Ça embauche (encore) dans les cabinets!
Delphine Jung
2019-07-02 15:00:00
En veut pour preuve, l'augmentation générale de 6% des effectifs qui sont ainsi passés de 6951 à 7395.
D'ailleurs, les offres d'emploi sur Droit-inc n'ont jamais été aussi nombreuses que ces deux dernières années.
La plus forte augmentation est attribuée à BCF qui a augmenté ses effectifs de 20% en un an seulement. Pas très loin derrière on retrouve Dunton Rainville avec une hausse de 18,4% de ses employés.
«On est vraiment dans une période de croissance et encore présentement, nous avons au moins 6 postes d'avocats à combler. Nous sommes ravis de l'année 2018 et on pense que 2019 sera de la même mouture», explique à Droit-inc Jean-Jacques Rainville, président du conseil de direction du cabinet qui porte son patronyme.
Ils sont peu nombreux à afficher une baisse. Parmi eux, on retrouve Stikeman Eliott avec une baisse de 8,1% et Lapointe Rosenstein Marchand Melançon avec une baisse de 6,9%, toujours selon le classement des Affaires.
Plus révélateur, sur les 5 dernières années, certains cabinets ont augmenté leurs effectifs de plus de 50% comme Langlois et Therrien Couture.
La croissance n'est d'ailleurs pas prête de s'arrêter, puisque selon les résultats d'un sondage publié sur le site The Canadian lawyer magazine, 63% des personnes interrogées ont déclaré que leur cabinet prévoyait d'embaucher de nouveaux praticiens au cours des six prochains mois.
«Les résultats au Canada étaient très cohérents, en particulier avec ce que nous constatons partout en Amérique du Nord. Il y a certainement de l’optimisme quant à la demande d’embauche », déclare Charles Volkert, président de Robert Half Legal.
Le domaine d’activité le plus prometteur est le droit des sociétés, suivi du litige, du droit de la confidentialité, de la sécurité des données et de l’information, selon l’enquête.
La tendance est confirmée par Dominique Tardif, présidente de ZSA Québec.
« On sent une augmentation des embauches en cabinets depuis quelques mois. C’est un marché très, très actif actuellement», dit Mme Tardif.
Pour Mmes Danielle et Jade Montpetit, respectivement présidente de Montpetit et directrice recherche de talents, cela s'expliquerait par la bonne santé économique du Québec.
Danielle Montpetit souligne que si tous les secteurs du droit sont concernés, le droit des affaires est encore plus en demande.
« A cela s’ajoute la même tendance « d’exode » des avocats vers les postes en entreprise, ce qui accentue le besoin, particulièrement en droit des affaires pour les avocats salariés de niveau intermédiaire : c’est une denrée de plus en plus rare», ajoute Dominique Tardif.
Son confrère ontarien abonde dans le même sens, mais il évoque également les nouveaux rôles juridiques non traditionnels qui sont au cœur de la demande.
Toutefois, la demande provient plus des petites et moyennes entreprises que des grandes et, mis à part la croissance continue des départements juridiques internes, le nombre de consultants en contrat court est également en forte croissance, explique M. Volkert.
On recrute donc, mais pas n'importe qui. En plus d'avoir une certaine expérience (entre 5 et 7 ans), les cabinets veulent des professionnels qui ont déjà un bon portefeuille d'affaires.
Outre les connaissances juridiques, les répondants au sondage expliquaient chercher aussi certaines compétences technologiques. Ainsi, le bassin de recrutement se resserrerait : 90% ont déclaré que la recherche d'avocats qualifiés était «quelque peu ou très difficile».
Mme Tardif assure que la pénurie de main-d’œuvre se fait ainsi aussi ressentir dans le milieu du droit, et ce tant dans les cabinets que dans les entreprises.
Pourtant, Me Rainville assure ne pas avoir de mal à recruter et que généralement, les candidatures sont de bonne qualité.
Alors, un nouveau job pour cet été?