Nouvelles

Interdite d’allaiter au Centre Eaton

Main image

Gabriel Poirier

2022-03-25 10:15:00

Une maman détentrice d’une maîtrise en droit s’est vue interdire d’allaiter au Centre Eaton, un droit pourtant considéré comme fondamental…
Isabelle Côté. Source: Facebook
Isabelle Côté. Source: Facebook
L’incident s’est tenu samedi dernier, au Centre Eaton : Isabelle Côté, qui allaitait son bébé, s'est vue demander d’arrêter par une agente de sécurité, rapporte l’Agence QMI.

L’agente de sécurité, soutenue par son superviseur, lui aurait demandé de se rendre dans une salle d’allaitement privée du centre commercial, une situation qu’Isabelle Côté peine à expliquer.

« J’étais au début vraiment surprise, ce qui m’a poussé à lui demander de répéter son point. Face à son insistance, je suis devenue plus fâchée et revendicatrice. J’avais le sentiment, avec mon expérience en droit, que sa demande était certainement illégale », explique-t-elle à Droit-inc.

Celle qui nous a parlé entre deux entretiens ajoute qu’elle a fini par se sentir « mal à l’aise » et « intimidée ». « Je ne voulais pas créer une scène (...) J’ai (donc) préféré quitter le centre commerciale ».

Une publication plus loin…

Il n’en fallait pas plus – une publication Instagram et Facebook plus loin – pour que les réseaux sociaux s'enflamment.

Mme Côté, qui dénonce une situation qu’elle qualifie d’« inacceptable » et d’« inconstitutionnelle », a obtenu de nombreuses marques de soutien. La preuve ? Un rassemblement aura lieu dimanche prochain au Centre Eaton pour contribuer à normaliser l’allaitement.

L’événement, dont au moins 114 personnes ont confirmé leur présence, vise à réunir des mères et leur enfant le temps d’une séance d’allaitement. Il est organisé par Valérie Laframboise et Gabrielle Charest, deux mamans interpellées par l’histoire d’Isabelle Côté.

Le rassemblement pourrait se dérouler près des magasins Sephora et Uniqlo, à la suggestion du centre commercial, indique La Presse.

« Ce n’est pas du tout mon initiative, mais je compte être présente, ajoute Mme Côté. Je crois que l’enjeu a évolué, car la population semble maintenant bien comprendre qu’il est légal d’allaiter son enfant en public. Maintenant, il faut montrer que nous pouvons le faire n’importe où, n’importe quand. »

Lisez la publication de Mme Côté.


Source : Isabelle Côté / Facebook

Plainte à la Commission

Interpellée par la situation, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a tenu à rappeler que la jurisprudence reconnaît l’allaitement comme étant protégée par la Charte des droits et des libertés de la personne et la Charte canadienne des droits et libertés.

Isabelle Côté a choisi de suivre leur conseil et de porter plainte auprès d’eux. Pas pour obtenir de l’argent, mais bien pour « changer » les choses.

Mme Côté vise maintenant la « cessation » du geste qui lui a été reproché. Elle demande au Centre Eaton de s’engager à ne plus faire de « discrimination » et d’« intimidation » pour les mères qui allaitent en public.

Elle aimerait aussi que le centre commercial adopte des « gestes concrets » pour faire la promotion de l’allaitement en public.

« Mouvement allaitement Québec propose plusieurs initiatives. Le Centre Eaton pourrait par exemple installer des affiches pour rappeler aux mères qu’elles peuvent allaiter (en public, NDLR). Il y a aussi la ''Route du lait'', une carte interactive, qui permet aux mères d’identifier les commerces où elles peuvent allaiter sans être contraintes d’acheter quelque chose. »

Isabelle Côté voudrait enfin que le Centre Eaton promeuve la semaine internationale de l’allaitement, de la même façon qu’il promeut la journée internationale du droit des femmes, en plus d’effectuer un don à l’organisme Allaitement Québec.

Précisons que le Tribunal des droits de la personne a conclu en 2005 que d’empêcher une femme d’allaiter dans un lieu public constitue une discrimination basée sur le sexe.

