Comment devenir un avocat stratège ?
Delphine Jung
2017-03-30 13:15:00
C’est une situation que beaucoup d’avocats en entreprise semblent vivre ou avoir vécu : voir certains de leurs projets se bloquer. Pourtant, d’après Pierre Lainey, le conférencier, maître d’enseignement en management à HEC Montréal et psychologue de formation, il y a toujours moyen de donner un second souffle à sa carrière.
Pour l’expert, il faut voir tout ça comme un jeu d’échec, avec ses règles et ses joueurs et parfois, ses tricheurs.
Le développement de son sens politique a en tout cas des buts différents pour chacun des avocats venus assister à la conférence. Un sondage réalisé en direct au moyen d’une petite télécommande a permis d’établir que 35% des présents considèrent que cela a pour but de bien se positionner dans leur rôle, et 38% que cela leur donnerait les moyens de faire avancer leur carrière.
D’ailleurs, 80% d’entre eux estiment qu’il y a beaucoup de jeux politiques dans leurs organisations. « Un signe de vitalité, contrairement à ce qu’on pourrait croire », explique M. Lainey, qui déplore que les stratagèmes politiques soient encore mal vus. Pour preuve, 72% des personnes présentes en ont une perception négative.
Cinq habiletés de base
Alors pour briser les tabous, le professeur rappelle les cinq habiletés de base que chacun devrait avoir dans sa poche : la capacité à bien connaître les enjeux de ceux qui composent l’entreprise, développer ses alliances et les entretenir, accroître son pouvoir, être stratégique et enfin, bien se positionner sur l’échiquier politique.
Il faut aussi éviter de penser que les opposants sont « des ennemis à abattre » et plutôt les voir comme des gens à convertir en amis, car « pour atteindre nos objectifs, on a besoin des autres », dit l’enseignant.
Et pour mobiliser ses alliés, il faut du pouvoir. « Le pouvoir, c’est la capacité à faire faire aux autres ce que vous voulez qu’ils fassent, mais ce n’est pas de la manipulation. Un fin stratège ne cache pas ses intentions, c’est quelqu’un qui agit en toute transparence », poursuit-t-il.
Pouvoir de récompense, de coercition, de référence, de groupe… Tous seront utiles à l’épanouissement d’une carrière d’après l’expert qui rappelle que « le pouvoir est un outil, pas un objectif ».
Pour conclure, M. Lainey résume qu’un bon stratège a surtout un sens aiguisé des motivations humaines, prévoit les conséquences de ses actes et comprend parfaitement le fonctionnement des organisations. À la différence des avocats qui ignorent ceux qui veulent protéger leurs champs de compétences, leurs dossiers, leurs affaires et qui évitent les luttes d’influence.
Un stratège aura en tout cas l’éthique à cœur, ainsi que le bénéfice que peut tirer toute l’équipe des ses actions. Toujours subtilement, efficacement et en accord avec sa propre personnalité. « Il faut jouer avec les tactiques d’influence qui sont propres à chacun, le jeu politique doit refléter qui vous êtes ». Il faut donc devenir un stratège oui, mais surtout rester authentique.