Bastarache

Marc Bellemare à TLMEP: Éthique ou non?

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René Villemure

2010-10-05 11:15:00

Marc Bellemare a fait un passage remarqué à Tout le monde en parle dimanche dernier. L'éthicien René Villemure se demande si cela pose un problème d'éthique?
"Tout le monde en parle" invite Marc Bellemare: parodie ou burlesque?
Voilà, la question est posée…

La Commission Bastarache, avec son lot de rebondissements composé d’analyses de versions de stylos et d’apparitions de disquette magique a de sérieux problèmes de crédibilité. À un point tel que le Commissaire a cru nécessaire de rappeler (de rappeler de nouveau, il faut le préciser…) que les parties impliquées devaient limiter leurs déclarations publiques et réserver leurs commentaires au cadre de la salle d’audience. Et voilà que la SRC décide d’ajouter à la difficulté de la Commission en invitant Monsieur Marc Bellemare à Tout le monde en parle.

En acceptant l’invitation de la SRC, Me Bellemare a-t-il un problème éthique?

En invitant Me Bellemare, la SRC a-t-elle un problème éthique?

Et si les deux parties avaient un problème éthique…

Me Bellemare n’est pas un novice en matière de procédure, il n’est pas sans savoir que sa participation à l’émission n’enfreignait aucune loi. On peut aussi affirmer que Me Bellemare maîtrise suffisamment le fonctionnement et les règles des commissions d’enquête et des tribunaux, c’est la raison pour laquelle ses réponses aux questions de l’animateur étaient laconiques; il ne voulait pas miner ses chances de succès devant la Commission ou devant les tribunaux civils. En participant à TMEP, il est raisonnable de croire que Me Bellemare espérait gagner quelques points dans l’estime des citoyens. Sur ce niveau, il a probablement eu raison mais il ne faudrait pas oublier l’autre versant de la colline : sa participation a miné l’autorité du commissaire Bastarache qui, avouons-le, a de plus en plus de difficulté à nous faire croire aux bénéfices éventuels de la Commission.

Conclusion pour Me Bellemare : sa participation était légale mais représentait une certaine faute éthique.

Le cas de la SRC est beaucoup plus simple. Faisant sciemment fi des directives du Commissaire Bastarache enjoignant les participants à ne pas faire de déclaration hors de l’enceinte, en ne recherchant que le sensationnalisme à tout prix et en n’ayant aucune forme de considération pour la justice ni pour l’apparence de justice, la SRC a décidé que c’était elle qui menait le monde et que, s’il y avait un problème éthique, ce serait celui de Me Bellemare…

S’étant posée en juge et partie, la SRC n’a pas semblé concevoir que son invitation pouvait constituer une faute de goût. Entre la grandeur et la petitesse, la SRC a choisi cette dernière. C’était une faute éthique importante.

En tentant de recréer ou de compléter la Commission Bastarache à TMEP, les producteurs ont présenté une parodie d’enquête qui pouvait, au mieux, ridiculiser la commission tout en ne demeurant qu’au niveau d’un burlesque raté.

La société d’état semble avoir oublié que son mandat devait inclure le bon goût, le vivre ensemble, un idéal de justice et, que ses responsabilités exigeaient, au moins, une apparence d’éthique.

On dit que les citoyens deviennent de plus en plus cyniques face à la chose politique. Des diffusions déplacées comme celle d’hier soir ne peuvent qu’alimenter ce cynisme et contribuer au désintéressement des citoyens.

Sur l'auteur
René Villemure a été le premier éthicien au Canada à s’intéresser à la gestion éthique des grandes organisations publiques et privées. En 1998, il a fondé l’Institut québécois d’éthique. On peut le suivre sur son site: http://www.ethique.net
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6 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 13 ans
    Crédible
    "Me Bellemare espérait gagner quelques points dans l’estime des citoyens. Sur ce niveau, il a probablement eu raison mais il ne faudrait pas oublier l’autre versant de la colline : sa participation a miné l’autorité du commissaire Bastarache qui, avouons-le, a de plus en plus de difficulté à nous faire croire aux bénéfices éventuels de la Commission"

    Who cares?! En bout de ligne, ce ne seront pas les conclusions de Bastarache qui vont compter et rester mais celles des citoyens du Québec.

