Nouvelles

Plus de 500 cabinets d'avocats s'unissent contre Trump

Main image

Thomas Vernier

2025-04-11 10:15:26

Face aux décrets présidentiels ciblant leurs confrères, des centaines de firmes juridiques apportent leur soutien à Perkins Coie...

Plus de 500 cabinets d'avocats ont officiellement apporté leur soutien vendredi dernier à leurs confrères ciblés par Donald Trump, déclarant que la récente répression présidentielle contre l'industrie juridique représente «une grave menace pour notre système de gouvernance constitutionnelle et pour l'État de droit lui-même», rapporte le New York Times.


Source : montage ChatGPT

Ces 504 firmes ont signé un mémoire d'«amicus curiae» (ami de la cour) déposé en faveur de Perkins Coie, le premier cabinet à avoir fait l'objet d'un décret présidentiel restreignant ses activités. Ce cabinet avait poursuivi l'administration Trump en justice, et un juge a temporairement bloqué l'ordre présidentiel qui menaçait sa capacité à représenter des contractants gouvernementaux et limitait son accès aux bâtiments fédéraux.

Mobilisation et Fracture au sein de la Profession

Toutefois, cette mobilisation révèle une fracture au sein de la profession. Aucun des dix plus grands cabinets américains en termes de revenus n'a signé le mémoire avant la date limite officieuse de mardi, et cette situation n'a pas changé vendredi. En fait, aucune des vingt premières firmes du classement d'American Lawyer n'a apposé sa signature, y compris des poids lourds comme Kirkland & Ellis, Latham & Watkins ou Gibson Dunn.

Ces derniers jours, quelques grandes structures ont néanmoins rejoint le mouvement, notamment Covington & Burling (28e du classement American Lawyer) et Arnold & Porter (47e). Deux autres grands cabinets également visés par des décrets et contestant ces mesures en justice, WilmerHale et Jenner & Block, ont également signé. Au total, près de 10 firmes du top 100 ont participé à cette initiative.

D'autres mémoires d'amicus curiae ont été déposés en soutien à Perkins Coie, dont un signé conjointement par l'ACLU et le Cato Institute, un think tank libertarien basé à Washington - une alliance inhabituelle entre des organisations généralement opposées sur l'échiquier politique.

Arguments Juridiques et Soutien Discret

Le mémoire rédigé par les cabinets d'avocats soutient que les décrets de Trump enfreignent la Constitution, violant les Premier, Cinquième et Sixième Amendements.

«Le pouvoir judiciaire doit agir avec détermination — maintenant — pour garantir que cet abus de pouvoir exécutif cesse», indique le document, rédigé par Donald B. Verrilli Jr., ancien solicitor general sous l'administration Obama.

«Quel que soit l'avantage à court terme qu'une administration peut tirer de l'exercice du pouvoir de cette manière, l'état de droit ne peut perdurer longtemps dans le climat de peur que de telles actions créent.»

La taille et le classement des cabinets n'ont pas été les seuls facteurs déterminants pour les signatures. La géographie semble également avoir joué un rôle crucial : les signatures proviennent principalement de firmes importantes à Washington et Chicago, mais pas de New York.

Sullivan & Cromwell n'a pas signé, pas plus que Skadden, qui a récemment conclu un accord avec Trump pour éviter un décret présidentiel. Paul Weiss, qui avait fait l'objet d'un décret avant de parvenir à son propre arrangement, est également absent des signataires.

Selon des sources proches du dossier, les grands cabinets new-yorkais qui se sont abstenus ne sont pas nécessairement opposés au principe. Ils soutiennent discrètement l'initiative, mais craignent que leur signature n'attire la colère de Trump et ne leur fasse perdre des clients, ou estiment que signer n'aiderait pas significativement Perkins Coie.

Certains cabinets non-signataires apportent néanmoins leur soutien aux firmes ciblées par Trump. Williams & Connolly représente Perkins Coie, tandis que Cooley défend Jenner & Block. WilmerHale est représenté par un éminent plaideur conservateur, Paul Clement.

Dans les trois cas, des juges ont temporairement bloqué les éléments clés des décrets présidentiels. Ces cabinets visés avaient tous des liens avec l'enquête sur le soutien de la Russie à la campagne présidentielle de Trump en 2016.

D'autres firmes ont choisi de céder aux exigences de Trump avant même d'être frappées par un décret. Au cours de la semaine dernière, Willkie Farr & Gallagher et Milbank ont tous deux conclu des accords promettant de consacrer 100 millions de dollars de travail pro bono à des causes soutenues par le président.

Le mémoire de Verrilli, co-rédigé par Nathan P. Eimer, un plaideur de Chicago, met en garde contre les dangers des décrets exécutifs et appelle les juges à intervenir.

«À moins que le pouvoir judiciaire n'agisse de manière décisive maintenant, ce qui était autrefois inacceptable deviendra rapidement une réalité brutale. Les entreprises comme les particuliers risqueront de perdre leur droit d'être représentés par les cabinets d'avocats de leur choix, et un profond gel sera jeté sur le droit, garanti par le Premier Amendement, de saisir les tribunaux pour obtenir réparation.»

6721
Publier un nouveau commentaire
Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires