Un record pour Pro Bono Québec !

Les grands crus seront bus, et les justiciables entendus.

Plus d'une cinquantaine de bouteilles étaient mises aux enchères pour la quatrième édition de « Grands Vins, Grands Noms », de Pro Bono Québec, tenue au Musée des Beaux-Arts de Montréal.

Les quelque 200 participants à la soirée ont suivi l'ordonnance de la juge Suzanne Côté, de la Cour suprême. « Je n'ai pas vraiment le droit de vous dire ça, mais je vous donne l'ordre de battre le record de l’an dernier », a lancé à la blague la présidente d'honneur de la quatrième édition de l'événement philanthropique.

Les avocats n'ont apparemment eu d'autres choix que de respecter l'ordre de la magistrate... puisque la soirée s'est soldée par une levée de fonds en hausse de 11 % par rapport à l'an dernier.

En effet, les enchères ont permis d'amasser 73 258 $, auxquels s'ajoutent la grande surprise de la soirée : la mise de 4 500 $ pour un Petrus 1989, offert par une donatrice anonyme.

C'est le bâtonnier de Montréal, Simon Tremblay, qui s'est dévoué pour la cause. « Je la réserve pour un grand événement que j'annoncerai prochainement », s'est-il borné à dire en guise de réponse quant au sort qu'il réservait au trésor remporté.

Les bouteilles offertes à L'encan silencieux proviennent pour la plupart de réserves personnelles d'avocats. Les mises de départ oscillaient entre 50 et 500 dollars.

Conférencière invitée, la romancière Kim Thuy a raconté avec beaucoup d’humour comment elle avait pu décrocher un improbable stage chez Stikeman Elliott, dans son jeune temps. « Ils m'ont rappelé pour me demander pourquoi j'avais menti sur mon c.v., et mes explications ont semblé les convaincre puisqu'ils m'ont offert le stage! »

Elle a cependant laissé tombé la carrière juridique pour se consacrer -avec un très grand succès- à l’écriture.

« Les sommes amassées vont directement dans les services de Pro Bono Québec », explique la directrice générale », Me Nancy Leggett-Bachand. Elles équivalent à près du tiers du budget annuel de Pro Bono Québec, qui s'établit à 250 000 $. Entamant sa dixième année d'existence, Pro Bono Québec compte maintenant sur plus de 2000 avocats offrant leurs services pro bono.

« Nous avons commencé à prodiguer des services à des groupes depuis peu », explique Me Leggett Bachand.

Les fonds récoltés lors de cet événement permettront de soutenir trois projets : aider les familles de l’Hôpital de Montréal pour enfant à résoudre certains problèmes juridiques, organiser des séances d’information destinée aux nouveaux arrivants, notamment aux réfugiés syriens, ainsi que créer une clinique juridique éphémère dans le Grand Nord québécois en mars.

« On a sensibilisé la profession au besoin criant auquel répond le projet Pro Bono Québec », se félicite l'un des fondateurs du projet, Me Alexandre de Zordo, de BLG.

La juge de la Cour d'appel, Marie-Josée Hogue, qui constate au quotidien les problèmes d'accessibilité de la justice pour une bonne partie de la population, croit que « des services comme celui-là sont essentiels. De plus en plus de gens ne peuvent se payer l'accès à la justice, et de plus en plus se représentent eux-mêmes ».

Plus d'une vingtaine d'étudiants en droit de l'Université de Montréal officiait la soirée, dont la maître de cérémonie était la sommelière Michelle Bouffard, de l'ITHQ. Cette dernière était secondée par deux de ses étudiantes qui conseillaient les participants sur les subtilités des grands vins proposés.