L’avocat qui brille sur scène

Les projecteurs, Terry Kyle Lapierre ne se voyait briller qu’à travers eux. C’était chanteur ou avocat, aucune autre option ne s’offrait à lui.

« Quand je monte sur scène pour chanter, c'est comme si je devenais une autre personne, je deviens un personnage », confie à Droit-inc celui qui officie aujourd’hui comme associé chez Fasken.

« C'est la même chose quand j'aborde un dossier, notamment pour un client confronté à un litige. La passion qui vient avec le dossier, la stratégie qu'on doit mettre en œuvre m’anime».

Exprimer ses émotions

La musique, c’est ce qui le fait vibrer, ce qui lui permet d’exprimer ses émotions. « Ça me permet d'évacuer ce que je ressens, de traduire le bon ou le mauvais par quelque chose d'artistique ».

C’est à l'âge de 5 ans qu’il fait ses premiers pas sur scène, aux Îles-de-la-Madeleine, sa terre natale. Terry Kyle Lapierre participe à une émission qui met en concurrence de jeunes enfants stars. Il finit grand gagnant et remporte, au passage, une machine à karaoké.

Un bien précieux qui lui permet, par la suite, de participer à de nombreux spectacles. Toute son enfance et adolescence, l’avocat garde en tête que la chanson fera toujours partie intégrante de sa vie.

Celui qui cite Dolly Parton et Creedence Clearwater Revival parmi ses références majeures s’inscrit même à Canadian Idol, convaincu que c’est par cette voie qu’il deviendra une star.

Terry Kyle Lapierre donne tout, met de côté ses études en techniques juridiques, s’installe quelque temps à Toronto et se retrouve dans le top 32… jusqu’à la terrible élimination.

« Ça m’a vraiment affecté parce que je me voyais aller loin, je me voyais littéralement gagner cette compétition, c'est ce que je souhaitais, j'étais là pour ça », assure l’avocat.

De retour à Montréal, tel un artiste torturé, Terry Kyle Lapierre « verse son âme et sa tristesse sur papier ». C’est de là que son parcours dans le milieu du droit débute, assurément plein d’embuches.

Pour cause, ayant abandonné en pleine session au Cégep, il se retrouve avec une moyenne collégiale très faible. « J'ai essuyé des refus pendant plusieurs années et il a fallu que je trouve une porte d'entrée alternative pour accéder au bac en droit », se remémore-t-il.

Mais comment redorer son CV, comment parvenir à se démarquer face à tant d’autres étudiants animés par le même rêve? Terry Kyle Lapierre commence à travailler comme technicien juridique puis comme greffier.

Grâce à cette expérience accumulée, il applique au certificat en droit à l'Université de Montréal en 2010, réalise sa deuxième année du baccalauréat à l'Université d'Ottawa puis termine ses études à Montréal.

En l’espace de quelques années, son CV largement redoré, Terry Kyle Lapierre parvient à trouver sa place parmi les plus grands cabinets nationaux, d’abord chez Davies puis chez Blakes et aujourd’hui chez Fasken.

Les rencontres

Sa carrière, c’est grâce aux rencontres qu’il est parvenu à la façonner. Natalie Bussière du cabinet Blakes fait partie de ces rencontres qui l’ont tant marqué.

« Elle est devenue un des mentors qui a marqué ma carrière, notamment parce qu'elle m'a donné cette chance dans un nouveau domaine où j'avais zéro expérience », assure-t-il.

Ce domaine méconnu qui le passionne tant aujourd’hui, c’est le droit du travail. Aux côtés de l’associée Aldona Gudas également, Terry Kyle Lapierre apprend vite, très vite.

Désormais associé chez Fasken, dans les bureaux de Québec, il navigue entre le litige et les fusions et acquisitions.

Il accompagne notamment les vendeurs et acheteurs d’entreprises dans le cadre de transactions et gère le litige côté patronal.

« Je me considère comme hybride parce que, souvent, on est confronté à faire un choix en début de carrière. Moi, j'ai eu le privilège d'intégrer les deux dans ma pratique ».

Décrit par Fasken comme un avocat plaidant « au taux de succès exceptionnellement élevé », Terry Kyle Lapierre reconnaît préparer ses plaidoiries avec une rigueur irréprochable.

« Sur le bout des doigts, j'anticipe les arguments de la partie adverse, les faiblesses et les forces d'un dossier et je mets en œuvre la stratégie qui va permettre justement de ne pas se faire prendre par surprise par un éléphant, mais plutôt de l'avoir préparé à l'avance ».

Et la chanson dans tout ça? Après avoir délaissé sa passion première au début de sa carrière, l’avocat nous confie avoir réalisé « qu’il manquait quelque chose qui le faisait vibrer sur le plan créatif et artistique ».

Au fil des années, il est finalement parvenu à renouer, petit à petit, avec la musique en remontant sur scène et semble même aujourd’hui avoir trouvé l’équilibre parfait entre ses deux passions.