Jacques Delisle a raconté s'être emporté lors d'une dispute avec sa femme
La Presse Canadienne
2012-05-09 19:27:00
Dans les minutes qui ont suivi l'arrivée de deux policiers envoyés à la suite d'un appel de M. Delisle, reçu vers 10h30, le magistrat retraité a confié qu'il s'était disputé avec elle, a raconté devant la Cour supérieure l'agent Jean-François Bégin, de la police de Québec.
Son collègue Richard Lord a pour sa part déclaré au tribunal que M. Delisle avait exposé les difficultés qu'il éprouvait en raison des soins requis par Mme Rainville, à demi paralysée du côté droit, qui se remettait difficilement d'une fracture de la hanche.
"Il m'a dit: 'Vous avez pas idée combien c'est dur de s'occuper de quelqu'un qui n'a pas toute son autonomie"', a rapporté le policier.
Selon M. Lord, l'accusé a expliqué que ce n'était pas ainsi qu'il voyait sa retraite, entamée quelques mois plus tôt au terme d'une carrière dans la magistrature qui l'a mené jusqu'à la Cour d'appel.
M. Delisle a expliqué aux policiers qu'il avait découvert son épouse morte, un revolver à côté d'elle, peu après l'avoir quittée pour faire une course à l'épicerie.
À l'agent Lord, l'ancien magistrat a exprimé des regrets concernant une dispute survenue juste avant son départ pour le commerce.
"Il a dit: 'Je savais que je n'aurais pas dû m'énerver ce matin. Je me suis emporté"', a déclaré le policier.
M. Delisle a cependant affirmé à l'agent qu'il n'avait pas "brassé" sa femme ce matin-là, soutenant ne l'avoir jamais brutalisée.
Avant leur arrivée sur les lieux du drame, les policiers avaient été informés qu'ils interviendraient à la suite d'un suicide. En arrivant dans l'appartement, ils ont aperçu Mme Rainville, âgée de 71 ans, gisant sur le dos, sur un divan.
Son bras gauche pendait vers le plancher et juste à côté de sa main se trouvait un pistolet, sur le tapis. La tête de Mme Rainville était tournée à droite, vers le dossier du divan, et les policiers ont vu un trou de près de 3 cm à sa tempe gauche.
Aux ambulanciers qui sont arrivés ensuite, M. Delisle leur a demandé de respecter les dernières volontés de son épouse en ne pratiquant pas sur elle les manœuvres de réanimation.
Mais l'agent Lord lui a expliqué qu'ils étaient légalement tenus de le faire, jusqu'à ce que le décès de Mme Rainville soit constaté par un médecin.
À l'hôpital, où il avait suivi l'ambulance transportant son épouse, M. Delisle a néanmoins reformulé la même demande à une infirmière, a rapporté aux jurés l'agent Bégin qui l'accompagnait. Puis, vers 11h40, un médecin est venu annoncer le décès de Mme Rainville à son mari.
À ce moment, a déclaré l'agent Bégin, M. Delisle était "ému, sous le choc". Avant de partir avec lui vers l'hôpital, constatant qu'il était pris de tremblements, le policier avait d'ailleurs demandé à un ambulancier de l'examiner pour s'assurer de son état.
Au palais de justice de Québec, la deuxième journée du procès a commencé, mercredi, par le contre-interrogatoire d'un technicien en scènes de crime de la police de Québec, Denis Turcotte.
L'avocat de l'accusé, Jacques Larochelle, a posé des questions sur les procédures suivies lors de l'expertise de la scène et de l'arme à feu qui a été trouvée sur les lieux.
M. Turcotte a reconnu qu'aucune empreinte digitale n'a été trouvée sur l'arme à feu qui a contribué à la mort de la dame. Il a affirmé aussi que l'expert en balistique n'avait pas cherché à savoir comment l'arme aurait pu être utilisée par quelqu'un d'autre que Mme Rainville.
Par contre, le policier a répété que, selon l'expertise, il ne pouvait expliquer comment la victime, à demi paralysée, aurait pu elle-même utiliser l'arme, qui appartenait à son mari.
Durant son témoignage de la veille, Denis Turcotte a affirmé que Mme Rainville a été atteinte à la tempe gauche et que la présence d'une marque noire sur sa main gauche avait immédiatement retenu son attention.
L'ancienne secrétaire du juge devrait être appelée à la barre des témoins dans les prochains jours par le procureur de la Couronne, Steve Magnan.
Ce dernier tenterait alors de démontrer que celle-ci était la maîtresse de l'ancien juge et que le septuagénaire avait songé à se séparer de sa femme puisqu'il avait de la difficulté à composer avec l'état de santé de celle-ci.