Une juge administrative perd son appel
Delphine Jung
2021-03-01 13:15:00
Me Gagnon avait une première fois été sommée de se retirer en 2012 afin de rattraper son retard. Ainsi, un délai lui a été octroyé pour y remédier.
De retour sur le banc à la Section des affaires sociales du TAQ en 2014, Me Gagnon est toujours incapable de rendre un jugement à temps. Elle était « incapable de rédiger des motifs dans plus de 427 des 447 dossiers entendus », et ce, malgré l’aide fourni par le tribunal, à savoir des stagiaires, des secrétaires, etc.
Finalement, en mai 2020, le comité d’enquête du Conseil de la justice administrative a recommandé sa destitution, ce qui était une première au Québec. La décision a été entérinée par le conseil exécutif.
Il est reproché à la juge Gagnon de « ne pas se conformer aux prescriptions de la Loi sur la justice administrative en matière de délibéré et de passer outre aux directives relatives à son obligation de demander des prolongations de délai ».
Un document de cour indique que Me Gagnon était « incapable de rendre ses jugements dans les délais impartis et de ne pas avoir demandé des prolongations du délai pour délibérer lorsque requis ». Le juge Jacques G. Bouchard qui a pris en charge ce dossier évoque une « situation extraordinaire et inusitée ».
Plutôt remonté contre sa collègue, le juge Jacques G. Bouchard ajoute que Me Gagnon ne « semble pas sensible aux difficultés que ses retards peuvent causer aux justiciables », qu’elle « manque de considération et de respect à l’égard du travail de ses collègues », qu’elle a un « manque constant de méthodologie et de rigueur », qu’elle « n’admet jamais sa responsabilité pour ses retards » et accuse plutôt son entourage pour se justifier.
Pour faire tomber la destitution, la juge Gagnon a indiqué que le Conseil de la justice administrative ne l’avait pas avisée de la possibilité d’être destituée. D’après La Presse, Me Gagnon est aussi convaincue qu’on lui impose les dossiers « les plus difficiles » pour pouvoir la « prendre en défaut ». Ses arguments n’ont pas réussi à convaincre le juge Bouchard.