Aubut a harcelé des employées
Agence Qmi
2016-01-13 16:42:00
L’enquête menée par l’avocate Christine Thomlinson, à la suite d’une plainte interne pour harcèlement sexuel contre Marcel Aubut, a été rendue publique mercredi par le Comité olympique canadien (COC).
À la suite de la divulgation de cette plainte, de nombreuses femmes avaient aussi affirmé avoir été harcelées par Me Aubut. Pris dans cette tourmente, l’avocat avait dû démissionner de son poste de président de l’organisation olympique.
Selon le rapport, « une majorité des employés du COC rencontrés rapportent avoir été victimes ou témoins de harcèlement (personnel et sexuel) durant la période couverte par le mandat du président, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des bureaux du COC. Certains employés, autres que ceux employés par le COC, qui ont été rencontrés ont rapporté avoir été témoins du comportement du président de harcèlement (personnellement ou sexuellement) à l’extérieur des bureaux du COC dans des situations où il agissait à l’intérieur de ses fonctions de représentant du COC.»
Le rapport souligne également que « parmi les employés du COC, il y a une croyance selon laquelle le conseil d’administration et l’ÉLHD (l’équipe de leadership de la haute direction) étaient au courant d’informations suggérant qu’il y avait du harcèlement dans leur milieu de travail et qu’ils ne pouvaient ou étaient peu disposés à remédier à la situation. Ainsi, plusieurs employés du COC croient que le conseil d’administration et l’ÉHLD ont manqué à leur obligation de leur garantir un environnement sécuritaire.»
Abandon des employés
La présidente du Comité olympique canadien, Tricia Smith, a présenté le rapport sommaire de l’enquête et les recommandations découlant de cet examen indépendant, tout en soulignant qu’il y aurait des changements et acceptant toutes les recommandations.
« Je m’excuse », a-t-elle affirmé, très émotive via téléconférence.
« Il est clair dans ce rapport que le conseil d’administration et la direction auraient pu en faire plus. Nous assumons tous ce manquement. Nous avons laissé tomber nos employés », a admis Mme Smith.
« Nous remercions la partie plaignante pour son courage à dénoncer la situation. Nous sommes désolés de ce qui s’est produit. Quelles qu’en soient la cause et la raison, ce problème nous appartient. Il nous faudra aller au fond des choses et apporter les changements qui s’imposent. Le harcèlement sous toutes ses formes ne peut être toléré nulle part. Les modalités de l’examen indépendant que nous annonçons aujourd’hui constituent la prochaine étape vers la réalisation de cet objectif », a-t-elle convenu.
30 septembre: Le Comité olympique canadien (COC) enquête sur une plainte de harcèlement sexuel contre son président, révèle le Globe and Mail.
1er octobre : Une avocate ainsi qu’une ancienne adjointe administrative affirment avoir subi des comportements inappropriés de la part de Me Aubut.
2 octobre : Une des présumées victimes dépose une plainte au Barreau.
3 octobre : Marcel Aubut démissionne de son poste de président du COC. La chroniqueuse du Journal de Québec Karine Gagnon signe une chronique qui expose ses mauvaises expériences avec l’avocat.
6 octobre : Le CA du COC nie avoir été informé des comportements de Me Aubut, alors que des médias avaient relayé l’information voulant que le COC fût au courant depuis 2011. Le CA mandate une experte indépendante pour enquêter sur le dossier.
8 octobre : La Presse révèle que Me Aubut aurait contacté d’anciennes employées afin de les convaincre de dire publiquement de bons mots à son sujet. Une nouvelle victime se confie à TVA. Celle qui travaillait comme hôtesse pour les Nordiques avait 15 ans au début des gestes allégués.
9 octobre : Marcel Aubut fait une première déclaration publique, s’excusant auprès de toutes les personnes qu’il a pu blesser, disant assumer l'entière responsabilité de ses gestes.
11 décembre : Le Journal dévoile que Marcel Aubut s’est discrètement ouvert un nouveau bureau sur la Grande Allée à Québec
13 janvier : Un rapport dévastateur démontre qu’une majorité d’employés disent avoir été victimes ou témoins de harcèlement et que la direction a fermé les yeux. Une grande réforme est annoncée au COC.
Qui est Marcel Aubut ?
Avocat et homme d’affaires
Ancien président et copropriétaire des Nordiques de Québec
Gouverneur de la LNH pendant 16 ans
Élu président du Comité olympique canadien en 2009
Réélu pour un second mandat de quatre ans en 2013
Présent aux 12 dernières éditions des Jeux olympiques.
À l’origine de la Fondation Nordiques
Intronisé au Panthéon des sports canadiens et au Panthéon des sports du Québec
Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II.
Officier de l’Ordre du Canada
Officier de l’Ordre national du Québec
Avocat émérite du Barreau du Québec
«Certains employés, autres que ceux employés par le COC, qui ont été rencontrés ont rapporté avoir été témoins du comportement du président de harcèlement à l’extérieur des bureaux du COC, dans des situations où il agissait à l’intérieur de ses fonctions de représentant du COC»
«Aucune surveillance du comportement du président n’a été effectuée, malgré ce qui paraît être une reconnaissance de la part de certains représentants du COC qu’une telle surveillance était nécessaire»
«À certaines occasions, certains gestionnaire ou membres de l’Équipe de leadership de la haute direction du COC, ont admis avoir connaissance d’informations suggérant que certains employés du COC étaient victimes de harcèlement. Ces mêmes gestionnaires et membres de l’ÉHLD ont admis qu’à certains moments, ceux-ci n’ont rien fait avec cette information»
«Il y a confusion parmi les employés du COC sur ce que constitue un comportement inapproprié au travail et sur le mécanisme de plaintes de tels comportements»