Fusions-acquisitions : l’heure du ralentissement?
Camille Dufétel
2022-10-13 14:15:00
Misetich Dann, Christian Gauthier et Harinder Basra de Bennett Jones LLP ont d’ailleurs signé un article de blog à propos du paysage canadien des fusions-acquisitions, dans lequel ils précisent que « des transactions sont en cours et des opportunités sont là », mais que « les investisseurs font preuve de retenue » et que « le temps de conclure une transaction à tout prix est révolu ».
« Il y a effectivement un ralentissement par rapport à ce que l’on a vécu dans les deux dernières années, confirme à Droit-inc Charles Spector, associé au sein du groupe de droit des sociétés du bureau de Montréal de Dentons. Mais pendant ces deux années, c’était presque de la folie furieuse. Il y avait tellement de transactions, c’était même vraiment difficile ! »
En 2020 et en 2021, les taux d’intérêt demeuraient intéressants, selon Charles Spector. Le marché boursier, à l’époque, a aussi aidé. « C’était attrayant à la fois pour des acheteurs financiers et pour des acheteurs stratégiques », remarque-t-il.
Incertitudes
Depuis, la configuration n’est plus la même. Les taux d’intérêt ont augmenté, et « toutes sortes de raisons géopolitiques » ont fait en sorte, d’après l’associé, qu’il y a eu une légère baisse dans le volume. En particulier dans les quatre derniers mois, a-t-on remarqué chez Dentons.
Charles Spector évoque en particulier, pour ce qui est des raisons géopolitiques, la guerre en Ukraine et les craintes que celle-ci, qui a notamment un impact sur les coûts de l’énergie, dure encore longtemps. « On se rend compte aussi que cela peut arriver n’importe où », affirme-t-il.
L’inflation a aussi un effet très important, et ajoute un risque additionnel, d’après l’associé qui remarque que les effets de la pandémie jouent un rôle dans ce ralentissement. Il donne l’exemple de ceux qui ont quitté leur emploi sur la base du « quiet quitting », ou démission silencieuse.
Retour à l’avant-pandémie ?
Le rythme des transactions est désormais, d’après Charles Spector, à peu près le même qu’avant la pandémie. Mais il dit avoir aujourd’hui davantage affaire à des acheteurs stratégiques qu’à des acheteurs financiers.
Les avocats de Bennett Jones précisent dans leur billet, pour leur part, que les neuf premiers mois de 2022 ont quand-même vu un volume de transactions plus élevé que celui de l’année 2018 dans son ensemble.
Récession à venir
Malgré tout, des défis importants sont à prévoir pour les trois derniers mois de 2022, à l’heure où les banques centrales du monde entier continuent d’augmenter les taux d’intérêt dans leur lutte contre l’inflation, d’après les avocats de Bennett Jones LLP.
« Si je me fie aux économistes, bien plus au courant que moi des statistiques, j’estime qu’une récession est possible, peut-être pas trop sévère, dans les prochains six à neuf mois », ajoute Charles Spector.
Cela n’a pour l’instant aucun impact sur les embauches à venir au sein de Dentons, d’après l’associé, qui précise que le cabinet est satisfait de ses performances.
Pour les avocats de Bennett Jones, « ce qu’il faut, c’est la stabilité, afin que les acheteurs et les vendeurs puissent avoir une meilleure idée des prix, de l’exécution et des risques ». C’est ce qui permettra de définir « de nouvelles bases de référence pour les performances post-pandémiques des entreprises et de leurs industries ». Pour eux, « ce n’est pas si, c’est quand ».
Avocat sain d'esprit
il y a 2 ansComme citoyen et juriste, je m'interroge sérieusement sur la santé mentale des avocats qui se disent ''passionnés des fusions-acquisitions''.
Un dossier à surveiller.