Un cabinet s’implante au Québec et pige chez BLG!

Sonia Semere
2025-04-16 15:00:50
Un cabinet renforce son expertise en droit autochtone en s’établissant au Québec et en débauchant un expert québécois en la matière… Rencontre.
Le cabinet spécialisé en droit autochtone JFK Law, basé en Colombie-Britannique, poursuit son expansion à l’est du pays.

Et le cabinet ne fait pas les choses à moitié : pour marquer cette nouvelle étape, il accueille dans ses rangs l’un des experts les plus en vue de la province dans ce domaine : Me Nadir André du cabinet BLG.
Ce dernier est accompagné de ses collègues Me Lauren Daniel et Me Isabelle Simard.
Qu’est-ce qui l’a motivé à quitter un grand cabinet pour rejoindre un cabinet boutique? Comment cette décision s’inscrit-elle dans la stratégie d’expansion de JFK Law au Québec et dans l’Est du pays ?
Quelle expertise spécifique compte-t-il apporter au sein du cabinet? Droit-inc a discuté avec l’associé.
Après 12 ans de pratique chez BLG, qu'est-ce qui vous a poussé à opérer un tel tournant dans votre carrière?
Je tiens d’abord à rappeler que BLG et moi, nous maintenons d’excellentes relations. Je ne claque pas la porte et je n’ai pas été mis à l’écart. Il s’agit simplement d’une évolution naturelle de ma pratique.
Quand je suis entré chez BLG, on était en pleine effervescence autour du Plan Nord au Québec et du Ring of Fire en Ontario. Ces projets impliquaient une forte demande en droit autochtone, notamment dans les domaines minier et énergétique. Le contexte justifiait alors mon intégration dans un grand cabinet.
Ma pratique, elle, est restée axée sur le droit autochtone. J’ai donc réalisé qu’elle s’alignait davantage avec celle d’un cabinet boutique comme JFK Law.
Je continuerai néanmoins à collaborer avec BLG pour les services spécialisés, notamment en matière de fiducie et de droit du travail.
Qu’est-ce qui vous a séduit chez JFK Law?
JFK Law est un cabinet qui ne fait que du droit autochtone. Ils m’ont approché en me présentant une vision très claire : devenir le premier cabinet national autochtone d’un océan à l’autre.
C’était exactement ce que je cherchais : une pratique spécialisée, engagée, et avec une portée nationale. Mon propre plan d’affaires visait justement à développer la pratique dans les provinces atlantiques, un territoire encore peu desservi sur le plan du droit autochtone. JFK me donne les moyens de concrétiser cette ambition.
Vous passez d’un grand cabinet national à un cabinet boutique, qu’est-ce que ça va changer dans votre pratique?
Chez BLG, nous étions une douzaine à temps plein dans mon domaine. Chez JFK Law, on parle de près de 50 avocats exclusivement dédiés au droit autochtone. Je me retrouve entouré de collègues qui partagent exactement la même spécialisation que moi, ce qui ouvre énormément de possibilités en litige, en négociation ou encore en gouvernance.
Vous êtes accompagné de deux collègues dans cette transition…
Oui, Mes Lauren Daniel et Isabelle Simard ont travaillé à mes côtés chez BLG. Dès son arrivée chez BLG, Me Simard a démontré un très grand intérêt pour le droit autochtone. Elle a travaillé sur pratiquement tous mes dossiers. Son champ de pratique, c’est le litige. C’est ce qui la passionne, et c’est aussi ce qui l’a attirée chez JFK Law.
Ils ont remporté plusieurs victoires importantes donc Me Simard y trouve un environnement parfaitement aligné avec ses forces.
Et du côté de Me Lauren Daniel, elle était au bureau de BLG à Toronto. Elle a une spécialisation plus axée sur le droit des sociétés et m’a accompagné dans plusieurs négociations commerciales, notamment avec des compagnies minières, ainsi que dans des dossiers de revendications territoriales.
Quels sont les besoins spécifiques du marché juridique québécois dans le domaine du droit autochtone?
Au Québec, la réalité est bien différente de celle des provinces de l’Ouest. Là-bas, il existe un nombre significatif de cabinets boutiques spécialisés en droit autochtone. Ici, ce type de structure est beaucoup plus rare.
À part le cabinet Dionne Schulze, situé à Montréal, qui fait du droit autochtone depuis plusieurs années — et le fait très bien —, il n’existe pratiquement aucun autre cabinet boutique autochtone au Québec avec cette envergure. Dionne Schulze se concentre principalement sur le marché québécois, ce qui est très pertinent, mais ça reste une offre régionale.
Donc il y avait un vide à combler au Québec en matière de pratique autochtone nationale?
Jusqu’à maintenant, toutes les tentatives de créer un cabinet national de droit autochtone avec une présence au Québec ont échoué ou se sont arrêtées en Ontario. Il y a un vrai besoin pour une structure juridique qui opère à l’échelle pancanadienne, mais qui est aussi ancrée dans la réalité québécoise.
Pourquoi est-ce si difficile pour les cabinets nationaux de s’implanter ici?
Il y a plusieurs spécificités juridiques et linguistiques : le droit civil, le français obligatoire, les règlements du Barreau du Québec… Ce sont des éléments qui peuvent freiner l’élan d’un cabinet basé en Colombie-Britannique ou en Ontario.
Avec notre intégration chez JFK, on vient solidement positionner le cabinet au Québec. C’est une étape essentielle pour atteindre pleinement le marché de l’Est du pays. On apporte à JFK une connaissance du terrain, une capacité d’agir en français et en droit civil, et une vraie crédibilité locale.
Quelle est l’expertise spécifique que vous avez développée au fil des ans chez BLG et que vous souhaitez maintenant mettre au service de JFK Law?
Une de mes expertises les plus pointues, c’est le domaine des revendications particulières. Il s’agit de litiges portant sur des violations de la Couronne, fédérale ou provinciale, notamment en lien avec la Loi sur les Indiens, des cessions ou ventes illégales de terres de réserve, ou encore des non-respects de traités.
Ce qui est intéressant, c’est que le tribunal des revendications particulières est une juridiction fédérale, donc même si je suis inscrit au Barreau du Québec, je peux représenter des nations autochtones partout au Canada. J’ai d’ailleurs des clients au Manitoba, en Ontario et dans l’Est du pays dans ce genre de dossiers.
Est-ce que vous comptez recruter d’autres talents dans les mois ou années à venir? Comment s’organise votre implantation au Québec?
Pour l’instant, le bureau de Montréal n’est pas encore ouvert, on est en plein processus. Mais c’est très clair dans notre plan de développement : l’objectif est de consolider une équipe forte au Québec.
ouf
il y a un jourLe logo est... douteux