Un concours de plaidoirie sans plaidoirie

Daphnée Hacker-B.
2013-03-19 11:15:00

Du 1e au 3 mars dernier, à l’Université Western en Ontario, des étudiants ayant un intérêt pour le droit autochtone sont venus des quatre coins du pays pour expérimenter la formule beaucoup moins classique du concours Kawaskimhon, qui signifie « parler avec du savoir ».
« Ce n’est peut-être pas classique comme processus, mais c’est un concept qui rejoint beaucoup plus la façon traditionnelle de résoudre les conflits chez les Premières Nations », indique Me Lysane Cree, avocate chez Hutchins Legal qui a supervisé les deux élèves de McGill qui ont pris part à l’évènement où aucun vainqueur n’est désigné.
Privatiser les réserves amérindiennes

Un sujet complexe et actuel, à l’heure où les divers représentants des Premières Nations expriment le désir d’être plus impliqués dans les processus politiques et économiques du pays.
Me Cree, qui supervise depuis 15 ans les étudiants de McGill qui se plient à l’exercice, explique que chaque équipe a le mandat de représenter l’un des partis qui se retrouve à la table des négociations. Parmi eux, on note le gouvernement fédéral, l’Assemblée des Premières Nations et cinq autres partis représentant les intérêts de différents groupes autochtones.
Les étudiants de McGill se sont fait attribués le groupe des MicMac, ou Mi’kmaq, un peuple qui se situe dans les provinces atlantiques.
« Tous les étudiants ont été excellents! » dit Me Cree, qui ajoute que même si une seule des trois tables a réussi à rédiger une entente finale, le but de l’exercice était de familiariser les futurs juristes à une méthode de résolution de conflits ancrée dans la tradition amérindienne depuis 400 ans.
Plus de 12 heures de négociation

Une expérience aussi passionnante qu’exténuante, admet la future avocate qui a passé plus de 12 heures en négociation avec des étudiants provenant autant du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta.
Pourquoi juste McGill?
Ce concours qui va bientôt célébrer ses 20 ans d’existence n’a jamais vu aucune des universités francophones du Québec se joindre à l’aventure.
Pourtant, plusieurs universités autres que McGill offrent des cours sur le droit autochtone, notamment, l’Université du Québec à Montréal, l’Université de Montréal et l’Université Laval.
« Le Québec est une province qui abrite un grand nombre de réserves et je crois que les étudiants des universités francophones ont tout à gagner de se plier à l’exercice de la négociation, une expérience aussi pratique et concrète que la plaidoirie », conclut Me Cree.