Avocats, faites pas ci, faites pas ça!

Assis derrière leur bureau, perchés sur leur fauteuil, les magistrats vous écoutent et vous observent.

«De manière générale, les avocats sont compétents et adoptent un comportement adéquat et professionnel», souligne Pierre. E. Audet. Le juge en chef adjoint de la Cour du Québec, Chambre civile, renvoie l'ensemble des plaideurs au Guide des meilleures pratiques publié par le Barreau du Québec qu'il considère comme un outil indispensable.

Si les audiences se déroulent en majorité sans encombre, le juge Audet précise toutefois qu'il y a quelques exceptions au tableau. Voici quelques-uns des comportements observés par le magistrat qui sont à proscrire définitivement si vous voulez vous comporter en bon auxiliaire de justice.

1. Arriver en retard ou mal préparé: «C'est toujours très désagréable, c'est une perte de temps pour la Cour et pour la partie adverse», indique le juge en chef adjoint. Il souligne que le temps du tribunal est aussi celui des citoyens et que les causes qui suivent subissent forcément les conséquences de ces mauvaises habitudes prises par certains plaideurs.

2. Déléguer des stagiaires sans indication précise: «Les cabinets qui envoient leurs stagiaires omettent parfois de leurs donner toute l'information nécessaire pour bien renseigner le tribunal», remarque le juge Audet. Et malgré leur bonne volonté, les futurs avocats se trouvent dans une position délicate. Le magistrat est alors contraint de suspendre l'audience pour qu’ils puissent contacter leur maître de stage.

3. Manquer de respect envers les greffiers: «Ce sont des personnes très importantes qui soutiennent le tribunal dans l'exercice de sa mission», rappelle le magistrat.

4. Utiliser des appareils électroniques à la Cour: Les avocats semblent parfois oublier que leur téléphone intelligent ou autre tablette ne peuvent être utilisés en salle d'audience que sur autorisation du tribunal.

5. Être impatient avec les parties non représentées: «Même à la Cour Suprême, 30 à 40% des parties se présentent seules», fait observer le juge Audet qui appelle les membres du Barreau à prendre «le taureau par les cornes». Quand un justiciable comparaît sans avocat, le juge doit assurer un certain équilibre entre les parties, ce qui peut parfois être mal perçu par son adversaire. «Il faut dans ce cas faire preuve de patience.»

6. S'adonner à des «combats de coqs» : L'animosité entre avocats agace passablement la magistrature. «Il faut défendre son client, mais toujours dans le respect du décorum, insiste le juge en chef. Respecter les autres, c'est ce respecter soi-même, et c'est aussi un gage de succès.»

7. Avoir un comportement inapproprié avec les témoins de la partie adverse: «Parfois, quand un avocat mène un contre-interrogatoire, il s'approche tellement de la boite du témoin que j'ai l'impression qu'il va l'étouffer», commente le juge Audet.

8. Ne pas se présenter pour fixer une date de procès au fond: «Dans le but d'obtenir des délais, certains avocats ont trouvé le truc», lance le juge. Depuis quelques temps, la magistrature a pu observer que dans certains districts judiciaires, quelques cabinets ont la fâcheuse habitude de ne pas se présenter à l'appel des causes pour fixer la date du procès.

Contactés par le juge, l'excuse est toute trouvée: c'était le confrère adverse qui devait se déplacer, confrère qui lui, n’en était pas informé! En conséquence, l'affaire est alors rayée, et les avocats procèdent ultérieurement à sa réinscription. «Ils s’achètent des délais.»

9. Ne pas venir au tribunal avec les outils nécessaires: «Certains avocats viennent en chambre de pratique sans leur agenda et sont alors incapables d'indiquer leurs disponibilités au tribunal.Électronique ou pas, il faut l'avoir avec soi!»

10. Ne pas avertir le juge du règlement intervenu dans un dossier: Si les parties s'entendent sur un règlement quelques jours avant le procès au fond, il est important d' en avertir le greffier dans les meilleurs délais. «Cela évitera au juge de travailler inutilement sur le dossier, et il pourra alors se consacrer à une autre affaire», conclut le juge en chef.

À bon entendeur...