L’avocate qui suit les traces de son père
Sonia Semere
2023-08-18 15:00:00
Pour elle, le droit était une évidence. « C’est toujours ce que j’ai voulu faire. Je ne me suis jamais donnée d'autres options », confie l’associée à Droit-inc.
Depuis l’enfance, Kadiatou Sow veut suivre les traces de son père. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son histoire familiale est particulièrement riche et complexe.
Son père fut l’un des tout premiers avocats guinéens.
« Il a été orphelin de père très jeune, c’est un homme qui s’est forgé lui-même. Il s’est retrouvé magistrat lorsqu’il a terminé ses études dans les années 70. À l’époque mon pays d’origine, la Guinée avait un régime autocratique donc il n’y avait pas la place pour les avocats ».
Pour des questions politiques, son père fuit alors la Guinée pour rejoindre la Côte d’Ivoire et découvre le métier d’avocat.
Inspirée par son père
Finalement, quelques années plus tard, la situation politique étant plus favorable, le père de Kadiatou Sow revient dans son pays d’origine.
À la fin des années 80, une loi est promulguée en Guinée portant création du métier d’avocat et il devient alors l'un des neuf premiers avocats inscrit au table de l’Ordre.
Une véritable fierté pour Kadiatou Sow qui voit son père comme un pionnier dans le domaine.
« Il a fondé un des cabinets les plus connus en Guinée. Il a aussi participé à des procès très médiatisés comme le procès des gangs en 1995 ».
« C'est un homme pour qui j'ai beaucoup d'admiration. Je pense qu'il a aidé à forger mon caractère de battante. J'ai quand même un peu suivi ses pas », ajoute-t-elle.
Mais alors, comment Kadiatou Sow s’est-elle retrouvée à mener sa carrière au Canada, à des milliers de kilomètres de son pays d’origine ?
Encore une fois, il s’agit là d’une histoire familiale. C’est son frère aîné qui l’a inspirée. Ayant décidé de suivre ses études au sein de l’Université de Moncton dans le Nouveau Brunswick, Kadiatou Sow a choisi de le suivre.
Après un premier cursus universitaire en information et communication, Kadiatou Sow s’oriente vers son premier amour, le droit au sein de l’Université d’Ottawa.
C’est au cours de ses études qu’elle développe un réel intérêt pour le droit des affaires.
Alors qu’elle participait à un cocktail de réseautage organisé par sa faculté, l’associée fait une rencontre qui va déterminer toute la suite de sa carrière.
En effet, elle fait la connaissance de Carl Bélanger qui travaillait à l’époque pour le cabinet Heenan Blaikie.
« C'est comme si c'était un peu le destin, cette rencontre-là. Carl Bélanger, c'est mon mentor de tous les temps ».
Il lui fait découvrir le milieu du droit des affaires et l’initie aux fusions et acquisitions.
Peu de temps après, Kadiatou Sow décroche le stage de ses rêves chez Heenan Blaikie. C’est dans ce cadre-là que Carl Bélanger devient son mentor.
Et c’est ensemble, qu’ils quittent en 2014 le cabinet Heenan Blaikie pour rejoindre Fasken.
Une « transaction junkie »
« J'aime ça faire des transactions. Il y a une diversité d'enjeux, de défis, de challenges, indépendamment des industries. Comme on dit, moi, je suis une transaction junkie ».
Kadiatou Sow voit Fasken comme un cabinet « full service ».
« Ils ont une pratique diversifiée en immobilier, en fiscalité et même en propriété intellectuelle. Et pour une avocate en fusions et acquisitions, c'est essentiel d'avoir toutes ces spécialités-là ».
Ce qui l’anime tant dans ce domaine ? Le fait de pouvoir accompagner ses clients dans tout le processus.
Selon elle, les transactions les plus intéressantes sont celles qui concernent les entreprises qui se lancent dans une première acquisition.
« C'est son bébé qu'il vend, c'est l'entreprise qu'il a bâtie pendant 15-20 ans. Au-delà d'offrir un service juridique et une expertise juridique, il y a tout le processus d'accompagnement, de partenariat, de pédagogie ».
Et pour le futur ? Kadiatou Sow confie vouloir toujours bénéficier de la confiance de ses collègues et de ses clients.
« Je veux continuer à inspirer aussi les jeunes, parce que je suis quand même l'une des rares femmes noires, africaines et immigrantes associées dans un grand bureau à Montréal ».