Charles Chevrette ne croit pas aux miracles !
Dominique Tardif
2012-07-18 15:00:00
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir une autre profession ?
J’étais, au moment des inscriptions, intéressé par le droit, l’histoire et la sociologie. J’ai choisi le droit pour en apprendre plus sur le fonctionnement des institutions et pour mieux comprendre la façon dont notre société fonctionne. C’est d’ailleurs ce même intérêt qui m’a par la suite amené à faire carrière en politique pendant une courte période. Même si le choix pour le droit m’a, à l’époque, bien fait hésiter, je peux dire aujourd’hui que je ne l’ai jamais regretté!
Compte tenu de mes intérêts, je me voyais davantage faire carrière en droit public qu’en droit privé. C’est seulement plus tard que j’ai pris la décision de m’orienter vers le droit des affaires : ayant fait un MBA avant le droit, le milieu m’intéressait depuis toujours. Quand j’ai eu l’opportunité de toucher aux affaires par l’entremise du droit, je n’ai simplement jamais voulu en sortir ensuite!
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Le plus grand défi et ce qui est le plus difficile et stimulant en même temps, est à mon avis de "bâtir sa pratique", et il y a bien des façons d’y arriver. C’est un défi que d’avoir un bon emploi et de saisir toutes les opportunités possibles pour démontrer sa compétence et son talent. Et c’est un défi d’un autre niveau que de savoir au surplus développer sa clientèle.
Et comment fait-on pour y parvenir ?
Je ne crois pas aux « recettes miracles », et pense qu’il faut savoir sortir des stéréotypes. Plusieurs pensent spontanément, quand il s’agit de développement de clientèle, à l’image de l’avocat qui se rend dans les cocktails et distribue sa carte d’affaires. Il y a pourtant bien des avocats qui ne procèdent pas de la sorte et qui ont des clientèles très bien établies. Il ne faut simplement pas essayer un modèle de développement qui ne nous sied pas. Pour réussir, je crois qu’il faut aussi un savant mélange d’expertise et d’engagement envers ses clients.
3. Quels sont selon vous les changements à anticiper au cours des années à venir quant à l’exercice de la profession en cabinet ?
Je crois que notre environnement continuera à se globaliser et à s’internationaliser. C’est une réalité inéluctable, bien que ça ne signifie pas que tout le monde en arrivera à des réponses similaires au sein de la communauté juridique. Certains bureaux restent en effet indépendant et réussissent très bien à ce jour, alors que d’autres choisissent d’autres avenues, comme la globalisation. Le Canada, avec sa solide performance économique et ses ressources, devient de plus en plus un choix d’intérêt pour les acteurs internationaux. Il sera donc intéressant de voir comment les changements façonneront l’échiquier canadien. S’il est encore trop tôt pour se prononcer, je crois qu’il n’en demeure pas moins qu’il y aura plusieurs façons de réussir, et aussi plusieurs façons de ne pas réussir.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis ?
La perception est à mon avis égale à ce qu’elle était auparavant, ce qui ne signifie pas qu’elle est là où elle devrait être. De façon générale, je ne crois pas qu’il y ait plus de problèmes au sein de notre profession qu’ailleurs. Ceci étant, l’accessibilité à la justice mine considérablement, il est vrai, la réputation d’une profession pourtant honorable. Les efforts qui sont faits pour améliorer l’accès pourront, je l’espère, aider à améliorer la cote des avocats.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière en cabinet et qui souhaite, comme vous, réussir ?
La première chose que je fais réaliser aux jeunes avocats avec qui je parle, est le fait que, dans une économie telle que la nôtre, de plus en plus de clients viennent à nous (les praticiens en cabinet) pour une expertise bien précise. On assiste en effet à une augmentation du nombre de postes d’avocats en entreprise, de telle sorte qu’un nombre croissant d’avocats d’une compétence égale ou dépassant celle des avocats de cabinet, s’y retrouve. Ces clients font donc dorénavant appel aux cabinets pour leur expertise très pointue dans un domaine de droit donné, ou encore pour exécuter un mandat dans des délais très courts.
Dans un tel contexte, il est nécessaire pour l’avocat en début de pratique d’identifier un domaine de pratique qu’il aime véritablement, et dans lequel il aura envie de s’investir, pour fournir une véritable expertise. Par ailleurs, la pratique en cabinet requiert un haut niveau d’engagement. Il est donc d’autant plus important de ne pas simplement choisir un secteur de pratique pour la simple raison que cela représente un secteur d’avenir qu’on aime plus ou moins, car il sera en ce cas difficile d’appareiller le niveau d’engagement nécessaire avec les exigences des clients.
En vrac…
• Le dernier bon livre qu'il ait lu : « Audacity to Win » de David Plouffe
• Il attend avec impatience… la sortie du prochain Batman, dans à peine quelques jours.
• Son péché mignon : le chocolat.
• Il adore aller : à Paris et plus récemment a été conquis par le Périgord.
• Le personnage historique qu’il admire le plus : René Lévesque
• S’il n’était pas avocat, il serait… historien, sans hésitation!
Me Charles Chevrette est associé directeur du bureau de Montréal de McMillan et pratique au sein du groupe de droit des sociétés et de droit commercial du cabinet. Me Chevrette est un chef de file au Québec en matière de capital d'investissement, de capital de risque, de fusions et acquisitions ainsi que de transactions transfrontalières complexes.
Chez McMillan, au cours des dernières années, Me Chevrette a été impliqué dans la constitution de plusieurs fonds et sociétés d'investissement tant au Canada qu'à l'étranger. Il agit régulièrement pour le compte d'investisseurs institutionnels dans le cadre de prises de participation, d'acquisitions, ainsi que de co-investissements de moyenne et de grande envergure.
Me Chevrette est particulièrement actif dans le domaine d'investissements lié aux technologies de pointe (technologies de l'information, télécommunications, biotechnologies, aéronautique et énergie) ainsi que dans le domaine des services financiers (dont le financement structuré). Il est notamment impliqué dans plusieurs co-investissements importants (30 millions de dollars et plus) effectués par des investisseurs institutionnels canadiens avec des fonds étrangers. Il a participé à un très grand nombre de financements de capital de risque en technologie et des acquisitions de sociétés, agissant tant pour des fonds de capital de risque, des investisseurs institutionnels, des universités que des sociétés en croissance. Me Chevrette agit comme conseiller stratégique pour le compte de plusieurs sociétés basées au Québec et comme conseiller juridique canadien pour plusieurs sociétés étrangères faisant affaires au Canada. Son expertise en droit des sociétés, ses relations continues avec des investisseurs institutionnels et son expérience politique lui confèrent des assises solides en matière de gouvernance des sociétés. Son expérience variée lui a permis de développer un vaste réseau de contacts dans le milieu des affaires québécois, ce qui l'amène fréquemment à être sollicité pour développer des relations entre des entités québécoises et la clientèle du cabinet située à l'extérieur du Québec.
Avant de se joindre à l'équipe de McMillan, Me Chevrette a notamment fondé une société de capital d'investissement, a ouvert son propre cabinet, Chevrette Labelle, et travaillé comme avocat chez BCF. Il a aussi été adjoint au chef de cabinet et conseiller politique du premier ministre du Québec et du chef de l'opposition officielle à la Chambre des communes. Me Chevrette est titulaire d’un M.B.A. de l’Université d’Ottawa et d’un baccalauréat en droit de l’Université de Montréal. Il est membre du Barreau du Québec depuis 1993.