Un autre avocat quitte Kaufman
Céline Gobert
2012-03-23 15:00:00
« J’avais peur qu’ils me demandent de partir sur le champ mais personne ne pouvait me remplacer. J’ai terminé ce que j’étais en train de faire, de façon professionnelle, et je suis parti le lendemain», explique Me Robert Harvey, qui a lui-même contacté Droit-inc pour parler de son départ.
Car Kaufman a renoncé à son préavis. Un « clean break » compréhensible, dit-il, « afin de ne pas faire traîner les choses ».
Toutefois, il le confie : personne ne lui a offert de lunch de départ, ni de montre en or. La nouvelle a même amené un vent de panique, « une consternation la plus totale » ainsi qu’« une mini polémique », confie-t-il.
« Ils pensaient : “ il ne partira pas, il va rester, on va bénéficier encore de ses talents pendant longtemps.” Certains collègues pensaient que j’avais été remercié, cela a amené beaucoup de conversations de photocopieuses. »
Pas d’avenir
Pour autant, ses trois années chez Kaufman, il ne les regrette pas.
« Ce fut trois belles années où j’ai grandi dans ma pratique, j’ai rencontré des clients et des dossiers géniaux. Je ne souhaite pas dire de méchancetés sur le cabinet, seulement des constats. »
Le premier de ces constats ? Kaufman n’a pas tenu ses promesses, dit-il.
« Je suis parti pour des questions d’ordre philosophique, idéologique. Je n’avais pas le futur que je pensais avoir. A ma lecture des choses, il n’était pas possible d’accéder à un partenariat ».
Joint par Droit-inc, Kaufman Laramée n'a pas souhaité s'exprimer pour cet article.
Me Harvey, après Me Polak, Me Stasio et Me Cianci, est le quatrième à quitter le cabinet en quelques semaines. Une vague étrange de départs. Liés ?
« Oui, il y a des problèmes chez Kaufman. Une boîte avec autant de turnover… ce n’est pas pour rien . »
Quels problèmes ? « Un problème important de respect de l’individu », explique l’avocat.
C’est donc au deuil d’un certain avenir qu’il doit faire face. Chose peu plaisante.
Un nouveau départ
« Lorsque l’on fait un deuil, on ne se sent pas bien, mais comme la vie arrange les choses de façon merveilleuse, il y a eu Colby Monet. »
Il rejoint alors, il y a deux semaines, Colby, Monet, Demers, Delage et Crevier - le même que Me Polak -, bureau qui contraste, selon lui, de façon frappante avec le précédent. Il y découvre des attitudes décontractées, une manière de travailler harmonieuse.
« Kaufman est plus une usine à produire des dossiers. »
A 44 ans, et après 11 années de pratique, l’avocat a tout simplement eu envie de penser à son propre bien, à celui de sa famille, de sa carrière.
« J’avais le besoin de pouvoir accéder à mes aspirations », dit-il.
Aujourd’hui, il exerce essentiellement en droit des affaires, fait des contrats, de l’immobilier locatif, commercial, des baux, du droit des marques de commerce, du corporatif.
« Mon dada, c’est les fusions acquisitions », dit-il. Ce n’est pas une nouvelle vie, disons que je suis passé un autre stade, un peu comme à l’adolescence, c’est une mutation. »
L’avenir, il le perçoit de façon très positive.
“ J’ai une belle relation avec les collègues, ... peut-être des futurs associés”, conclut-il.