Un Québécois à Harvard
Céline Gobert
2012-08-17 10:20:00
Parce que sa mère qui travaille alors à l’ambassade de Belgique, lui confie que les meilleurs diplomates qu’elle connaît sont avocats, le jeune homme se lance dans le droit.
Une décision qui le mène aujourd’hui jusqu’à Harvard, à la suite de l’obtention de la Frank Knox Memorial Fellowship.
Soit une bourse complète couvrant les frais de scolarité et une pension à Harvard.
« Harvard, c’est un rêve d’enfant, dit-il, j’ai hâte de savoir comment c’est. Peut-être que j’idéalise un peu trop mais l’on n’a pas cessé de me vanter la proximité avec les professeurs et les ressources disponibles. »
À cette occasion, et en plus de se familiariser avec le droit constitutionnel américain, Jean-Christophe Martel entamera un projet de recherche en matière d’uniformisation du droit.
« J’ai des réserves sur le phénomène un peu trop illusoire de l’uniformisation du droit mené par Uncitral ou Unidroit », explique-t-il.
Selon lui, la volonté systématique plutôt que spontanée, qui tend à uniformiser les règles (ventes de marchandises internationales, traitements bancaires, etc.) via des conventions internationales ont l’effet inverse que celui initialement désiré.
« Ils pensent que si les règles sont les mêmes, les coûts de transaction vont diminuer et que cela va favoriser le commerce, indique-t-il, mais ma thèse de recherche est, qu’au contraire, cela va alourdir le système et créer un genre de droit à moitié connu qui contrecarre l’objectif de base. »
La route du succès
Au départ, ce sera direction Université d’Ottawa où il obtient en 2009 un diplôme en droit civil et, en 2010, un autre en common law. Mieux que cela : il arrive premier de sa cohorte avec le Prix Brian Dickson.
L’année suivante, il remporte la bourse Rhodes, décernée chaque année à deux étudiants québécois, afin de poursuivre ses études à l’Université d’Oxford où il se spécialise en philosophie du droit et en droit commercial.
« Je pense que si l’on connaît les raisons et les pensées en arrière des règles de droit, on est capable de maîtriser n’importe quel argument juridique », dit-il.
L’implication sociale dont il a fait preuve, ainsi que ses excellents résultats académiques ont fait la différence.
« Suite au décès de ma mère en 2009, je me suis beaucoup impliqué au sein de la Société Canadienne du cancer, explique-t-il, et j’ai collecté 4000 $ de fonds lors d’une tournée au Québec. »
Tout ceci l’a conduit jusqu’à la Cour suprême où il travaille à titre de clerc pour la juge en chef Beverley McLachlin.
Une année qu’il juge enrichissante, ponctuée de rédactions de jugements, de processus de délibérations à la Cour, de questions de droit fascinantes.
« Elle est le meilleur employeur de ma vie ! dit-il en riant, en plus d’être une personne remarquable et extrêmement intelligente avec laquelle j’ai beaucoup débattu cette année. »