Mme Côté est présentement résidente en psychiatrie au Centre universitaire de Santé McGill.

Silence radio

La société Ivanhoé Cambridge, propriétaire du Centre Eaton, n’avait pas répondu à notre demande d’entretien au moment d’écrire ces lignes, tout comme la directrice du Centre Eaton, Mélyssa Houle.

À La Presse, l’entreprise a indiqué par courriel être « désol(ée) de la situation » et des « difficultés que la cliente aurait pu rencontrer lors de sa visite ».

Mme Houle a pour sa part mentionné par écrit au quotidien que le Centre Eaton « encourage l’allaitement maternel dans toutes ses aires communes, tel que prescrit par la Charte des droits et libertés québécoise et canadienne ».

Elle a aussi précisé que les employés du centre commercial auraient été rencontrés afin de « réitérer les politiques en vigueur en matière d’allaitement dans les aires communes ».
5083
7 commentaires
  1. Pirlouit
    Pirlouit
    il y a 2 ans
    Un peu pudeur
    Si c'est si difficile d'aller dans la petite salle pour allaiter, vous pouvez aussi le faire avec un mini drap.

    Mais bon, je vais probablement aller faire un tour au centre Eaton en fin de semaine.

    Au fait, cette situation n'a rien à voir avec de la discrimination, c'est vraiment pousser l'activisme.

    • Franchement
      Franchement
      il y a 2 ans
      Mini drap?!
      Avez-vous déjà allaité pour dire une telle chose?! Ce n’est pas du tout agréable pour certains bébés de se faire recouvrir lorsqu’ils se NOURRISSENT. Mettez-vous donc un sac de papier sur la tête pour manger votre sandwich, c’est vraiment pratique vous allez voir. Ce n’est pas une question de pudeur, c’est une question de pouvoir procéder au geste le plus naturel qui soit sans devoir se cacher dans une pièce pour épargner les pauvres personnes qui pourraient être choquées dans une société qui juge chaque aspect de nos comportements. Quel discours réducteur franchement!

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 2 ans
      Un peu de pudeur?
      Dites, vous n'allez pas nous faire croire que pendant toutes les années de votre existence pendant lesquelles il était nécessaire de vous allaiter, ceci a été fait derrière des portes closes? Étiez-vous un bébé qui avait seulement faim à des heures précises ou qui s'abstenait de l'être quand il savait que maman était dans un endroit public?

  2. Jos
    Pudeur, vraiment?
    Un peu de pudeur? Êtes-vous sérieux? Il n'y a rien de plus naturel qu'une femme qui allaite son enfant. Ce sont les caucasiens masculins d'Amérique du Nord qui ont fait des seins un objet de désir, un objet sexuel.

    Clairement encore beaucoup de chemin à faire avec de tels raisonnement.

    • Pirlouit
      Pirlouit
      il y a 2 ans
      Chassez le naturel
      Où est-ce que j'ai dit que c'était pas naturel ?

      Uriner ou copuler c'est aussi un acte naturel, ça veut pas dire qu'on le fait en public.

      Bien essayé

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 2 ans
    "cette situation n'a rien à voir avec de la discrimination"
    Cette situation a tout à voir avec le power trip de l'agente de sécurité à l'origine de cette affaire.

    Un(e) agent(e) de sécurité est habituelement un(e) looser ayant échoué à entrer dans la police, payé(e) près du salaire minimum, et qui passe ses frustrations en jouant au boss de bécosses. C'est fou ce que l'habit bleu et l'insigne à 25 cennes peuvent monter à la tête de ces gens qui ne sont pas agents de la paix, et dont les pouvoirs de détention sont identiques à ceux du commun des mortel.

    L'année dernière, au centre-ville, une voiture de Garda m'a coupé à grande vitesse alors que j'étais dans la voie de droite, afin d'avoir l'espace suffisant pour faire U-turn en plein milieu de la rue Peel, en plein après midi d'un jour de semaine. Ces gens là ont l'habitude de se prendre pour d'autres.

  4. DSG
    Makes me wonder
    You have to stop and think about how sick our world is when people are disturbed by a woman performing such a natural act as feeding her baby.

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires