Les avocats sont nombreux à se menacer
Diane Poupeau
2019-05-07 14:15:00
Dans ce texte, Me Rothman liste les diverses méthodes qu'utilisent les avocats pour se faire mutuellement peur. « Par exemple, les avocats demandent tout le temps des sanctions au préalable, même lorsque la situation ne le justifie manifestement pas », écrit-il.
Autre méthode : le dépôt de requêtes frivoles pour faire monter la pression « lorsque leur adversaire a une réclamation fondée » ou encore la menace de déposer une plainte pour manquement à l'éthique.
« Il est très courant dans la pratique juridique que des adversaires vous menacent de plaintes en matière d'éthique, même si la conduite faisant l'objet de la plainte répond à toutes les normes éthiques », déplore Jordan Rothman.
L'avocat s'interroge sur les raisons d'un tel comportement. « L'une des raisons est que les avocats se servent des menaces pour avoir un avantage sur leurs adversaires », avance-t-il.
La crainte de paraître faible
Ces menaces seraient, dans certains cas, une façon de représenter son client de façon diligente. Il rappelle toutefois que « le droit et les faits détermineront à eux seuls l'issue de l'affaire, et les avocats ont très peu de marge de manœuvre pour faire une différence ».
Me Rothman craint aussi que cette tendance à menacer l'avocat de la partie adversaire soit motivée par l'envie d'entretenir le côté bagarreur de la profession.
« J'ai vu de nombreux avocats menacer d'autres avocats parce qu'ils ne veulent pas paraître faibles ou incapables d'utiliser des tactiques quelque peu sales pour servir les intérêts de leur client ».
En définitive, menacer la partie adverse causerait souvent plus de mal que de bien. D'une part, pour que les parties parviennent à un règlement à l'amiable, il faut qu'elles entretiennent des relations de travail entre elles. D'autre part, il n'est pas rare que les avocats demandent des ajournements, des copies de courtoisie et d'autres faveurs à leurs adversaires.
« Menacer d'autres avocats peut mettre à rude épreuve les relations entre avocats, ce qui peut rendre plus difficile pour les avocats de servir les intérêts de leurs clients », conclut Me Rothman.