. C’est pourquoi je traite souvent de cas liés aux animaux dans mon émission, et le public voit que je leur accorde un statut particulier. Ça aide à développer une empathie », explique celle qui incarne la « Judge Judy » du Québec dans l’émission télévisée l’Arbitre, à V Télé. À ses yeux, le gouvernement réagit plus rapidement aux grands coups d’éclats médiatiques qu’aux longs processus juridiques. « C’est un peu décourageant, mais c’est la réalité… », laisse-t-elle tomber.
Un deuil douloureux
Si vous croisez Anne-France Goldwater, ne lui parler pas de Sandrine, c’est encore trop douloureux. Les larmes aux yeux, l’avocate raconte que sa chienne labrador est morte en décembre dernier d’un cancer, qui lui a provoqué une insuffisance rénale. Durant plus d’un mois, elle a fait l’aller-retour entre Montréal et New York, où des soins de dialyse pour chiens sont offerts, ce qui n’est pas encore le cas au Québec. « C’est très difficile de déterminer si l’animal veut continuer à vivre, ou s’il est prêt à mourir… Je ne sais pas si c’était le meilleur moment, mais nous avons finalement décidé de lui dire adieu », dit-elle, la voix émue.
Cet évènement l’a amené à considérer l’idée d’ouvrir une clinique de dialyse spécialisée pour les animaux. Après avoir discuté avec plusieurs vétérinaires, Me Goldwater a constaté que d’autres étapes doivent d’abord être franchies pour améliorer l’accès des animaux aux soins. Un projet de camion-vétérinaire mobile est notamment dans les cartons.
L’avocate souhaite aussi travailler de concert avec les compagnies d’assurance pour promouvoir les assurances médicales destinées aux animaux, beaucoup plus utilisées ailleurs au Canada. « Ici, les gens ignorent souvent l’existence de ces assurances. Elles peuvent se révéler indispensables si l’animal a un accident, par exemple, car cela couvre des frais de vétérinaire que beaucoup n’ont pas les moyens de se payer », relate-t-elle.
Pour Me Goldwater, ces démarches signent le début d’un long combat qu’elle compte gagner.
« Comme tous les autres! »
Anne-France Goldwater lance l’appel aux juristes: «Faites un don à la Fondation MIRA!»
Pour les intéressés, visitez le site web de MIRA.