Vent de jeunesse chez Bernier Beaudry
Mathieu Galarneau
2019-11-19 15:00:00
Le Barreau 1975 avait commencé à préparer son départ sur une longue période, explique son fils Jérôme, Barreau 2005, qui agit maintenant à titre de président de la société qui regroupe 17 avocats et notaires.
« Autour de 2007, Roger a entamé le processus de relève en invitant des jeunes prometteurs à souscrire à l'actionnariat. On a travaillé fort ensuite pour le transfert de la clientèle. Roger a fait des efforts importants pour transférer ses contacts clients à notre gang pour assurer le suivi et la pérennité de la clientèle », se remémore Jérôme Beaudry, en entrevue avec Droit-inc.
C’est donc une dizaine d’années plus tard que les véritables discussions de rachat ont commencé. Roger Beaudry détenait environ 80% du cabinet, alors que Martin Simard était déjà actionnaire.
« Comme dans d'autres domaines, le transfert s'est fait avec des hauts et des bas! Pour Roger, le bureau c'est son bébé, comme n'importe quel entrepreneur. Quand il a pris la décision de vendre, et que nous étions prêts à acheter, ça s’est fait par consensus. »
Une vision mise à jour
Il n’était pas question de tout jeter par terre et bâtir à neuf. C’est plutôt une mise à jour de la vision de l’entreprise qui s’est opérée au cours des dernières années.
« Notre but, c'est de servir les PME et les entrepreneurs derrière ces PME dans tous les aspects juridiques de leur vie, d'où la nécessité d'avoir des notaires, et de là aussi l'idée de lancer une filiale en immigration », explique le président.
Cette filiale est d’ailleurs « avant-gardiste » dans la région de Québec, estime Jérôme Beaudry. « On a été le premier cabinet avec une vision en immigration en bonne et due forme, avec une clientèle ciblée d'entreprises. » Une stratégie qui paye aujourd’hui, laisse-t-il entendre.
Comme Bernier Beaudry vise la clientèle des PME, il était naturel de procéder à une expansion dans une région à forte concentration d’entrepreneurs. C’est ce qui a mené l’affiliation de Lessard Vézina le 19 novembre 2018.
Une autre façon de se rapprocher de la réalité des entrepreneurs était d’opter pour des modes alternatifs de rémunération.
« Les clients aiment savoir dans quoi ils s'embarquent quand ils font affaire avec un avocat. Ils aiment voir que leur avocat prend aussi une part du risque, alors que quand on est à taux horaire, on facture ce qu'on travaille et on collecte en conséquence. À forfait ou sur une banque d'heures, ils sont reconnaissants car ils voient qu'on est prêt à prendre une part du risque pour les accompagner. »
Place aux jeunes!
Avec une direction résolument jeune, la vision du travail a également évolué chez Bernier Beaudry. La conciliation travail-famille est certainement au coeur des préoccupations.
« Contrairement à de grands cabinets, on ne vise pas 1800-1900 heures facturables par année. On a des objectifs plus réalistes. Ça permet à notre monde d'avoir une qualité de vie autour de leur pratique. Ça se traduit par de la flexibilité dans nos horaires, le nombre d'heures qu'on demande, et la flexibilité au niveau des congés. »
Le cabinet souhaite également faire une place à ses jeunes afin qu’ils développent leurs relations d’affaires. « On croit beaucoup au fait qu'un jeune avocat en pratique privée a tout avantage à se développer un réseau de contacts rapidement qui va lui permettre de faire croître sa pratique. »
Mais pas sans les « vieux »!
Mes Roger Beaudry et Michel C. Bernier ne sont pas pour autant à la retraite. Les deux experts agissent maintenant comme avocats-conseils, en plus d’être ambassadeurs de la marque.
« On veut qu'ils continuent à faire rayonner le bureau dans notre marché comme ils le faisaient avant. Ils ont un très grand réseau et ils ont encore du jus à donner, on ne veut pas s'en passer! »
Est-ce que le cabinet accueillera une autre génération de « Maître Beaudry » dans une vingtaine d’années?
« C’est trop tôt pour présumer de quoi que ce soit. Ils feront leur choix rendu là! » conclut l’avocat en rigolant.