«Être avocate, c’est détenir un certain pouvoir»
Martine Turenne
2016-02-26 14:20:00
Son premier événement porte sur un sujet qui lui tient à cœur : les femmes et leur réussite. Professionnelle, mais aussi personnelle.
À l’agenda, lors de cette journée qui se tiendra au Ritz-Carlton, le 8 mars, en compagnie d’une demi-douzaines d’autres conférencières : leur rapport à l’argent, au pouvoir, le stress qu’engendrent leurs multiples responsabilités. Le bonheur de travailler, aussi. « Le travail m’a rendue heureuse. Je trouve ça pénible de voir tant de monde souffrir au travail. »
Faites des choix!
Le premier défi des femmes sur le marché du travail tient dans la rareté des modèles féminins, estime Rose-Marie Charest. « On fait partie des premières générations de femmes à travailler à l’extérieur du foyer. Il y a eu 20 siècles de femmes à la maison ! On a fait un immense bout de chemin. Ça ne veut pas dire qu’on ne doit pas continuer. »
Les femmes peuvent tout avoir, dit-elle. Mais pas nécessairement tout, en même temps.
« Je dis aux femmes : faites des choix. Une carrière dure 40 ans. Il y a un moment où l’on a de jeunes enfants, des parents malades, où d’autres périodes de pointes dans nos vies personnelle et professionnelle. Il faut respecter chaque étape. »
La vie nous apprend plein de choses, et c’est extraordinaire, dit-elle. « Il faut aussi s’enlever de la tête qu’on sera des mères comme l’a été la nôtre, et des professionnelles comme notre père l’était. » Les femmes d’aujourd’hui réinventent un modèle. Et elles doivent impérativement, pour s’y épanouir, faire quelque chose qui rebute à plusieurs : déléguer. « Les tâches ménagères sont mieux divisées, dans le couple, mais pas les responsabilités. La majorité incombe encore aux femmes. Elles doivent faire des deuils.»
Les avocates bientôt majoritaires
Ancienne chasse-gardée masculine, le droit est devenu l’un des milieux les plus investis par les femmes. Les jeunes avocates forment désormais 70% de la profession.
« Je crois que ce qui attire les jeunes femmes dans le droit est l’aspect réflexion, le désir d’aider, mais aussi celui d’avoir du pouvoir. Être avocate, c’est détenir un certain pouvoir. Car pour aider, il faut en avoir. »
Pour Rose-Marie Charest, devant une pareille transformation sociale, il est devenu impossible pour les grands bureaux de fonctionner de la même manière. « Il y aura des réaménagements. On doit repenser les choses autrement. »
Le difficile rapport à l’argent
Les plus récents chiffres démontrent que les femmes avocates sont moins nombreuses à choisir des spécialités plus payantes du droit, comme le droit des affaires, corporatifs, ou immobiliers. « Le rapport des femmes à l’argent est l’un des sujets de la conférence. C’est crucial. Les femmes manquent d’audace. Dans la négociation, les hommes ont plus de facilité à demander de meilleurs honoraires. »
Un phénomène qui blesse les femmes, dit Mme Charest. Mais si profondément ancré dans l’inconscient… « Pendant des siècles, l’argent ne lui appartenait pas. Le malaise est resté. »
Tout comme celui face aux critiques.
Les femmes y sont hyper sensibles. Et c’est là un des freins à la prise de décisions, dit Rose-Marie Charest. « Car toute décision apporte son lot de critiques. Les femmes se sentent plus facilement atteintes personnellement. »
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