Charest dit avoir été blanchi par Bastarache
La Presse Canadienne
2011-01-19 22:03:00
"Aujourd'hui, les Québécois peuvent être rassurés quant à l'intégrité du système judiciaire québécois, tout comme les femmes et les hommes qui occupent les fonctions de juge, lesquels ont vécu difficilement la dernière année alors que de fausses accusations ont semé le doute sur notre système de justice", a dit M. Charest, mercredi, en conférence de presse.
Sur un ton solennel, le premier ministre s'est montré très satisfait du contenu du rapport et s'est engagé à donner suite aux recommandations du juge Michel Bastarache sur les ajustements à apporter au processus de nomination des juges.
Le système actuel peut certes être amélioré, a reconnu M. Charest, mais il a permis jusqu'ici de nommer des magistrats qualifiés, a-t-il fait valoir.
Engagé dans une poursuite civile en diffamation contre Marc Bellemare, M. Charest s'est posé en victime de son ex-député de Vanier.
Marquée par les accusations de M. Bellemare, l'année 2010 "a été une des années les plus difficiles de ma vie sur le plan personnel", a déclaré le premier ministre, décochant du même souffle une flèche à l'endroit des médias.
"Les allégations et le traitement médiatique qui ont été faits m'ont causé des torts considérables, ainsi qu'au PLQ, au gouvernement et à la magistrature. Des torts qui vont mettre du temps à être réparés", a-t-il dit.
Les Québécois, du moins les contribuables, ont été largement mis à contribution pour sauver l'honneur du premier ministre.
La commission Bastarache a en effet coûté 6 millions $. M. Charest reconnaît l'importance de la facture mais refuse d'en assumer l'odieux.
"La commission aura coûté cher en termes de fonds publics et celui qui en est responsable c'est Marc Bellemare", a-t-il tranché.
De son côté, le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, a critiqué le rapport pour ne pas avoir suffisamment mis en lumière l'influence des grands argentiers libéraux "dans la gestion de l'État".
Du reste, M. Deltell juge que le premier ministre Charest est loin d'être blanc comme neige dans cette histoire.
"Pour nous, le problème ce n'est pas le processus de nomination des juges, c'est Jean Charest. (...) On estime que M. Charest et le gouvernement libéral n'ont pas procédé de façon correcte. Ils ont exercé une influence partisane sur la nomination des juges", a-t-il analysé.
À Montréal, la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a estimé pour sa part que le rapport Bastarache constitue une bonne base de réflexion pour la classe politique, en vue de rendre plus étanche à toute pression extérieure indue le processus de nomination des juges.
Mais surtout, le gouvernement libéral n'a pas de quoi pavoiser, a ajouté son collègue Amir Khadir.
"J'invite M. Charest à se ressaisir. L'attente principale de la population, c'est une commission d'enquête publique sur l'ensemble des allégations sur l'octroi des contrats publics, les nominations partisanes, l'octroi des permis", a-t-il soulevé.
Quant à elle, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, réagira au rapport jeudi matin, à Québec.
Par ailleurs, le Barreau du Québec s'est réjoui du fait que l'essentiel des recommandations émises par l'organisme ont été retenues dans le rapport Bastarache.
"Le public sort gagnant de cet exercice qui ajoutera de la transparence et de l'imputabilité au système actuel. Nous souhaitons que le gouvernement implante la majorité de ces recommandations avec diligence", a commenté le vice-président du Barreau, Louis Masson.
La mise en place d'un organisme indépendant au mandat bien défini, la publication des noms des membres du comité permanent de sélection (des candidats) ainsi que l'augmentation des critères de sélection "ne sont que quelques-unes des mesures qui amélioreront la transparence du processus, réduiront la possibilité de nominations partisanes et garantiront l'indépendance de la sélection", a-t-il poursuivi.