Turcotte déchaîne la Toile
Agnès Wojciechowicz
2011-07-27 14:15:00
Pendant près de trois mois, le procès de Guy Turcotte a déchaîné les passions dans le pays, passions que le verdict n'a fait qu'exacerber encore un peu plus. Ceux qui s'en sont rendu compte, ce sont deux adolescents de 14 ans, Laurie et Jim, qui, le jour de la décision de justice, ont spontanément ouvert une page Facebook au titre évocateur ''Contre le verdict du procès de Guy Turcotte'' et qui compte aujourd'hui quelques 27 700 "fans".
Une page Facebook qui a nécessité que les deux ados y consacrent les deux tiers de leur temps, rapporte La Presse. " Au départ, c'était 14, 15 heures par jour", a confié Laurie au quotidien. Une grande partie de la journée pour ce que l'adolescente qualifie de "cause", soit l'envie de réforme du système judiciaire et la protection des enfants. Car pour eux, c'est une "vraie question" que celle relative à la manière de "gérer les procès de criminels", précise Jim. Et devant le succès de leur entreprise, ils organisent samedi 6 août, une manifestation devant le palais de justice de Montréal pour réclamer le changement du système judiciaire.
Mais la page créée par les deux ados, n'est pas la seule. Les pages ont inondé le Web, recueillant les commentaires les plus divers sur le procès et son verdict, révélant l'intérêt du public pour cette affaire. Certains internautes réclamant le retour de la peine de mort. D'autres comme les deux ados, une réforme de la justice.
D'autres, à l'instar de Chantal Rondeau ont choisi de rendre hommage à Isabelle Gaston. Elle a ainsi diffusé sur Youtube un montage photos de la famille, convaincue que, "quelqu'un, quelque part, n'a pas fait son travail" dans ce procès.
Pour Roxane de la Sablonnière, professeure agrégée au département de psychologie de l'Université de Montréal, les réactions engendrées par cette affaire, annonce une réflexion en profondeur de la société québécoise: "le verdict envoie comme message que, dans le fond, l'inacceptable peut devenir acceptable. Mais il y a une limite que les gens ne sont pas prêts à dépasser."
Et de conclure : "il y a peut-être une question sur la normalisation de la violence à se poser. Ça va peut-être clarifier ce qu'on est, comme société."