    L'auteur joue à la vierge offensée. Comme médium d'information, qui se doit d'être indépendant de l'État, la SRC a bien joué son rôle. Elle n'a rien à se reprocher. Rien n'obligeait Bellemare d'accepter l'invitation à l'émission (tout comme rien n'obligeait les autres témoins à répondre aux questions des journalistes hors de la salle d'audience de la Commission) C'est un coup fumant pour la SRC, pour TLMEP et pour Guy A. Lepage.Bravo!

    Par ailleurs, à ma grande surprise, Bellemare a de fait été très crédible à TLMEP, bcp plus que je l'aurais cru. Dans mon cas, il a gagné bcp de points.

  2. Me
    Me
    >>>>>>> "Tout le monde en parle" invite Marc Bellemare: parodie ou burlesque?

    Avant d'analyser cette question, il faudrait retourner à la base. Bastarache: parodie ou burlesque? Puisque la réponse est "oui, les deux", en quoi le fait de parodier une parodie ou de faire du burlesque sur le dos du burlesque serait-il non éthique?

  3. Bonhomme Carnaval
    Bonhomme Carnaval
    il y a 13 ans
    Et moi?
    Et moi c'est quand que je suis invitée à TLMEP?

  4. lise
    TLMEP
    Je pense que le PM a commencer ce jeu en s,adressant en direct au public le lendemain du premier jour de témoignage de ME Bellemare et il a été suivi par ses avocats. Alors ce qui passe pour un doit passer pour l'autre.

  5. Anonyme
    Anonyme
    il y a 13 ans
    Re : TLMEP
    > Je pense que le PM a commencer ce jeu en s,adressant en direct au public le lendemain du premier jour de témoignage de ME Bellemare et il a été suivi par ses avocats. Alors ce qui passe pour un doit passer pour l'autre.»

    Trop facile. Me Bellemare a multiplié les interventions avant même que la Commission commence ses auditions. Alors que dès qu'il fut rappelé à l'ordre par le commissaire Bastarache, le PM a cessé toute intervention, Me Bellemare et son épouse ont multiplié les déclarations publiques, entrevues «exclusives» et maintenant émission de variété, au grand plaisir de l'industrie de l'«information» continue, mais au mépris de l'obligation éthique, si ce n'est déontologique, de supporter l'autorité des tribunaux, et par extension, celle de l'institution qu'est la commission d'enquête.

  6. GBS
    GBS
    >Who cares?! En bout de ligne, ce ne seront pas les conclusions de Bastarache qui vont compter et rester mais celles des citoyens du Québec.

    Les citoyens du Québec sont responsables de notre situation politique et économique. Je ne fais pas confiance aux conclusions des citoyens du Québec.

    >L'auteur joue à la vierge offensée.

    Pas du tout. C'est un éthicien. Il donne son avis sur l'éthique. C'est ridicule de lui reprocher!

    >Dans mon cas, il a gagné bcp de points.

    Surtout quand il a nié qu'avoir eu gain de cause sur ses projets fétiches, il aurait continué à faire des nominations qu'il critique aujourd'hui?

    >Me Bellemare a multiplié les interventions avant même que la Commission commence ses auditions.

    C'est sûr. Il avait déjà le soutien de l'opinion publique. La commission ne pouvait pas l'aider. Il la minait donc d'avance, pour être sûr que si quelque chose sortait qui pourrait le salir, les gens diraient "c'est sûr, la commission n'existe que pour le salir".

    Bellemare a réussi à poser comme question: "Qui est le bon gars dans l'histoire?" alors que la vraie question est plutôt: "Qui est le moins pourri?"

    Alors après avoir fait des nominations partisanes, avoir collaborré là-dessus avec le PLQ, après avoir caché ça pendant 6 ans, il devient un héros pour avoir "stoolé" ses complices dans des actes pour lesquels il est le premier responsable? Et on l'applaudit?

    Je pleure pour ma Patrie.

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