L’intérêt marketing du pro bono

Delphine Jung
2019-03-29 14:30:00

Par exemple, Langlois est associé au cabinet Ménard Martin dans le dossier – très médiatisé – de l’aide médicale à mourir pour Nicole Gladu et Jean Truchon.
Blakes quant à lui s’engage auprès de l’organisme Habitat pour l'humanité et plusieurs autres associations à but non lucratif.
Les cabinets de plus petite taille aussi n’hésitent pas à partir au front pour défendre gratuitement certains clients.
C’est le cas de Me Alexandre Sami, de chez Gowling WLG, très impliqué auprès de la Fondation papillon qui organise des camps pour les enfants handicapés.
« Mon expérience en tant que moniteur pour la fondation en 1995 m'a beaucoup touché. J'ai vu ce que la fondation pouvait offrir aux familles, alors c'est une façon de redonner », explique-t-il.

Le cabinet IMK aussi s’est déjà impliqué dans un dossier concernant la journaliste iranienne assassinée, Zahra Kazemi ou un autre concernant des personnes transgenres.

C’est aussi l’avis de Me Véronique Roy. « À titre personnel, les dossiers qui concernent le droit de la personne m’intéressent, Et en tant qu’avocat, on a le devoir de redonner à la société », ajoute-t-elle.

Me Sami aussi parle d'entre 15 et 20 heures par mois qu'il consacre à la Fondation papillon, notamment pour des dossiers en droit immobilier.

Lui aussi évoque parfois de nombreuses heures consacrées à ses dossiers pro bono, suivies de périodes plus calmes.

Bon pour l'image
En termes d’image, le cabinet a toutefois beaucoup à y gagner. « Cela nous donne une dimension humaine, sinon les avocats passeraient juste pour des gourmands », ajoute M. Lépine.

« Aujourd’hui, dans lequel on vit, l’image est très importante. Donner du sens à ce qu’on fait est important et s’impliquer comme ça, c’est donner du sens à ce qu’on fait. Faire du pro bono c’est montrer qu’on n’est pas là juste pour le business, juste pour être profitable », dit-elle
Mais le pro bono a aussi des objectifs en termes de « branding ». « L’idée est aussi de se faire connaître, d’obtenir de la visibilité, mais certains le font aussi vraiment par simple altruisme », croit-elle.
Certains avocats y cherchent un peu de notoriété et y voient une manière de développer les affaires, parfois couplé avec un sincère intérêt personnel.
Choisir des causes médiatisées fait aussi partie de cette stratégie d’accroître sa visibilité. « C’est le nerf de la guerre, il faut que ça se sache », dit Mme Kennan.

Mathieu Rompré, directeur de la stratégie relations publiques chez Blakes ne partage pas tant cet avis.
« Ce n'est pas en pensant à leur image que des avocats qui font déjà 2000 heures par an font en plus du pro bono. Et Blakes n'a pas non plus besoin de ça pour soigner son image. On le fait parce qu'on y croit », lance-t-il.