Décès de l’avocate des grands divorces

Une avocate réputée pour sa combativité dans les affaires de divorces des gens fortunés est décédée. Qui était-elle?

Micheline Parizeau s’est éteinte à l’âge de 80 ans.

L'avocate avait obtenu certaines célébrités en représentant les ex-épouses d'hommes fortunés dans les années 1980 et 1990, puis au cours des dernières années.

Ses méthodes pugnaces, alimentant des guérillas judiciaires coûteuses, suscitaient la crainte des parties adverses..

Au début des années 1990, des juges ont dénoncé ses méthodes dans leurs jugements.

Puis, plusieurs accusations déontologiques ont été portées. Me Parizeau avait répliqué, notamment par une poursuite contre le Barreau. Elle avait finalement été reconnue coupable de confection de fausse preuve, de parjure et d'exagération grossière des réclamations d'une de ses clientes.

Démêlés avec le Barreau

En 2001, Micheline Parizeau a été radiée du Barreau pour cinq ans. Elle était défendue par Me Julius Grey face à l’avocat du syndic Me Michel Jolin.

Julius Grey avait plaidé que sa cliente avait fait avancer le droit de la famille. Si elle défendait avec acharnement ses clients, Me Grey avait souligné qu’il est nécessaire que les avocats puissent défendre pleinement, sans craindre d’être mis sur la défensive.

Sa radiation prononcée, Micheline Parizeau avait déménagé en Alberta, car elle était aussi membre du barreau de la province.

En 2005, la radiation prend fin. Micheline Parizeau demande sa réinscription au Barreau du Québec. Sa demande est rejetée avant que le Tribunal des professions ordonne sa réinscription en décembre 2008.

Mais le Barreau persévère et obtient à nouveau le rejet de l’inscription devant la Cour supérieure. Me Parizeau se tourne vers la Cour d'appel qui lui donne raison. Le Barreau ne lâche toujours pas l'affaire et demande à être entendu par la Cour suprême. Le plus haut tribunal au pays refuse la requête du Barreau. L'avocate retrouve son droit à exercer en 2012, soit sept ans après la fin de sa radiation temporaire.

Hommages et Souvenirs

L’avocate Caroline Keryakas laisse un hommage vibrant à la défunte sur l’avis de décès: « Maître Micheline Parizeau, Vous avez été mon maître de stage et la première personne qui m'a appris tant de choses dans le monde juridique, jusqu'à ce que vous me voyiez prêter serment en tant que membre du Barreau. Je vous serai éternellement reconnaissante d'avoir appris de vous le vrai sens du travail acharné, des longues heures, de la justice, de la résilience, des affaires urgentes, et aussi de sages leçons de vie. »

De son côté, Hélène Le Bel, juge retraitée de la Cour supérieure, écrit: « Me Parizeau était une plaideuse redoutable. Je l'ai vu faire des contre-interrogatoires absolument remarquables. Quand elle entreprenait un dossier, elle ne lâchait pas. Bien sûr, ses honoraires étaient élevés mais elle était toujours bien préparée. Les autres avocats et les clients et clientes qu'ils défendaient ne l'aimaient pas et ça se comprend. Il est regrettable que le syndic du Barreau soit intervenu mais…"

L'époux de Micheline Parizeau, Roger Peryer, décédé il y a deux ans, était le premier avocat britannique à être devenu membre du Barreau du Québec.

« Avocate jusqu’à la dernière heure, on se souviendra d’elle pour sa détermination, son charmant sourire, son incroyable audace et son éternelle vivacité » salue la famille dans l’avis de décès.

Micheline Parizeau laisse dans le deuil ses deux enfants et ses petits-enfants.