Ici, on exerce en famille!
Marie Pâris
2013-11-18 15:15:00
Son fils Stuart l’a rejoint en 1998, puis Robert en 2001. Leur intégration, c’est une décision du cabinet au complet, et l’avocat a été ravi d’apprendre leurs arrivées au cabinet et leur décision de rester à Montréal.
«Ils ont été exceptionnels comme étudiants, et le sont comme avocats, assure Gordon, qui jure qu’il ne parle pas en tant que père mais en tant que professionnel. Si l’un de mes fils n’était pas compétent, on pourrait penser qu’il est là grâce à moi. Ce n’est pas le cas: les gens ont vu tout de suite qu’ils étaient des étoiles.»
Ses confrères lui disent même qu’il est chanceux que ses fils, qui auraient pu exercer ailleurs, soient restés à Montréal. Pour Gordon, c’est clair: un avocat qui est là pour les mauvaises raisons est vite démasqué.
Au cabinet, ils sont une quinzaine en tout, pratiquant en litige, droit civil et droit commercial. Si Stuart ou Robert lui demandent parfois un coup de main ou une opinion, Gordon se comporte avec eux comme avec ses autres collègues.
«C’est une situation idéale, et ça se passe bien car nous sommes une famille très proche. Je n’ai aucun souvenir de chicane entre nous au cabinet», déclare l’avocat. Et il insiste: le critère d’embauche, c’est la compétence, pas le lien de sang.
Une expérience bienvenue
Me Mortimer Freiheit travaille aussi dans le même cabinet que son fils, David. C’est ce dernier qui a fondé le cabinet montréalais Freiheit Legal, et cette fois, c’est le père qui a rejoint le fils.
«Dans notre cas, on ne peut pas parler de politique de favoritisme… Vu mon âge, ça n’est pas du tout pertinent», s’amuse Mortimer, qui a auparavant exercé pendant 43 ans chez Stikeman Elliott à Montréal.
Pour les quelques années qu’il lui reste à exercer, il a préféré intégrer un petit cabinet, pour les apprécier plus. «C’était l’occasion de bénéficier de son expérience, pour moi et pour le cabinet, donc je n’ai pas hésité», explique David.
Surtout que des trois avocats que comptait le jeune cabinet Freiheit Legal, David était le plus expérimenté. Intégrer son père et sa quarantaine d’années d’expérience ne pouvait être que positif.
Si père et fils partagent quelques dossiers, la plupart du temps ils travaillent chacun de leur côté. David s’occupe de l’administration, du développement du cabinet, «et moi je pratique le droit, point final», raconte Mortimer.
«Il est indispensable de bien s’entendre»
Pour lui, famille ou pas, à Freiheit Legal ça travaille de la même façon que dans son ancien cabinet. «Et c’est comme toute relation de bureau: il y a des gens qui travaillent bien ensemble, d’autres qui ne s’entendent pas, pour qui c’est plus compliqué...»
«Notre relation au bureau est logique, naturelle, confie quant à lui David. Je m’entends très bien avec mon père, ça rend tout cela beaucoup plus facile.» On n’en doute pas, quand on les entend rire et qu’on voit la belle complicité qu’il y a entre eux.
Et même s’ils passent leurs journées ensemble, ils assurent qu’ils ont encore des choses à se dire quand ils se voient en famille. «Et à la maison, on évite de parler droit car ça ennuie vite ma mère», rigole David. On imagine sans peine: sur ses cinq enfants, quatre sont avocats, au Québec, en Ontario et en Californie.
Mortimer pense qu’il y est un peu pour quelque chose: «Je ne les ai jamais poussés à faire la même profession que moi, mais même s’ils disent le contraire, je pense que je les ai un peu influencés, malgré moi. Ils ont vu à quel point j’aimais mon travail.»
Pour le père et le fils, travailler ensemble est une excellente expérience. «J’ai quelques amis ou confrères qui pratiquent aussi en famille, et c’est sûr, il est indispensable de bien s’entendre, sinon ce n’est pas possible», conclut David.
Cela dit, si l’expérience semble positivement unanime, les avocats qui ont obtenus leur poste grâce à Papa ou ceux qui se disputent entre frère et sœur au bureau ne se sont pas bousculés au portillon pour témoigner...